Daniel Albrecht et Didier Cuche ont fait des émules chez leurs
collègues féminines. En effet, la victoire inattendue de Martina
Schild a de quoi donner une véritable impulsion à l'aube de cette
saison. Pour Hugues Ansermoz, ce succès, le premier depuis son
arrivée à la tête de l'équipe féminine au printemps 2006, est tout
bénéfice dans son projet de reconstruction du ski helvétique. Le
citoyen des Diablerets, tout juste arrivé à Aspen pour y préparer
les joutes du week-end, revient sur les hauts et les bas de ces
derniers jours. Interview.
TXT: Vous avez vécu dimanche votre premier
succès à la tête de l'équipe féminine. On imagine un grand
bonheur...
HUGUES ANSERMOZ: C'était bien sûr une très belle
journée pour moi et pour toute l'équipe. C'était encore plus beau
après la débâcle que nous avions vécue le jour précédent en
descente.
- Comment expliquez-vous, justement, que dimanche tout a bien
fonctionné, alors que samedi, c'était la débandade?
HUGUES ANSERMOZ: Je n'ai toujours pas de
véritable explication! Samedi, les conditions - froid et humidité -
ne nous ont pas aidées. On a pris un gros coup sur la tête mais on
est resté positif. Les filles m'ont ensuite vraiment étonné
dimanche.
"Il faudra voir comment Schild gère la pression"
- Pour Martina Schild, qui avait connu une saison difficile
après sa médaille d'argent aux JO de Turin en 2006, cette victoire
donne-t-elle le véritable coup d'envoi à sa carrière?
HUGUES ANSERMOZ: Il faudra voir comment elle
réagit. Martina a eu beaucoup de problèmes à gérer la pression
depuis sa médaille olympique. Ca a été très difficile pour elle la
saison passée. Au contraire, cet été, elle a pu travailler dans la
tranquillité et elle est arrivée très détendue en Amérique. Mais
maintenant, elle va se retrouver avec le dossard rouge à Aspen. La
pression risque d'être à nouveau au rendez-vous.
- Avez-vous senti un déclic au sein de l'équipe après cette
victoire?
HUGUES ANSERMOZ: On n'a pas encore eu le temps de
vraiment réaliser la portée de l'exploit de Martina Schild. On
vient d'arriver à Aspen après un long voyage depuis le Canada. Mais
c'est sûr que cette victoire est un grand soulagement. On sait
qu'on est dans le coup. Il faudra toutefois confirmer ce week-end à
Aspen. Peut-être pas par un succès, mais par deux bons résultats
d'ensemble en super-G et en descente.
"Tamara Wolf n'a pas suivi les consignes"
- Malgré ce résultat encourageant,
il y a eu quelques points noirs en ce début de saison pour les
filles. On pense bien sûr tout d'abord à la terrible blessure de
Tamara Wolf. La poisse lui colle vraiment aux skis!
HUGUES ANSERMOZ:
Oui, c'est sûr qu'elle jouit un
peu de malchance. Mais Tamara a commis trop d'erreurs
d'appréciation. Elle a un peu oublié de suivre le plan, qui
consistait à faire des manches solides et à bien rester sur ses
skis. Elle a trop pensé au chrono. Elle n'aurait jamais dû faire
des temps aussi rapides. Après sa chute, la première chose qu'elle
a demandée, c'est si ses temps intermédiaires étaient bons...
- Tamara a donc été trop intrépide?
HUGUES ANSERMOZ:
Elle s'est mis beaucoup trop de
pression afin de prouver qu'elle était là. Pourtant, nous ne lui
avons rien demandé de particulier. Elle a skié au-dessus de ses
possibilités.
"La 20e place de Berthod était inespérée"
- Est-ce que cet accident a fait prendre conscience à
Dominique Gisin, aussi habituée des blessures, qu'il fallait une
certaine dose de patience?
HUGUES ANSERMOZ: Oui, elle a vu la chute depuis
l'arrivée, et elle a tout de suite pensé: "Il n'en reste plus
qu'une des deux". On a beaucoup discuté ensemble. Elle sait qu'elle
n'est pas encore à 100% et que le but est de revenir au plus haut
niveau au mois de janvier.
- Sylviane Berthod revient également de blessure. On a eu
l'impression que sa 20e place de samedi avait le poids d'une
victoire pour elle...
HUGUES ANSERMOZ: Sylviane est arrivée en bas et
elle a dit: "Oui, je l'ai fait!". Elle avait de la peine à
s'imaginer être de la partie à Lake Louise. Pour elle, c'était déjà
fantastique de prendre le départ. Avec son âge et son expérience,
c'est frustrant de ne pas pouvoir se battre avec les meilleures.
Normalement, avec l'opération du dos qu'elle a subie, elle n'aurait
dû remonter sur les skis que maintenant. Une 20e place en descente
de Coupe du monde, c'est donc un résultat inespéré.
TXT/Samuel Jaberg
"Les hommes nous poussent à viser toujours plus haut"
- En slalom, Aïta Camastral a connu un bon début de saison. En revanche, pour les Grand, Gini et Bonjour, il n'y a pas encore eu de véritable déclic.
HUGUES ANSERMOZ: Ca fait 4 à 5 ans que c'est pareil pour Sandra Gini. Elle a besoin à chaque fois de retrouver la confiance. Aline Bonjour n'a pas encore montré ce qu'elle était capable de faire. Aïta Camastral a eu le déclic à Reiteralm, j'espère qu'Aline l'ait aussi bientôt. Rabea Grand fait des superbes temps aux entraînements mais elle part avec des dossards trop élevés en course. Toutes ces filles ont besoin d'un résultat pour pouvoir démarrer.
- Et à quand le grand saut en Coupe du monde pour Lara Gut?
HUGUES ANSERMOZ: Elle se débrouille très bien en Coupe d'Europe. Maintenant, on va peut-être l'aligner à Val d'Isère dans deux semaines, car elle aura une chance d'être présente dans la station française aux Mondiaux de 2009.
- Finalement, que vous inspire le début de saison de l'équipe masculine?
HUGUES ANSERMOZ: C'est fantastique. Albrecht a répondu présent de manière incroyable. Cuche est également dans le coup pour le général. Ca nous oblige aussi à viser toujours plus haut, car on ne peut pas rester à la traîne.