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"Une 2e carrière qui commence"

Justin Murisier: son genou craque mais il a tenu bon cet été lors des entraînements estivaux. [Jean-Christophe Bott]
Justin Murisier: son genou craque mais il a tenu bon cet été lors des entraînements estivaux. - [Jean-Christophe Bott]
L'"attente" va enfin prendre fin pour  Justin Murisier. Dimanche, à l'occasion du géant d'ouverture de Sölden, le Valaisan mettra fin à près de 1000 jours - 966 pour être précis - d'absence du Cirque blanc. Touché deux ans de suite aux "croisés" du genou droit, Murisier va enfin pouvoir regoûter au rêve.

"C'est presque une 2e carrière qui commence", lâche le skieur du Val de Bagnes, 21 ans seulement. "Je recommence à zéro, avec des dossards entre 50 et 60, comme la 1ère fois où j'ai participé à cette course (réd: 2010)".

Murisier est évidemment heureux de retrouver la lumière, mais promis, il ne va pas s'emballer. "Je n'ai pas de grandes attentes. Ca va être dur...".

"Mon genou craque, fait du bruit"

Murisier est d'autant plus réservé que son genou le gêne toujours un peu. "Il fait beaucoup de bruit, il craque", confie-t-il. Des douleurs qui ne surviennent pas forcément à ski, "mais le soir après une grosse journée". "Il me faut donc des plages de repos plus grandes que pour les autres".        

Le médaillé d'or en slalom des JO de la jeunesse 2009 ne va donc pas forcer. "Je ne suis pas pressé, j'ai le temps. En plus, avec les hauts dossards que je vais avoir, l'objectif principal sera  avant tout d'atteindre la 2e manche".

"Et si je n'y parviens pas tout de suite, ça restera une expérience, un moyen d'aller de l'avant. Après 2 ans et demi d'arrêt, c'est très dur".

Une blessure longue à oublier   

Murisier est conscient qu'il revient de loin, qu'une telle blessure ne s'oublie pas d'un simple claquement de doigts. On met du temps à oublier des "croisés" déchirés, même s'ils sont "physiquement réparés". Le Valaisan a-t-il donc peur dès qu'il rechausse ses lattes? "Non,  pas peur, mais étant donné le bruit que mon genou fait, j'y pense, oui."     

"Et ce sera le cas jusqu'au jour où je ne le sentirai plus. Mais c'est aussi un bon signe peut-être: ça veut dire qu'il tient!", dit-il en souriant.                                          

"Mais je me livre au maximum, comme la 1ère fois où je suis revenu de blessure. Lors des 1ères manches, je n'ai pas les chronos des autres, mais après 2-3, je suis à nouveau bien dedans".

L'importance du "grand frère"   

Et Murisier a la chance de pouvoir compter sur le soutien de Didier Défago, "grand frère", partenaire de chambre et expérimenté avec ce genre de blessure (automne 2010). "On communique beaucoup, on évoque nos différents stades sur le chemin du retour (de blessure)", raconte le jeune Bagnard. "Et je vois que je suis sur la même voie".

Murisier y trouve aussi une source de motivation. "Défago a réussi à retrouver son niveau, ça me donne du courage, et de l'espoir, évidemment". Il se donne jusqu'au milieu de l'hiver pour retrouver sa pleine forme. "Je l'espère, en tout cas. Je suis  confiant, car je commence à skier de bonnes manches. Et ça ne lâche pas!".

"Battre Hirscher, mais pas en moto"

Pour Sölden, "je ne peux qu'espérer mieux qu'à ma première ici (réd: pas qualifié pour la 2e manche avec son dossard 64)", avance Murisier. "Mais même si je commence une 2e carrière, j'ai cette fois l'avantage de déjà savoir comment ça se passe. Et je sais que si je suis à 100%, je peux réussir".

En grand passionné de motocross - "j'en fait depuis tout petit, comme mon père et mon frère" -, le Bagnard trace gentiment la route de son retour vers les sommets, en prenant soin de "choisir sa route et éviter les trous".

Et ce avec un rêve secret derrière la tête: battre un autre passionné de motocross, le grand et double vainqueur de la Coupe du monde Marcel Hirscher. "Mais à ski, pas en moto!", rigole-t-il.

Sölden, Daniel Burkhalter

@DaniBurkhalter

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"Je sais quelles sont les erreurs commises"

RTSsport.ch: Vous aviez réussi une brillante performance l'an passé ici à Sölden (5e). Ca donne des ailes?
DIDI
ER DEFAGO: L'envie est là, la forme également, et on se réjouit de reprendre. Mais il sera difficile de faire aussi bien que l'an dernier. Pas impossible. C'est une piste très exigeante, qui peut me convenir mais qui ne pardonne rien. Et, à part l'une ou l'autre fois, Sölden m'a rarement convenu... En plus, la météo sera cette fois plus clémente, ce qui changera la donne.

RTSsport.ch: Vous aviez passablement souffert avec le nouveau matériel l'hiver passé.
DIDIER DEFAGO: Je sais quelles sont les erreurs commises. A moi de corriger. Vous savez, le géant est devenu une discipline à part avec ce nouveau matériel. Et à part Svindal peut-être, personne n'a pu être performant et en géant et en vitesse. Chacun a maintenant une année d'expérience avec ces nouveaux skis. J'ai mis du temps à me rendre compte que les fautes commises en piste coûtaient beaucoup plus
cher que je ne l'aurais imaginé.

RTSsport.ch: Quel est la place du géant dans votre programme?
DIDIER DEFAGO: Ca me tient à coeur, me permet de rester vif et jeune. Mais mes gros objectifs restent en vitesse. Mais j'ai prouvé aussi pouvoir faire de gros points en géant, ma meilleure discipline l'hiver dernier (rires!). En géant, il y a 4-5 coureurs qui sont au-dessus du lot, des Ligety, Hirscher, Pinturault et 1-2 autres. Derrière, beaucoup seront à la lutte pour les places d'honneur. Moi, si j'arrive à assurer des top-12, ce sera de bonnes performances.

RTSsport.ch: Ce titre olympique de descendre à défendre, vous y pensez déjà?
DIDIER DEFAGO: Avant d'y penser, il faut déjà se qualifier. Beaucoup de monde sera au départ de Sochi avec l'espoir de ramener du métal. J'espère faire partie de ces gars-là...