La journée s'annonçait belle à Crans-Montana: le soleil brillait
de mille feux, la neige était parfaite et le public était accouru
en nombre pour assister au dernier super-combiné féminin de
l'hiver. Hélas, trois fois hélas, Eole en a décidé autrement.
Alors que tout était prêt, que Bruno Kernen terminait sa descente
"en caméra embarquée" et que le speaker annonçait fièrement que le
premier départ allait être donné dans quelques minutes, la
banderole d'arrivée s'écroulait. Des rafales de vent de plus de 70
km/h mettaient alors en évidence que tout ne se déroulerait pas
comme prévu.
Confirmation quelques minutes plus tard: le jury annonçait un
premier renvoi, d'une heure. Peine perdue, à 14h20, et après quatre
autres reports, la course était définitivement annulée. Un renvoi
qui a finalement mis fin au supplice du public, condamné à errer
durant près de 5h entre l'aire d'arrivée et la Place des Barzettes,
cherchant désespérément à se protéger du froid glacial et du vent
violent. Des spectateurs fidèles, alors que la messe semblait dite
depuis longtemps. "La situation ne s'améliore en tout cas pas.
A chaque report, c'est pire", devait déclarer un bénévole
local.
Une course essentielle pour le Globe de cristal
Mais pourquoi donc s'est-on tellement acharné à vouloir faire
courir cette épreuve? Il est en effet certain qu'à un autre moment,
l'annulation serait tombée bien avant. Mais, sur la piste
"Nationale", c'est le classement Coupe du monde de la discipline
qui se jouait. Et cinq filles étaient encore en course.
Une solution sur deux jours a d'abord été envisagée, avec la
descente vendredi et le slalom samedi. Un slalom combiné à la
"vraie" descente a aussi été proposé. Avant l'annulation
définitive. La gagnante du jour sera finalement l'Américaine
Lindsey Vonn, qui devrait s'octroyer un deuxième Globe de cristal
cette saison après celui du super-G. Et ce après seulement deux
épreuves!
"La décision finale concernant le Globe sera prise lors de
notre séance de comité prévue à Garmisch-Partenkirchen la semaine
prochaine, a indiqué Atle Skaardal au nom de la FIS. Mais
il n'y a aucune raison de ne pas le lui remettre".
"La décision d'annuler la course était la seule
possible", devait déclarer Hugues Ansermoz. "Les rafales
se révélaient particulièrement violentes et dangereuses au milieu
de la piste".
La seule décision possible
L'attente a également été longue pour les skieuses. "Les
filles ont dû ronger leur frein au café en haut des pistes",
affirmait l'entraîneur des Suissesses. La décision a finalement
soulagé le coach vaudois: "certaines athlètes n'ont pas encore
récupéré du décalage horaire avec Vancouver. Les faire disputer une
descente aussi sélective tardivement aurait pu devenir trop risqué,
compte tenu de leur état de fatigue".
En 2008, le Cirque Blanc faisait son retour sur les pistes de
Crans-Montana après de longues années d'attente. En 2010, la
station valaisanne pouvait une nouvelle fois vibrer aux exploits
des meilleures skieuses de la planète.
Robyr a dû "avouer son impuissance"
Grand artisan de ces épreuves, Marius Robyr semblait sur la
bonne voie pour offrir un week-end de fête au public helvétique.
Piste et organisation de qualité étaient au rendez-vous. Le
brigadier avait tout prévu... Seulement, Eole en a décidé autrement
et Robyr n'a pu qu'"avouer son impuissance". Le vent
devrait se calmer samedi. Mais les nuages pourraient surgir!
A l'heure de l'analyse, Marius se montrait bien évidemment déçu de
la tournure des événements. Mais le "big boss" se montrait
également soulagé: "la décision prise était de loin la
meilleure. C'est mieux qu'une course loterie ou qu'un grave
accident". Robyr se montrait particulièrement désolé "pour
les athlètes, les entraîneurs, les 400 bénévoles et les 6'500
valeureux et malheureux spectateurs".
Le Valaisan espère une superbe course pour samedi. Celle-ci se
disputera toutefois sans la banderole d'arrivée, qui n'a pas pu
être sauvée par les organisateurs, malgré tous leurs efforts.
De Crans-Montana, Aline Gagnebin et Laurent Morel
"A chaque fois, on doit recommencer la procédure, et ça use"
Les athlètes, elles, ont vécu l'attente de différentes manières. "Tous ces reports sont pénibles, a avoué la jeune Bernoise Denise Feierabend. A chaque fois, on doit recommencer la procédure de préparation à la course et ça use".
Plus expérimentée, Dominique Gisin a pour sa part relativisé. "Bien sûr que c'est long, mais, après la deuxième décision négative, je suis descendue pour voir ma famille, alors tout c'est passé tranquillement pour moi, a remarqué l'Obwaldienne. J'aurais évidemment été prête à m'élancer. Je me souviens d'un super-G à Cortina il y a 3 ans, où sous la pluie, j'avais pris le départ à 15h30". /si