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Patrick Küng déloge enfin Bruno Kernen!

Beat Feuz et son copain Patrick Küng partagent leur bonheur. Quelle journée pour le ski suisse!
Beat Feuz et son copain Patrick Küng partagent leur bonheur. Quelle journée pour le ski suisse!
Sestrières, 1997. Sacré champion du monde de descente cette année-là, Bruno Kernen aura tenu jusqu'à ce 7 février 2015. Dix-huit ans, oui, que la Suisse attendait un nouveau sacre dans la discipline reine. Didier Cuche s'en était approché de très près (2e à Val d'Isère 1999 et Garmisch 2011) mais n'avait jamais pu se saisir du Graal.

Ce Graal, il est désormais entre les mains de Patrick Küng. Une surprise? Oui et non, étant donné qu'on attendait peut-être davantage un Beat Feuz côté suisse, ou un Carlo Janka, triple vainqueur ici en 2009...

S'il ne figurait pas forcément parmi les favoris, force est d'admettre que le Glaronais n'a rien volé sur cette "Birds of Prey", où il avait d'ailleurs fêté son 1er succès sur le Cirque blanc (SG, fin 2013).

"Je n'ai jamais eu de médailles, pas même chez les juniors, alors décrocher l'or dans la discipline reine, il n'y a pas mieux", jubile Küng, qui avait fêté son dernier succès sur le Circuit lors de la descente - raccourcie - de Wengen, en janvier de l'an dernier.

"Et même si ma saison de super-G est assez décevante, je savais qu'en descente, aujourd'hui tout était possible. En plus, j'ai toujours eu un bon feeling sur cette piste, où il ne faut pas avoir peur de se montrer agressif".

Son dernier face-à-face avec la "Birds of Prey" avait d'ailleurs tourné au vinaigre puisqu'il était sorti autant en descente qu'en SG. "J'avais alors commis une grosse faute en descente".

Selon ses dires, Küng avait même connu un "trou" après cette gigantesque frayeur au Colorado. "Ce n'était alors pas facile pour moi, surtout après d'incroyables entraînements là-bas".

L'Américain Travis Ganong (à gauche) prive la Suisse d'un superbe doublé. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]
L'Américain Travis Ganong (à gauche) prive la Suisse d'un superbe doublé. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]

C'est finalement en janvier, à Wengen, sur la piste où il avait connu sa plus grande victoire l'an passé, que "Paddy" a retrouvé les sommets avec une 4e place, juste derrière Feuz et Janka.

"La forme était ascendante, et je finis 4e malgré une grosse faute. Puis, à Kitzbühel (réd: 7e de la "sprint"), j'étais là aussi satisfait". C'est d'ailleurs un Patrick Küng très détendu qu'on a croisé au départ du télésiège à Beaver Creek, un peu moins de 2 heures avant la course. Un signe?

Et quelques heures plus tard, le voilà champion du monde à Vail/Beaver Creek, là même où en 1989, une certaine Vreni Schneider, Glaronaise elle aussi, s'était parée d'or en géant. "Je n'avais alors que 5 ans et je n'ai pas réalisé ce qu'elle avait accompli. Ce n'est qu'à 15 ans qu'elle m'a vraiment servi de modèle", souligne Kueng.

Là, il peine évidemment à réaliser la portée de son exploit. "Vous savez, pour un skieur suisse, ce n'est pas toujours facile, car nous avons une énorme pression sur nos épaules".

Il devra d'ailleurs s'employer pour ne pas lâcher quelques larmes sur le podium, un peu plus tard. "C'est fantastique, ma famille était là. Je vais fêter ça avec elle".

"Même moi, parfois, je n'y croyais plus"

La médaille de bronze de Beat Feuz couronne encore cette journée historique pour le ski helvétique. Pour l'Emmentalois, cette breloque, "c'est un rêve qui devient réalité. Il y a 2 ans, j'étais au fond du trou (réd: grave infection au genou), et même moi, parfois, je ne croyais plus à un retour".

Feuz revient bien de l'enfer, lui que certains estimaient alors perdu pour le ski. "Beaucoup de détails ont fait que je n'arrête pas", explique-t-il. "Ma famille, ma copine, mes amis, tous croyaient toujours en moi!".

C'est dire quelle valeur cette médaille a aux yeux de "Kugelblitz"! Un Feuz qui tremblera jusqu'au passage d'Andrew Weinbrecht (no35) pour savourer totalement et définitivement son bronze.

L'Américain, en tête à tous les temps intermédiaires, terminera finalement 9e, pour le plus grand soulagement de nos 2 Suisses. "Je savais, et j'avais toujours dit qu'il faudrait attendre son passage", lance Feuz. "Il y avait près de 20 coureurs au départ qui pouvaient prétendre au podium".

"Un rêve qui devient réalité" pour Feuz. [KEYSTONE - John G.Mabanglo]
"Un rêve qui devient réalité" pour Feuz. [KEYSTONE - John G.Mabanglo]

Le Bernois, qui avait pris la 2e place de la "répétition générale" en décembre au Colorado, était persuadé qu'il avait sa chance sur cette piste, où il avait aussi fini 2e de la descente et 3e du super-G en 2011. Mais ça, c'était bien sûr avant...

"Lors du dernier entraînement, vendredi, j'avais réussi de belles choses sur le haut, avant de me relâcher ensuite. Je savais que c'était possible".

Un Beat Feuz qui se réjouissait tout particulièrement de partager ce podium avec son pote Patrick Küng. "C'est incroyable! Mais nous réussissons aussi un résultat d'équipe sensationnel, avec 4 coureurs dans le top-11 et un double podium".

"Le ski est aussi un sport d'équipe", ajoute-t-il. "A Wengen, nous avions été privés d'un magnifique triplé par Reichelt. Ensuite, à Kitzbühel, sur une descente raccourcie, nous n'avions pas pu nous exprimer. C'est donc aujourd'hui la plus belle des revanches, sur une vraie descente", poursuit Feuz.

En deux jours, la Suisse a donc amassé 3 médailles, avec le bronze de Lara Gut. Et si, désormais, nos skieurs étaient partis pour une belle moisson?

Beaver Creek, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter

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L'interview de Ganong par sa copine Gagnon au micro de RTS Radio

Ou quand @MarieMGagnon interviewe @TravisGanong, 2e de la descente de @Vail2015..via @pdeletroz #RTSsport https://t.co/NJ1YAOxY5O

— Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter) February 8, 2015