Sur les skis depuis un mois, Lara Gut a convié la presse lundi à
Andermatt pour faire le point. La Tessinoise de 18 ans a abordé le
long processus de retour à la compétition et les sensations
retrouvées après sa blessure. Après quelques piquets de slalom
enquillés dans les bourrasques des Alpes uranaises, Lara Gut,
toujours avec la même joie de vivre communicative, a rassuré son
monde.
"J'ai retrouvé mes sensations sur les skis et je ne sens plus
du tout ma hanche blessée, a noté la skieuse de Comano.
Elle ne me fait plus souffrir. Lorsque je skie, je n'arrive
même pas à dire laquelle des deux a été opérée".
Lara Gut a rappelé que les moments les plus pénibles de sa
rééducation avaient été ceux où, clouée sur son canapé, elle avait
dû regarder ses coéquipières dévaler sa piste préférée lors du
géant d'ouverture de Sölden (Aut). La station autrichienne sera
probablement le lieu de son come-back en octobre prochain, mais le
petit prodige du ski suisse ne s'en préoccupe pas encore. "Il y
a encore plusieurs mois avant d'en arriver là, a-t-elle
glissé. Je dois prendre les choses les unes après les
autres".
Les Jeux olympiques par sms
Celle qui passe pour le
plus sûr espoir féminin de sa génération a logiquement vécu les
Jeux de Vancouver et la saison de Coupe du monde par procuration.
Elle a notamment gardé le contact par sms avec l'Autrichienne Anna
Fenninger, autre surdouée du Cirque blanc, et avec la Schwytzoise
Andrea Dettling avec qui elle s'entend très bien.
Ces derniers jours à Andermatt, Lara Gut s'est concentrée sur des
manches de slalom et de géant. "Au début, a expliqué son
père et entraîneur Pauli Gut, nous avons dû entrecouper les
journées d'entraînement avec des jours de repos. Aujourd'hui, Lara
peut enchaîner les séances sans problème".
La suite du programme devrait emmener la Tessinoise sur de courts
tracés de vitesse, pour y retrouver ses marques, jusqu'à fin avril,
avant de profiter de deux semaines de vacances. En mai, deux blocs
de dix jours sur les glaciers autrichiens lui permettront de
continuer à progresser sur les skis avant les six ou sept semaines
de condition physique prévues en juin et juillet.
Pas de pression pour la matu
Durant toute cette période, Lara Gut tentera d'avancer dans
l'obtention de sa maturité. Les prochains écueils ont pour noms
physique, chimie et biologie. "J'ai discuté avec l'école et je
ne veux pas me mettre de pression supplémentaire avec cela, a
détaillé la vice-championne du monde de descente. Si je
décroche ma matu à 21 ou 22 ans, ça me va aussi ! Avec les
entraînements, je ne trouve pas toujours l'énergie ni l'envie
d'étudier."
si/dbu
"Nous devons beaucoup à Hugues Ansermoz"
Les remous qui ont récemment secoué le ski féminin helvétique et particulièrement Hugues Ansermoz n'ont pas laissé le clan Gut insensible. Toujours en discussion concernant la collaboration entre Swiss-Ski et leur team privé, tant Lara Gut que son père ont pris la défense du chef alpin des filles.
Pauli Gut n'a pas la mémoire courte. "Nous devons beaucoup à Hugues Ansermoz. Alors que Lara n'avait que 16 ans, il a vite compris que de l'intégrer à 100 % dans un groupe d'entraînement où ses coéquipières auraient 6 ans de plus qu'elle n'était pas idéal, a expliqué le Tessinois. Il a su trouver, en discutant avec nous, la meilleure solution pour que Lara puisse continuer à progresser." On peut dire que le succès, jusqu'à la blessure de la fille de Comano fin septembre 2009, avait été au rendez-vous (vice-championne du monde de descente et de super-combiné, 1re victoire en Coupe du monde).
En ce qui concerne le zéro pointé des JO, Pauli Gut a également remis les pendules à l'heure. "Si Fabienne Suter avait eu la chance de son côté, elle aurait ramené trois médailles de Vancouver, Hugues aurait été le roi et personne ne parlerait de remettre en cause son travail. C'est un entraîneur qui, en plus de connaître pratiquement tous les sites, possède une expérience et un carnet d'adresses absolument exceptionnel".
"Le meilleur des entraîneurs ne suffira pas si les athlètes n'ont pas le niveau"
A l'évocation des soucis du technicien des Diablerets, Lara Gut a également pris position. "Ce n'est tout de même pas la faute de l'entraîneur en chef si deux ou trois filles n'ont pas réussi à se qualifier durant la saison, a remarqué la Tessinoise. Si les athlètes n'ont pas le niveau, le meilleur des entraîneurs ne suffira pas. Tout ne va pas aller mieux d'un seul coup si la fédération décide de se débarrasser de Hugues."
Pour mémoire, le Vaudois avait essuyé de vives critiques dans les colonnes d'un journal de boulevard alémanique au retour des Jeux. De plus, il ne semble pas bénéficier du soutien du présidium de Swiss-Ski. Les décisions concernant les structures à mettre en place au sein de la Fédération pour la saison prochaine devraient tomber au terme des championnats de Suisse (du 18 au 22 mars à Stoos et Hoch-Ybrig).