Quatorze ans après sa première course à Sestrières, Fränzi Aufdenblatten a décidé de quitter le Cirque blanc. Et comme un symbole, la native de Zermatt a choisi une station valaisanne pour partager cette nouvelle.
"Annoncer ma retraite en Valais et sans être blessée, c'est l'idéal"
, a-t-elle confié. "C'est un grand privilège de pouvoir choisir moi-même le moment où je mets un terme à ma carrière."
Au bon souvenir de Val d'Isère
"En 14 ans, j'ai vécu une longue et passionnante carrière, faite de hauts et de bas, de rires et de larmes, de victoires, de podiums et également de quelques défaites au goût amer", raconte celle qui a manqué les JO de Vancouver en 2010 à cause d'une blessure.
Au cours de sa carrière, la Valaisanne a accumulé les top 10. "Au lieu de 20 places de podium, j'ai 42 places dans le top-10 à mon actif", rigole-t-elle.
Fränzi Aufdenblatten a néanmoins pu fêter 2 troisièmes places à Ennstal en 2004 et à Bad Kleinkirchheim en 2006, mais aussi un succès. C'était en super-G, à Val d'Isère en 2009. "C'est un excellent souvenir. J’avais attendu tellement longtemps cette victoire!"
Sotchi entre joie et déception
Mais son succès à Val d'Isère n'est pas le seul bon souvenir de la skieuse de Zermatt. "Les stages aux Etats-Unis, c'était parfait! On s’entraînait trois semaines là-bas, on avait des appartements, on cuisinait ensemble...et bien sûr on travaillait dur!", confie la "bonne copine" de l'équipe suisse.
Plus récemment, les Jeux de Sotchi ont marqué Fränzi Aufdenblatten: "Je savais que c’était ma dernière course aux JO et faire le diplôme (réd: 6e au super-G) m’a fait énormément de bien."
Mais Sotchi a aussi été une déception: "J'étais convaincue à 100% que je pouvais faire une bonne descente, car la neige me convenait parfaitement. Mais bon, c'est la vie d'une sportive!"
"J'ai besoin d'une neige spéciale"
Les conditions de neige ont justement pesé dans la décision de la future retraitée. "A Cortina (réd: où elle n'a pas réussi à se classer dans le top-20 en super-G et en descente), j’ai vraiment réalisé que je ne pouvais pas être rapide sur toutes les neiges."
"J'ai besoin d’une neige spéciale pour gagner des courses", explique-t-elle. "A Sotchi, c’était exactement la neige qu’il me fallait. Mais malheureusement pour moi, la plupart des courses ne se déroulent pas sur ce type de neige."
"S’entraîner et se battre pour 2 ou 3 courses par saison, ça ne vaut pas le coup", ajoute la descendeuse, qui avoue cependant avoir hésité à poursuivre jusqu'aux Mondiaux de Vail en 2015.
De skieuse à femme d'affaires
Une fois sa retraite prise, la Valaisanne ne quittera pas le monde du sport pour autant, puisqu'elle va entamer une carrière dans le management sportif.
"Je vais m'occuper des athlètes, car j'ai la chance de connaître beaucoup de gens dans ce milieu", raconte-t-elle. "Je veux aussi me consacrer à l'organisation d'événements ou l'acquisition de sponsors. Mais je suis consciente que j'ai encore du boulot!", reconnaît la future étudiante en management.
Ainsi, même si elle admet ressentir une part d'appréhension, Fränzi Aufdenblatten a hâte de commencer une autre vie: "C'est sûr, cela va être un grand changement, mais je me réjouis de pouvoir utiliser désormais ma tête!"
"Toujours là pour aider les autres filles"
Même si elle aura l'occasion de rester dans le ski de compétition lors de sa seconde carrière, la "doyenne" de l'équipe suisse laissera sûrement un vide dans le Cirque blanc, qu'elle aura notamment marqué par sa jovialité.
"Fränzi est quelqu'un qui est toujours de bonne humeur", confirme Roland Imboden, directeur de Swiss-Ski. "Elle est toujours là pour conseiller les autres filles de l'équipe suisse. Elle ne les voit pas comme des concurrentes. Elle répond aussi toujours présent pour les sponsors et les journalistes."
Des journalistes que la future retraitée a remercié à sa façon, en leur distribuant des roses ou des cactus. Touchant et drôle. Comme Fränzi.
Crans-Montana, Jennifer Blanchard