Lara Gut 5e du géant de Sölden. Victoire de Zettel

Certes, la fille de Comano était attendue pour sa grande
rentrée. Mais personne n'aurait parié sur une cinquième place, qui
plus est à six centièmes du podium. Pas même la principale
intéressée: «Mon objectif était de me qualifier pour la
deuxième manche. Mais jamais je n'aurais imaginé un résultat
pareil.»



Il faut dire que Lara Gut s'était jusqu'ici illustrée
principalement en vitesse. Avant Sölden, elle ne s'était frottée
qu'à deux reprises à des géants de Coupe du monde, soldés par une
43e place à Lienz (Aut) et une 59e à Spindleruv Mlyn (Tch).



Bref, dans le genre bond en avant, difficile de faire mieux.
«Je savais que j'avais les qualités pour accrocher un top 30.
Et maintenant, je sais que je suis capable du top 10. C'est cool
!», s'est exclamée la Tessinoise, plus enjouée que jamais
malgré une litanie de sollicitations médiatiques.

Un casse-cou de 17 ans

Le terme d'exploit prend aussi tout son sens quand on relève son
dossard à Sölden, le numéro 37. Question précocité, c'est pas mal
non plus: ses 17 ans font presque figure de valeur aberrante dans
un top 10 à la moyenne d'âge de 24 ans. Et on ne parle pas de la
façon dont ce petit bout de femme (1m60, 58 kg) s'est jouée de la
pression et des attentes placées en elle.



«Mes entraîneurs m'avaient dit que la piste se prêtait à
l'attaque. Et comme c'est mon point fort, j'ai attaqué»,
a-t-elle expliqué. Quatrième sur le premier tracé, elle ne s'est
pas non plus démontée entre les deux manches: «J'étais
quatrième. Qu'est-ce que je pouvais demander de plus ? Alors j'ai
continué d'attaquer.»

Entraîneurs bluffés

Difficile de dire si c'est de la maturité ou de l'insouciance.
Quoiqu'il en soit, une telle décontraction et un tel esprit de
compétition impressionnent. A commencer par Hugues Ansermoz,
entraîneur de l'équipe dames: «Beaucoup de filles ont craqué
sur le deuxième tracé. Pas elle. Elle est incroyable.»



Eloges également du côté de Mauro Pini, son coach personnel avec
qui elle a préparé la saison hors des structures de Swiss-Ski:
«Elle a su rester humble entre les manches. Elle a vraiment
skié avec la tête. Je lui tire mon chapeau.» On rappellera
encore que le géant était la discipline noire du ski suisse dames,
avec aucun top 20 l'hiver dernier et aucun top 5 depuis l'ère Sonja
Nef au début de la décennie.



Avec Lara Gut, la nation tient enfin sa géantiste de proue. Un
rôle qui ne sied pas (pas encore ?) à Fabienne Suter et Andrea
Dettling. La première a été éliminée à Sölden après 30 secondes de
course, la deuxième s'est classée 56e.

Place aux vacances

Lara Gut va maintenant partir une semaine en vacances. «Mon
seul objectif ces prochains jours sera de bronzer», a-t-elle
lâché, hilare, et accessoirement plus riche de 6000 francs grâce à
cette cinquième place. Ensuite, retour à l'entraînement sur la
neige.



En course, on la reverra fin novembre à Aspen (EU). Si la Suisse
n'en avait que pour Lara Gut, l'Autriche était, elle, pendue à
Kathrin Zettel. En remportant sa troisième victoire sur le circuit
devant 10 000 spectateurs, la skieuse de 22 ans a offert au public
de Sölden un succès attendu depuis six ans. Le podium a été
complété par la Finlandaise Tanja Poutiainen et une autre locale,
Andrea Fischbacher.



si/tou