La Corviglia, c'est du passé. Désormais, les skieuses s'élancent sur la piste d'à côté, sur l'Engiadina. Une piste longue bien sûre (2521m), mais surtout plus tournante, et avec de nombreuses bosses à maîtriser à la perfection. Un tracé qui en appellera donc aux qualités techniques de ces dames samedi (descente) et dimanche (super-G).
Il serait donc logique de croire en la bonne étoile de Fabienne Suter, justement l'une des skieuses les plus douées techniquement au sein du Cirque blanc.
Mais voilà, "Suti" reste "Suti". Des qualités indéniables sur les skis, mais une timidité légendaire et surtout, malheureusement pour la Schwytzoise de 30 ans, un mental trop souvent défaillant au moment de "conclure".
Quatre victoires seulement, pour 15 podiums
Son palmarès aurait d'ailleurs mérité d'être plus étoffé. A ce jour, Suter ne compte "que" 4 victoires en Coupe du monde, pour 15 podiums. La skieuse de Sattel est capable de décrocher la lune, on le sait, mais il manque toujours ce petit quelque chose, cette envie, cette "niaque".
Et au final, le résultat est toujours sensiblement pareil pour "Suti". Elle tourne autour du Graal sans jamais vraiment pouvoir le toucher... Un rapide coup d'oeil à ses performances aux derniers JO suffit d'ailleurs pour l'affubler du peu enviable surnom de "Poulidor du ski".
A Vancouver, en 2010, elle finit ainsi 4e du géant, 5e de la descente et 6e du super-combiné. Quatre ans plus tard, rebelote à Sotchi, avec une 5e place en descente et une 7e en super-G. Cinq diplômes, c'est bien, mais il n'y a un peu qu'en Suisse qu'on s'en contente...
"Il me manque toujours un peu de chance, la journée parfaite", se défend Fabienne Suter, le regard évidemment fuyant. "Mais j'essaie toujours de donner le meilleur de moi-même...". Elle est comme ça, "Suti", toujours un peu à se cacher, à "espérer que ça ira mieux demain".
"Un bon résultat, pour la confiance"
C'était aussi le cas au terme du 2e entraînement, vendredi matin à St-Moritz, dans un décor de carte postale. "Je dois encore trouver une solution pour demain, car là je n'étais vraiment pas rapide...".
A un peu plus d'une semaine des Mondiaux de Vail/Beaver Creek, sur une piste où elle avait fini... 4e en 2013 (D), Suter sait qu'elle a un urgent besoin d'un top résultat. D'autant qu'elle n'est qualifiée qu'en descente pour l'heure...
"Un bon résultat, ce serait bon pour la confiance, indépendamment de Vail", confirme la sensible Schwytzoise, qui a opté pour un changement de matériel l'été dernier, rejoignant sa compatriote Dominique Gisin. "C'est une course de Coupe du monde, qui plus est chez nous". Et la jeune femme de conclure sa réponse par une phrase à la "Suti": "j'espère vraiment réussir quelque chose".
Car même si Suter garde un souvenir pénible de la station huppée de l'Engadine - elle s'y était fait les "croisés" en janvier 2012, 3 semaines après son dernier succès à Bad Kleinkirchheim/AUT... -, elle y a surtout fêté nombre de bons résultats (7 fois dans le top-7). "Mais la piste n'est plus la même", coupe-t-elle. "Là, il faut être directe sur la ligne, ce qui n'est pas vraiment ma spécialité...".
"Trop de fautes bêtes en super-G"
Suter, qui a évidemment regretté les récentes annulations sur "sa" piste à Bad Kleinkirchheim, se dit néanmoins sur une pente ascendante. Elle est ainsi souvent dans le coup en descente, et ce dès les entraînements. Ca coince en revanche encore en super-G. "Je fais encore trop de fautes bêtes", ronchonne-t-elle. "Mais je suis capable de faire bien mieux!".
Aux Mondiaux, par exemple? "Tout est possible, bien sûr, mais ce seront des courses très difficiles, sur un tracé très raide avec plein de gros virages. Mais j'espère faire une bonne course et que ça suffise pour une médaille...".
Alors, donc enfin la bonne année pour "Suti"? Elle se marre, puis le naturel revient très vite au galop. "Je ne sais pas, on verra bien...". Une nouvelle phrase qui la caractérise si bien.
St-Moritz, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter
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"J'avais 3 points d'avance, là j'en ai 2 de retard. Où est la différence?"
Déjà qualifiée en descente et super-G pour les Mondiaux - on voit mal Swiss-Ski ne pas l'aligner en géant au Colorado... -, Lara Gut aborde les épreuves de St-Moritz l'esprit quelque peu libéré. En plus, n'est-ce pas à "Cannes à la neige" qu'elle a fêté son 1er podium (février 2008) et sa 1ère victoire, moins d'un an plus tard?
Lara Gut et sa saison jusque-là...: Il y a 2 courses ce week-end et les Mondiaux qui arrivent, c'est donc un peu tôt pour un bilan... Bien sûr que j'ai moins de victoires que l'an dernier. Mais je suis tombée à Soelden, et pas gagné comme en 2013, et nous n'avons pas eu de courses à Beaver Creek (réd: 4 victoires en début de saison 2013/14, une seule, à Lake Louise, en 14/15). En super-G, je skie mieux que l'an passé. Il y a un an, j'avais 3 points d'avance au classement de la discipline à cette époque, là j'en ai 2 de retard. Où est la différence? J'ai de la peine en géant, oui, mais je travaille. Et ainsi vous avez toujours quelque chose à écrire (elle sourit)...
... l'importance d'un bon résultat avant les Mondiaux: Je suis déjà qualifiée, et je n'ai donc pas besoin d'essayer quelque chose pour obtenir un ticket. C'est surtout cool de skier à domicile. Après, chaque course a son histoire. Ce n'est pas parce que tu gagnes ici que tu en feras forcément de même aux Mondiaux. Tu peux finir 30e demain et gagner le lendemain, ou l'inverse. Chaque course est différente.
... la tête au Colorado: Je ne pense pas encore aux Mondiaux de Vail/Beaver Creek. Ici, on est à St-Moritz, nos deux seules courses en Suisse. En plus, ce serait manquer de respect de dire qu'on a la tête ailleurs, qu'on pense à faire ses valises. J'ai deux courses à réussir ici, et je penserai aux Mondiaux quand je prendrai l'avion, mardi.
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— Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter) January 23, 2015