Une Lara Gut qui apparaît d'ailleurs avec un collier en forme de mini-médaille mondiale... Petit porte-bonheur? "Non non, c'est juste un flocon", rigole-t-elle.
- Lara Gut, un seul point presse et c'est tout. Pour quelle raison?
LARA GUT: Ce sont mes 4es Mondiaux. Et souvent, tu arrives en début de 2e semaine, lors du super-combiné, sans avoir eu le temps de te reposer. C'est course-entraînements-médias-course, etc. Je me suis rendue compte à Schladming (réd: en 2013) que je n'avais plus d'énergie lors de la descente.
Ici, j'aime la piste et je veux disposer de suffisamment d'énergie à chaque fois que je devrai la skier. En rentrant de la piste, après le passage devant les médias, j'aurai désormais du temps pour moi, pour me préparer pour le jour suivant et pas plein de choses au programme.
Ce n'est pas le fait de skier tous les jours qui te fatigue, c'est de n'avoir jamais de temps pour toi. Dix minutes pour dormir, ça ne suffit pas, il faut 3-4 heures. J'ai la "malchance" d'avoir déjà vécu ces journées, alors c'est le bon moment pour prendre les choses en main.
- Surtout que selon Lindsey Vonn, c'est vous la grande favorite...
LARA GUT: C'est son moyen de dégager la pression, je pense (réd: elle éclate de rire!). Elle fait toujours ça lors des grands événements... Après, c'est certain que sur cette piste, les filles à l'aise techniquement ont un avantage. Que ce soient les Fenninger, Weirather, Vonn, Mancuso, Maze ou même Fabienne Suter en super-G, toutes ont des chances. Et même si j'ai gagné ici deux fois en décembre 2013, il n'y a pas que moi, il y a quelques filles qui peuvent gagner.
- Cette "Raptor", elle est un peu "magique" pour vous, non?
LARA GUT: Elle semble belle (réd: interview réalisée avant le 1er entraînement, lundi), avec un tracé très similaire à l'an dernier. J'ai hâte de la découvrir. Est-elle très sélective? Je ne pense pas. Elle est raide oui, avec des courbes qu'il faut bien tailler.
- C'est une piste que vous aimez, et ça c'est un gros avantage...
LARA GUT: Oh oui, skier sur cette piste pendant 2 semaines, c'est génial! Je me rappelle de mes premiers Mondiaux, à Val d'Isère (2009). C'était aussi un endroit que j'aimais. Après, à Garmisch, ce n'était pas trop fun car on était en ville et encore au milieu du trafic 30 minutes avant d'être en piste. C'était bizarre. Il y a 2 ans, à Schladming, ce n'était pas ma piste préférée non plus...
- Y a-t-il des passages clés à particulièrement bien négocier?
LARA GUT: Pour moi, il serait d'abord idéal de ne pas perdre trop de temps sur le plat du haut... Après, ce sont des virages qui s'enchaînent. A mon avis, ce n'est pas une piste où tu peux gagner la course dans tel ou tel passage. Et ce n'est pas non plus comme à Lake Louise par exemple, où si tu perds un peu de vitesse quelque part, tu es fichue.
- Votre chemin vers une éventuelle médaille d'or s'est-il bien déroulé, selon vous?
LARA GUT: Oui, même si ce chemin se poursuit jusqu'à 5 secondes avant le départ. C'est à toi de mettre en place chaque petit détail jusque-là. Mais quand tu t'élances, tout ce que tu as fait jusque-là ne compte plus, c'est le moment présent qui importe.
En fait, c'est le travail de tous les jours qui t'aide toute l'année. Tu t'entraînes tout l'été pour réussir l'hiver. Et aux Mondiaux, c'est ce que tu as fait tout l'hiver, plus un petit quelque chose...
Beaver Creek, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter
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Fabienne Suter: "L'objectif c'est une médaille. Mais beaucoup de filles ont le même"
- Fabienne Suter, quel est votre état d'esprit ici à Beaver Creek?
FABIENNE SUTER: Je me réjouis d'être là car j'aime la région, la piste et les gens ici. J'espère donc que tout va bien se passer.
- Un mot sur la piste, la "Raptor"?
FABIENNE SUTER: C'est une piste très technique, raide, avec un long mur. Il te faut beaucoup de courage pour l'affronter. Mais elle me plaît beaucoup.
- Une médaille, c'est l'objectif, bien sûr?
FABIENNE SUTER: Evidemment, mais toutes les filles ici ont le même! Je vais bien sûr tenter ma chance à fond, mais je sais aussi que rien ne sera facile. Tout le monde dit qu'une course aux Mondiaux c'est une course comme les autres, mais ce n'est pas vrai. Il suffit de voir l'agitation médiatique autour de nous... Je fais en sorte de prendre ça comme n'importe quelle autre course, mais c'est très très difficile.
- On vous sait capable de rivaliser avec les meilleures...
FABIENNE SUTER: Oui, certainement. Mais j'ai toujours fait une grosse faute jusque-là, et donc pas un bon super-G de haut en bas. Et ça, ça m'énerve et ne me rend pas très heureuse (réd: elle s'essuie un peu les yeux). C'était mieux en descente, où j'estime aussi avoir une chance, comparé aux éditions précédentes.
- Il faudra absolument tout donner!
FABIENNE SUTER: Oui, absolument. Je vais donner tout ce que j'ai, et on verra bien ce que ça donne à l'arrivée.
- Jusque-là, vous avez toujours "tourné autour" de cette médaille lors des grands événements. Est-ce que mentalement c'est quelque chose que vous avez travaillé?
FABIENNE SUTER: J'ai déjà travaillé avec un coach mental par le passé, mais ce n'était pas positif. Alors maintenant je discute beaucoup avec des gens qui me sont proches, et ça va mieux comme ça.