Gut, un sourire étincelant sous le sapin 

Huit années déjà, ou peu s'en faut, que la Tessinoise de 24 ans trace ses courbes au plus haut niveau. Huit années rythmées par les coups d'éclat, les coups de coeur qu'elle suscite ou l'agacement qu'elle peut parfois provoquer ou ressentir: forte de son caractère bien trempé, la championne ne laisse personne indifférent. Mais une chose est certaine, la Lara Gut de ce début de saison a tout en main pour conquérir le Grand Globe de cristal.

Des choix pertinents

Le matériel en premier lieu (passage de Rossignol à Head). "Je l'ai changé en fait parce que j'étais en fin de contrat. J'ai testé et je me sentais à l'aise. Je me suis dit 'allez, c'est un challenge' à la fin", a-t-elle confié en toute sincérité lors de l'émission "Sport Dimanche" du 20 décembre. Un défi relevé avec brio ainsi qu'en témoignent ses trois victoires acquises dans trois disciplines différentes (combiné alpin et descente à Val d'Isère les 18 et 19 décembre ainsi que le géant à Aspen le 27 novembre).

Une nouveauté qui porte ses fruits, au même titre que la pertinente idée de miser cet été sur les conseils avisés et l'expérience d'un Didier Cuche ou encore d'un Patrice Morisod. "On a trouvé des personnes (ndlr: avec  son père et coach Pauli) qui nous permettent d'avoir un avis extérieur."

Voyants au vert en géant

"Un avis externe, c'est important", a- t-elle développé, toujours sur le plateau de la RTS après son incroyable week-end à Val d'Isère et Courchevel (trois podiums dont deux succès). "Souvent quand tu es dedans, tu ne te rends pas compte de choses que peut-être une autre personne pourra souligner".

Autre indicateur favorable, les performances de la "bombe de Comano" en géant. Lors de sa belle saison 2013/14 (3e au général derrière Anna Fenninger et Maria Höfl-Riesch), Gut avait réussi de bons résultats dans la discipline, dont une victoire (le 26 octobre 2013 à Sölden). "L'année passée (2014/15), j'ai eu des problèmes en géant. Je n'étais pas à la hauteur, je me sentais mal sur les skis. L'année d'avant (2013/14), c'était cela qui avait fait la différence", a-t-elle expliqué. "J'enchaînais les podiums. Dans la tête, ça change, quand tu vas au départ et que tu sais que tu as tes chances ou que tu te dis 'aujourd'hui, je vais galérer, c'est du géant'".

"J'avais 16 ans"

Du matériel compétitif, un staff élargi  avec la présence, primordiale, de son père Pauli, des performances en géant et... de la sérénité tant sur la piste que face à la presse, avec laquelle les rapports n'ont pas toujours été simples. "J'avais 16 ans quand j'ai commencé à faire des courses. Du jour au lendemain, j'ai dû apprendre à vivre avec toutes les personnes qui attendaient quelque chose de moi".

"Avant si je ne gagnais pas, ce n'était pas grave. D'un coup, tout le monde avait une opinion, je devais moi aussi en avoir une sur beaucoup de choses. Et la seule chose que j'étais capable de faire, c'était skier", a-t-elle rappelé. "Le reste j'ai dû l'apprendre. Et quand on apprend, on fait des erreurs. C'est sûr que la prochaine fois que je ne vais pas arriver à faire ce que je veux, je ne vais pas passer l'arrivée et dire 'c'est super'. Mais c'est aussi important de rester soi-même. Je suis en train de comprendre que chacun fait son travail et essaie de faire de son mieux".

Un aveu qui montre la maturité acquise par la médaillée de bronze de la descente de Sotchi 2014. Plus de recul, plus de nuance, sans pour autant sacrifier son caractère entier: Lara Gut semble avoir franchi un véritable palier. Difficile de ne pas y voir un bon présage pour 2016.

Dans les reflets du Grand Globe

Une nouvelle année qu'elle abordera sauf gros couac à Lienz (géant le 28 décembre) avec le dossard rouge de leader de la Coupe du monde, en confiance et avec un statut de favorite. Une position renforcée par la malheureuse blessure de l'Américaine Mikaela Shiffrin, dont la saison est d'ores et déjà terminée. Une position qu'elle devra tenir face à l'expérimentée Lindsey Vonn, sa dauphine de 58 points au général.

Et, quand bien même elle fait preuve de prudence au moment d'évoquer ses ambitions et rappelle avec justesse que tout peut aller très vite, difficile de ne pas souhaiter admirer ce sourire resplendissant dans les reflets du Grand Globe au mois de mars lors des finales de la Coupe du monde à Saint-Moritz.

Ludovic Perruchoud, avec l'émission "Sport Dimanche" du 20 décembre