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Gut trop agressive, Weirather en finesse

Un succès qui a une saveur particulière pour Tina Weirather... [Urs Flueeler]
Un succès qui a une saveur particulière pour Tina Weirather... - [Urs Flueeler]
Victorieuse des deux premiers super-G de la saison, Lara Gut n'a donc pas réussi la passe de trois à St-Moritz, sur une piste qui lui convient pourtant bien. La Tessinoise doit se contenter de la 7e place, "ce qui n'est pas une tragédie", explique-t-elle à l'arrivée.

"J'ai skié de manière un peu trop dure, en essayant de faire travailler le ski", poursuit celle qui conserve tout de même son rang de leader au général. "Je n'ai pas réussi à créer de la vitesse, mais voilà, c'est le jeu".

Et Gut de répéter, encore, qu'elle ne "peut pas gagner partout". "On commençait à me parler de records, mais moi je prends course après course. Et des top-10 tout l'hiver, ça me va bien!"

Weirather, un ski tout en finesse

Lara Gut "trop agressive", la victoire est revenue à une autre "Suissesse" en grande forme en ce début de saison, Tina Weirather. La Liechtensteinoise, qui s'entraîne avec l'équipe helvétique, signe son 5e podium de l'hiver et, surtout, sa 2e victoire en carrière après un autre super-G, en mars dernier à Garmisch.

Pour s'imposer, Weirather a choisi une tout autre option que Gut: un ski tout en finesse, tout en décontraction. "Quand on la regarde, on n'a l'impression qu'elle ne fait rien du tout, qu'elle laisse aller", analyse Gut.

Même constat du côté de Fränzi Aufdenblatten, grande amie de Weirather. "Si Tina n'était pas aussi rapide, on lui dirait juste: "mais attaque, quoi!""

Un joli cadeau d'anniversaire pour sa maman, Hanni Wenzel

Weirather n'a donc pas eu besoin d'attaquer, juste de "surfer sur la vague" - Fränzi dixit - pour s'offrir un succès de prestige là même où sa maman, la légendaire Hanni Wenzel (double dorée olympique à Lake Placid, en 1980), a décroché en 1974 l'un de ses 4 titres mondiaux, en slalom. Et maman, qui fêtait ses 57 ans ce samedi, était là dans les Grisons!

"C'est effectivement une belle histoire", reconnaît la charmante Tina, grande par le talent mais petite par la taille (1,62m). "Je lui avais déjà acheté un cadeau, mais il ne sera pas aussi beau que cette victoire!".

"C'est mon 11e podium, mais seulement ma 2e victoire. Mais celle-là, je la sentais vraiment arriver", dit-elle.

"Elle, elle a toujours fait partie de l'équipe"

Dans le clan helvétique, les Aufdenblatten et Dominique Gisin étaient aux anges. "Tina, c'est vraiment une copine. Ca fait 3 ans qu'elle est dans notre équipe, même si les 2 premières années elle avait son propre entraîneur", raconte la Valaisanne. "Mais elle, elle a toujours fait vraiment partie de l'équipe".

"Avec la renommée de ses parents (réd: son père Harti était champion du monde de descente 1982 pour l’Autriche), le fait qu'elle vienne du Liechtenstein, elle pourrait être différente. Mais elle ne se prend pas du tout la tête. Même maintenant qu'elle est devant, elle n'oublie jamais ses amis, les gens qui l'ont aidé", poursuit Fränzi.

"Rejoindre l'équipe de Suisse, c'est la meilleure décision que j'ai prise dans ma carrière", reconnaît Tina Weirather (24 ans). "Il y avait aussi des

Aufdenblatten [KEYSTONE - URS FLUEELER]
Aufdenblatten [KEYSTONE - URS FLUEELER]

discussions avec l'Allemagne (réd: pays d'origine de sa maman) et l'Autriche (réd: pays de son père, et là où elle a passé une bonne partie de son enfance), mais le choix de la Suisse s'imposait naturellement".

"Ma mère était la 1ère athlète du Liechtenstein à s'entraîner avec la Suisse, puis il y a eu Marco Buechel. Et ces expériences étaient bonnes".

Quatre fois les "croisés" de suite!

Et aujourd'hui, elle se sent parfaitement à l'aise dans cette équipe. "J'ai l'impression d'en être un membre à part entière, et pas juste une étrangère qui s'entraîne avec les Suissesses".

Mais si ça rigole aujourd'hui pour la Liechtensteinoise de poche - 2e, à 37 points de Gut au général -, il n'en a pas toujours été ainsi, la faute à de grosses blessures au genou (réd: 4 à la suite, de 2007 à 2010).

A peine sacrée championne du monde juniors, Tina Weirather s'est en effet "fait" les croisés des 2 genoux, quelques jours plus tard, lors des finales de Lenzerheide. Puis, rebelote un an plus tard au Pitztal (genou droit) et à nouveau en 2010, à Cortina (gauche cette fois). A 20 ans seulement...

"C'était le pire moment de ma carrière, j'ai failli tout arrêter", concède-t-elle. "Mon père m'avait même conseiller d'arrêter tant il avait peur d'une nouvelle blessure".

"Etonnée, mais pas surprise non plus"

Mais l'envie de skier était trop forte, et Tina Weirather a remis l'ouvrage sur le métier. Encore et encore. "Dès ce moment-là, mon père m'a à nouveau totalement soutenu. Ma mère, elle, était sûrement du même avis que mon père, mais elle n'a jamais osé me le dire".

Aujourd'hui, toute cette galère est oubliée, et Tina Weirather tutoie les sommets. "Je suis un peu étonnée par mon début de saison, mais pas surprise non plus. J'ai eu d'excellents entraînements cet été, et je savais que tout semblait bien en place", narre-t-elle.

"Aujourd'hui, tout est grandiose, et ça ne pourrait évidemment pas aller mieux. J'ai réussi ce que peu ont réussi: skier une manche sans faute!"

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De St-Moritz, Daniel Burkhalter

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"Sur cette piste, la faute est interdite"

Fränzi Aufdenblatten (14e): C'était une belle manche pour moi, à l'exception de ma faute sur le haut. Ailleurs, sur des pistes plus difficiles, on a le droit de commettre des fautes, mais pas là. Et moi j'ai commis celle de trop.

Dominique Gisin (15e): J'ai montré trop de respect à cette piste, et n'ai pas assez attaqué sur la fin. Mais même si je skie pas mal ces temps, ce n'est pas encore suffisant pour jouer les meilleures places. Ce pas en avant, j'espère vraiment pouvoir le faire tout bientôt. Je sais que physiquement et techniquement tout est en place. Il ne reste qu'à ajuster les petits détails qui font toute la différence. Il faut continuer à se battre, et surtout ne rien lâcher pour y parvenir.

On se refait une petite beauté?

Pour la 1ère fois dans l'histoire de la Coupe du monde, ces dames ont droit à un service spécial après leur course. Elles peuvent en effet se faire (re)maquiller, les skis à peine déchaussés! C'était, paraît-il, une demande de certaines skieuses. Lesquelles? Mystère...

Lara Gut, elle, a précisé qu'elle n'avait pas demandé ce service. "Certaines ont besoin de ça, ou le souhaitent. On verra bien qui y ira. Moi, je me suis acheté du mascara et je peux très bien m'en mettre moi-même!".

Tina Weirather, elle, trouve l'idée sympa. "C'est pas mal de se refaire une petite beauté avant d'aller à la TV, non?". A-t-elle donc profité du service après sa manche victorieuse? "Je ne sais même pas où c'est!".