Lara Gut gère bien son nouveau statut

"Il y a évidemment davantage de requêtes des médias aujourd'hui, mais j'essaie de ne pas en faire trop. L'important est de bien skier, et pas que je donne 2h d'interviews à chaque fois. A 17 ans, je trouvais sympa que tout le monde s'intéresse à moi. Aujourd'hui, je dois dire non à beaucoup de monde. Vous savez, quand je donne 1h, on m'en réclame 1h30. Je me répète, c'est sur le ski que je me concentre".

Un dossard rouge, oui et alors?

Son statut a changé, et Lara Gut en est bien consciente, même si elle semble parfaitement s'en accommoder. Même son nouveau dossard rouge de leader CDM ne l'impressionne pas. Ou plus.

"C'est cool, c'est sûr, lâche la skieuse de Comano.

Quand tu arrives sur le Circuit, et que tu vois les autres avec ce dossard, tu en rêves. Puis encore plus quand on dit que tu es un talent. Là, c'est super, certes, mais il n'y a rien de si grandiose, en fait".

Et la pression, Lara Gut, gagnante de 4 des 8 épreuves au programme jusque-là, la dégage immédiatement en touche. Ou mieux même, elle en tire profit! "A chaque fois qu'on m'en a parlé, je skiais mieux juste après, donc ça me convient. Après, il est évident que quand tu gagnes 4 courses d'entrée, tout est bien différent ensuite".

Mais la perle du ski helvétique relativise immédiatement: "Il ne sert à rien de s'affoler. Et ce n'est pas parce que j'ai gagné 4 fois que je vais remporter les 18 autres épreuves ensuite! Je ne me suis pas encore tout à fait faite à ce nouveau rôle de favorite. Je me concentre sur le super-G de samedi, et on verra bien ce qu'il s'y passe".

Favorite no1 en super-G à St-Moritz

Reste qu'au-delà de son nouveau statut, Lara Gut peut voir l'avenir avec sérénité, à commencer par ce week-end dans la très chic station grisonne, où elle avait fêté ses débuts en Coupe du monde en 2008, à tout juste pas 17 ans.

Une première qu'elle n'avait d'ailleurs pas manquée, terminant 3e de la descente... sur les fesses. Et c'est à St-Moritz toujours, quelques mois plus tard, que la "bombe de Comano" fêtera sa 1ère victoire. En super-G...

Donc oui, Lara Gut sera bien la favorite no1 du SG samedi, au moment où la "reine grisonne" Tina Maze (4 victoires, 8 podiums à St-Moritz) traverse une période difficile après son historique et riche saison 2012/13...

Souriante à souhait, Lara Gut concède que "tout est plus facile quand tu gagnes", mais elle précise tout de même qu'elle n'a pas changé grand-chose par rapport aux autres saisons dans sa préparation estivale, que c'est le fruit d'un "travail sur plusieurs années".

"J'ai été blessée, j'ai changé de matériel puis j'ai commencé à travailler ma technique. Et aujourd'hui, je continue", détaille la Tessinoise. "D'abord sur mes entrées de virage, puis ce sera sur les sorties, les lignes, etc.".

"Reste qu'aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup de surprises pour moi dans ce monde, je sais comment ça marche et tous les petits détails se mettent parfaitement en place", poursuit-elle.

"Certaines athlètes ont un peu de mal à gérer ça..."

Hans Flatscher, le chef alpin des skieuses suisses, confirme que "tout s'est bien emboîté chez Lara Gut, alors qu'on savait déjà depuis longtemps que le potentiel était là. Il lui a fallu mûrir, acquérir de l'expérience et enfin trouver les bons réglages".

Et la Tessinoise en récolte désormais les fruits, au grand dam de certaines athlètes.

"Certaines filles, habituées à être devant, ont un peu de mal à gérer le fait que je sois devant...", raconte une Lara Gut tout sourire.

Mais en général, ce sont davantage des messages de félicitations qu'elle reçoit, "de certaines skieuses qui sont des amies, qui me disent qu'elles aiment ma façon de skier...".

Pas de jalousie des Suissesses

Dans le clan helvétique, les autres filles se réjouissent évidemment de leur "excellent début de saison": six Suissesses ont déjà atteint les minimas en vue des JO de Sotchi. "Je savais déjà avant le début de la saison que notre équipe était très forte", explique d'ailleurs Fabienne Suter.

Pour ce qui est de la prise de pouvoir de Lara Gut, les Suter, Dominique Gisin ou autre Marianne Kaufmann-Abderhalden s'en réjouissent, bien sûr, et sans marque apparente de jalousie.

Toutes ont d'ailleurs le même discours: "Lara skiait déjà très bien la saison dernière, mais elle a aujourd'hui une année de plus, plus d'expérience et une belle stabilité sur les skis".

De St-Moritz, Daniel Burkhalter