Lara Gut prolonge la fête du ski suisse

Swiss-Ski a tout intérêt à revendiquer davantage de courses helvétiques au calendrier de la Coupe du monde. Car une semaine après la brillante performance de ces messieurs au Lauberhorn (Feuz 2e, Janka 3e (+ vainqueur du super-combiné) et 5 autres Suisses dans les 12), la fête s'est poursuivie à St-Moritz.

Mais honneur aux dames cette fois-ci, avec en plus des 5e et 6e places de Fabienne Suter et de la revenante Nadja Jnglin-Kamer (lire ci-contre), la 12e victoire en Coupe du monde de Lara Gut (la 4e en descente).

Guère avantagée par son petit gabarit sur le haut de l'Engiadina - elle n'a signé que le 25e chrono au 1er intermédiaire! -, la Tessinoise a ensuite survolé la partie plus technique, taillant des courbes dont elle a le secret, pour s'offrir un 2e succès de l'hiver après celui du super-G de Lake Louise.

Pauli, le papa, et Gabriela, la maman, sont forcément ravis de ce nouveau succès de leur Lara. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]

"C'est cool"

, jubile la skieuse de Comano. "Ca fait bien sûr toujours plaisir de gagner, mais en plus à la maison et avec les autres filles qui finissent dans le top-6, c'est génial. Ca fait du bien à tout le monde", poursuit Gut.

Maman Gabriela était elle aussi bien évidemment aux anges. "Elle était toujours proche du podium en descente, mais commettait toujours l'une ou l'autre faute. Là, elle a juste réussi une descente exceptionnelle!".

"Sur le haut du tracé, relativement plat, elle n'avait aucune chance", poursuit la Jurassienne de naissance. "Mais une fois dans la partie technique, elle peut rivaliser avec les plus grandes grâce à ses capacités".

La Britannique Chemmy Alcott (32 ans), retraitée depuis le printemps dernier et désormais consultante pour la BBC, ne pouvait elle aussi que s'enflammer après le récital de son amie. "Beaucoup de filles arrivaient fatiguées, subissant les mouvements du terrain sur la fin. Lara, elle, est restée à l'affût tel un chat sur la moindre bosse. Fantastique!".

Lara Gut avait pour sa part le triomphe modeste, concédant juste avoir "profité de la piste". "J'ai fait ce dont je suis capable, sans trop réfléchir".

Car comme elle le dit si bien, quand elle "skie avec la tête, je skie de manière trop ronde, moins directe. Je dois juste avoir confiance en mes pieds, qui savent quoi faire". Soit.

"Elle s'est vraiment battue, recherchant de la vitesse à chaque porte, un peu à la manière d'un Marcel Hirscher", poursuit Alcott. "Elle m'a dit s'être inspirée de Dominik Paris, vainqueur du super-G de Kitzbühel vendredi, avec cette volonté constante de recherche de vitesse. Avec la passion qu'elle affiche, sa victoire est méritée".

Lara Gut a parfaitement maîtrisé le secteur technique. [KEYSTONE - Gian Ehrenzeller]

Lara Gut s'impose donc pour la 2e fois à St-Moritz, 7 ans après y avoir fêté son 1er podium (3e du super-G) et, quelques mois plus tard, son 1er succès en Coupe du monde, à tout juste 17 ans. "On m'a toujours mis beaucoup de pression concernant ma relation avec cette piste", relève Gut. "Mais je n'y avais plus fêté un seul podium ensuite...".

"En Suisse, elle a tellement de pression à gérer que ce n'est pas évident avant une course", relève sa maman. "On exige tellement des athlètes dans notre pays qu'il faut être fort mentalement pour conserver de l'énergie. Vendredi, elle n'a pas arrêté. Sponsors, médias, etc. Elle a même été dérangée durant le souper!".

"Chaque athlète fait de son mieux, et un podium ne tient souvent pas à grand-chose. Regardez les JO, où elle manque l'or pour un dixième, et parfois pour un centième, tu rates le podium".

Et si Gabriela estime que sa fille ne "manquait pas de confiance", "ce succès lui donnera un coup de pouce supplémentaire". Pour réussir le doublé dimanche? "Pourquoi pas? Ce serait super!"

Les larmes de Doris De Agostini

Félicitée par Doris De Agostini - la Tessinoise d'Airolo, gagnante de la Coupe du monde de descente en... 1983, a même versé une petite larme! -, Lara Gut n'en perd, elle, pas le nord. Et ce n'est pas cette victoire qui la fera modifier son désormais habituel discours.

"Bien sûr que c'est de bon augure, mais j'ai appris que c'est le jour-J qu'il faut être en forme, et que ce sera une nouvelle course", raconte la première gagnante suisse en descente à St-Moritz depuis Sylviane Berthod, en 2001.

En tout cas, et c'est maman Gabriela qui le dit, Lara Gut ne perdra pas trop d'énergie à fêter cette victoire samedi. "Ce n'est pas trop son genre. Elle va surtout se préparer au mieux pour dimanche...".

St-Moritz, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter

>> A lire aussi : Ski - St-Moritz

Publié le 24 janvier 2015 à 17:53 Modifié le 25 janvier 2015 à 05:57

La revenante Jnglin-Kamer ira à Vail/Beaver Creek!

Si Fabienne Suter (5e) s'est dite "contente", Nadja Jnglin-Kamer (6e) peinait, elle, à réaliser, une semaine après son retour à la compétition (elle s'était blessée à un ménisque lors de la préparation en Amérique du Sud). Une perf' qui la qualifie pour les CM!

Nadja Jnglin Kamer et son ticket pour Vail/Beaver Creek: Les entraîneurs m'avaient dit vendredi que si je skiais bien et que je m'approchais du top-15, ils me prendraient. C'était un bon argument pour mettre les gaz!

... et sa manche: J'avais réussi de bons passages à l'entraînement, et je savais que je pouvais faire mieux ailleurs. Avec une bonne journée, un top-20 ou 30 était possible... Mais alors un top-6, c'est incroyable (réd: avec son dossard 6, elle a bénéficié d'un coup de main d'Eole).

... son "écart" sur le saut final: Normalement, je saute bien, mais après ma blessure c'est un domaine où je ne suis pas encore relâchée. Et comme il n'y a pas vraiment eu de sauts à Cortina, c'est ici que j'ai vraiment sauté pour la 1ère fois. Mais heureusement que je n'ai pas sauté 5m plus loin, car j'ai atterri sur ma jambe blessée...

... la performance des Suissesses, pourtant pas devant aux entraînements: Nous sommes des skieuses de beau temps (rires)! Je n'ai de toute façon jamais été la reine de l'entraînement... Mais c'est bien pour le ski suisse.

La sensation Edit Miklos

Partie avec le 2, Edit Miklos (26 ans) a, avec l'aide elle aussi d'un coup de vent, a bien failli créer une énorme sensation, gardant la tête jusqu'au passage de Lara Gut (16). La puissante Roumaine de naissance, qui court sous les couleurs hongroises depuis 2011, offre tout de même à son pays son tout 1er podium en Coupe du monde. Septième des JO de Sotchi, elle avait ensuite fini 5e de la descente de Crans-Montana.

LA VISITE D'UN PRINCE: Lara Gut a eu droit à des félicitations princières. Une épreuve CDM de bob ayant lieu en même temps à St-Moritz - il est le président de la fédération monégasque -, Albert II, prince de Monaco, a assisté à la descente, apportant son soutien à sa compatriote Alexandra Coletti (36e).