Alexandra Coletti pourrait elle aussi être considérée comme une "exotique". Le pays qu'elle représente, Monaco, n'est, comme l'Australie, Haïti, ou encore les Bahamas, pas à proprement parler une nation référence quand on parle de ski alpin...
Mais non, la Monégasque n'est pas une "exotique". C'est en effet en février 2001, à Lenzerheide, qu'elle a disputé sa 1ère course Coupe du monde. Alors sous les couleurs de l'Italie...
"Je suis née, j'ai grandi et j'ai fait toutes mes écoles à Monaco", explique la jeune femme de 31 ans au terme du super-combiné, où elle a malheureusement connu l'élimination en descente, sa discipline fétiche. "Mais mon père étant italien, on allait toujours skier à Limone, dans le Piémont. J'ai alors suivi toute la filière italienne, du ski-club à l'équipe nationale".
Mais Alexandra ne rêve que d'une chose, c'est de défendre les couleurs de son Rocher en Coupe du monde. "On m'avait déjà demandé à plusieurs reprises de "revenir", mais je ne m'estimais pas assez mature pour être seule dans un groupe. Mais en 2005, j'ai fait le pas".
Quand on lui parle de pari risqué, elle botte en touche. "La structure est plus petite, c'est vrai, mais j'ai absolument tout ce qu'il me faut".
Tout ce qu'il faut, et "fourni" par un seul homme, ou presque, le prince Albert. "C'est grâce à lui que je skie, c'est vrai. C'est lui qui me finance", souffle la Monégasque. "C'est un grand sportif, il suit mes résultats de près. Quand mon frère avait gagné en GP2 à Monaco (réd: course automobile), il avait essayé de l'appeler, mais comme il n'y arrivait pas, il a essayé sur mon portable et finalement sur celui de ma mère".
Des résultats, justement, qui n'ont pour l'instant jamais donné mieux qu'une 15e place pour Alexandra lors de la descente de Val d'Isère, en... 2006 déjà. "Je ne dis pas que je n'ai aucune chance, mais avec mes dossards actuels, entre 55 et 60 en Coupe du monde, c'est déjà bien difficile d'entrer dans les 30 meilleurs...".
Un talon explosé aux JO de Sotchi
Il faut dire aussi qu'Alexandra Coletti n'a pas eu de chance dans sa carrière. Le "billard", elle connaît. Mais elle aurait préféré que ce soit celui avec les boules... "J'ai déjà subi dix interventions dans ma carrière", dit-elle.
"Depuis 2 ans, j'ai enchaîné les blessures. La dernière en date remonte aux JO de Sotchi", poursuit la blonde skieuse. "Je me suis alors explosé le talon et j'ai aujourd'hui encore une plaque et 7 vis. Mais je suis en train de revenir et je vis ma meilleure saison depuis 5 ans".
Et ceci alors que son coach d'alors, qui avait pourtant exceptionnellement obtenu un contrat de 2 ans, l'avait lâchée 2 semaines après son opération, lui lâchant un très maladroit "de toute façon, tu ne skieras plus jamais"...
Alexandra a oublié la dureté de ces mots, essuyé ses larmes et a travaillé. Elle a souffert l'été dernier, mais elle revenue petit à petit. Et elle est revenue, prenant même une belle 21e place de la descente à Vail. "Même les coaches autrichiens m'ont félicitée. Je ne finis qu'à 2 dixièmes de la 15e place...".
Alexandra Coletti ne se lasse plus de parler de cette descente de samedi. "Sur le haut, je signe le 4e "inter", puis le 12e en bas après avoir fait des fautes. Au final je prends 2" sur les 3 ovnis (réd: Maze, Fenninger, Gut), mais il n'y a qu'une seconde d'écart sur la 4e".
"On ne sait jamais. Il y a bien une Hongroise (réd: Miklos) qui est partie devant à St-Moritz, qui a fait la course parfaite et qui finit 3. Il faut donc juste trouver le bon jour...".
Elle revient sur terre juste avant de nous saluer. "Je sais que ce sera difficile, mais gagner une fois pour Monaco, ce serait incroyable".
Ce ne sera pas à Vail. Alexandra Coletti est rentrée, cédant sa place à de vrais "exotiques". Mais elle a bien l'intention d'essayer encore, et ce jusqu'aux Jeux olympiques 2018. A condition que les blessures cessent...
Beaver Creek, Daniel Burkhalter - Twitter @DaniBurkhalter
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