Publié

Le Lauberhorn appartient à Patrick Küng, aux Suisses

Patrick Küng a pleinement profité de ce triomphe au Lauberhorn. [Peter Klaunzer]
Patrick Küng a pleinement profité de ce triomphe au Lauberhorn. - [Peter Klaunzer]
Le Lauberhorn a beau être une "classique", une course que chacun rêve de remporter un jour, il n'échappe plus qu'"occasionnellement" aux Suisses. Dixième vainqueur helvétique depuis 1974, Patrick Küng (30 ans) est devenu samedi le 4e "roi" suisse différent en 6 ans sur le mythique tracé de Wengen!

Le Glaronais succède aux Didier Défago (2009), Carlo Janka (2010) et Beat Feuz (2012). Ce qui fait sourire ce dernier: "maintenant, près de la moitié de notre équipe a remporté cette classique!".

L'hégémonie helvétique de ces dernières années aurait même été plus marquée si Bode Miller (2007/2008) et Klaus Kröll (2011) n'avaient pas devancé d'un cheveu un certain Didier Cuche...

"C'était un rêve de gagner au Lauberhorn"

Si elle peut surprendre - il n'avait jusque-là jamais triomphé en descente -, la victoire de Patrick Küng épouse toutefois une certaine logique. Il est non seulement le meilleur Suisse en vitesse cette saison - victoire en super-G à Beaver Creek, son 1er succès en Coupe du monde -, mais il a aussi prouvé aux entraînements cette semaine (4e et 5e) qu'il était bel et bien en forme.

"C'était un rêve de gagner ici, mais je ne pensais pas que ça irait aussi vite", admet "King Küng". "Et une 1ère au Lauberhorn, il n'y a pas mieux!".

Et tant pis si la mythique épreuve a été amputée d'une minute de course en raison d'un vent trop violent sur le haut du tracé - départ sous la "Minschkante". "J'aurais bien voulu partir de tout en haut car je sais que j'aurais été rapide".

"Qui se souviendra que c'était une course raccourcie?"

Patrick Küng, 10e vainqueur suisse au Lauberhorn depuis l'apparition de la Coupe du monde, en 1967. [Giovanni Auletta]
Patrick Küng, 10e vainqueur suisse au Lauberhorn depuis l'apparition de la Coupe du monde, en 1967. [Giovanni Auletta]

"De toute façon, dans quelques années, qui se souviendra que c'était une descente raccourcie?"

, s'interroge Küng, sur son nuage. Son pote Beat Feuz abonde dans le même sens: "bien sûr que la "classique" c'est depuis tout en haut, mais celui qui a la mention "Wengen" à son palmarès l'a de toute façon, descente raccourcie ou pas".

"Quelle fasse 1'30 ou 2'30, un skieur doit de toute façon être le plus rapide. Et aujourd'hui c'est juste grandiose que ce soit Küng, un Suisse", poursuit le vainqueur 2012.

Un succès que Feuz avait d'ailleurs prédit à son coéquipier ces derniers jours. "Ce matin, il m'a encore dit: "tu verras ce soir ce que ça signifie de gagner à Wengen"", rigole le "roi du Lauberhorn 2014".

"Très loin de Cuche au niveau du palmarès"

Une 1ère victoire en descente fêtée lors d'une "sprint" qui suscite forcément la comparaison avec Didier Cuche, lui aussi d'abord vainqueur d'une édition raccourcie à Kitzbühel, avant de connaître la carrière que l'on sait. "Oui, mais lui n'a jamais gagné ici!", glisse le héros du jour, tout sourire.

"C'est un peu tôt pour faire des comparaisons avec lui, continue Küng. "J'en suis très loin au niveau du palmarès. Mais je n'ai que 30 ans...".

"Depuis le début de la saison, il est là. Il la mérite cette victoire", applaudit Didier Défago. "C'est magnifique pour lui! Je lui souhaite... une bonne soirée!". Le Morginois sait bien ce qui attend son coéquipier...

>> A lire aussi : King Küng dompte la descente du Lauberhorn

Wengen, Daniel Burkhalter

Publié

"En 2006, dans ma chaise roulante, j'ai failli arrêter"

- Patrick Küng, n'était-ce pas trop dur d'attendre le passage des "meilleurs" dans l'aire d'arrivée?

PATRICK KUENG: Oh que si! Nerveusement, c'était plus difficile d'attendre que de disputer la course. Aujourd'hui il fallait un peu de chance pour l'emporter, et elle m'a souri. Je suis heureux. Depuis tout petit, je regardais cette course à la TV. J'ai d'abord rêvé de la disputer, puis de la gagner...

- Le changement de staff, à l'inter-saison, semble vous avoir profité...

PATRICK KUENG: Après une bonne préparation, j'ai vu en Amérique du nord, à l'entraînement avec d'autres nations, que j'étais là, que j'avais bien bossé.

- En mars 2006, après une grave blessure (jambe droite et cheville gauche cassées) lors d'un entraînement de géant dans la région de Schladming, vous aviez pourtant failli arrêter!

PATRICK KUENG: Oui, ça m'a traversé l'esprit car je me trouvais alors dans une chaise roulante. Mais j'ai finalement décidé de continuer, et de me donner à 100% pour revenir. Ce n'était alors pas facile car l'équipe de Coupe du monde tournait bien et il n'y avait pas de place pour moi, jusqu'à ce que je remporte la Coupe d'Europe 2008.

- Et aujourd'hui, vous êtes un leader dans l'équipe de Suisse!

PATRICK KUENG: On l'avait déjà dit après Beaver Creek, et c'est quelque chose que je vis bien!

- La semaine prochaine, il y a Kitzbühel. Vous y pensez déjà?

PATRICK KUENG: C'est une course que j'aime beaucoup aussi. Défago avait réussi ce doublé en 2009. Ca me plairait bien aussi. J'y pense en tout cas.

- Et après, il y a Sotchi. Avec une victoire en super-G et une en descente, vous devriez être partant certain...

PATRICK KUENG: Je devrais, effectivement. Mais on ne sait jamais. Si je me souviens bien, pour Vancouver, une victoire en Coupe du monde faisait office de ticket certain. Si je vais briller aux JO? En sport de compétition, on a beau avoir un plan de marche, ça ne fonctionne pas toujours comme on le souhaite...

"Le peuple suisse a besoin de ce genre de victoire"

BEAT FEUZ (10e ex aequo): C'est fantastique pour Küng, pour l'équipe et le peuple suisse, qui a besoin de ce genre de victoire. En plus, nous avons la chance de le faire souvent ici (rires). Les médias vont maintenant à nouveau parler à nouveau positivement de nous, de notre équipe de descente. Ma course? Clairement une progression par rapport aux entraînements, où j'étais 45e je crois...

DIDIER DEFAGO (10e ex aequo): On aurait bien voulu partir d'en haut, mais il y avait vraiment trop de vent. C'était donc une sage décision. Après, je ne suis pas vraiment le gars pour une "sprint" car il faut être tout de suite dedans, parfait dans les lignes. Il m'a manqué 2-3 dixièmes pour être très bien, mais ce sera pour la semaine prochaine...