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Hugues Ansermoz n'est plus le chef des filles. Interview

Fabienne Suter n'écoutera plus les conseils d'Hugues Ansermoz.
Fabienne Suter n'écoutera plus les conseils d'Hugues Ansermoz.
Hugues Ansermoz n'est plus le chef alpin de l'équipe de Suisse dames. En poste depuis 4 ans, le Vaudois est remplacé par Mauro Pini, en charge cette saison de l'un des trois groupes de l'équipe masculine. Ansermoz à l'interview.

Hugues Ansermoz n'est plus à la tête des Suissesses. Il a été
remercié mardi et remplacé par Mauro Pini, qui oeuvrait cette
saison au sein de l'équipe masculine. Le Vaudois (46 ans) paie
avant tout les mauvais résultats enregistrés cette saison dans les
disciplines techniques, dans lesquelles aucune Suissesse n'avait
décroché son ticket pour Vancouver.



Les techniciennes helvétiques n'ont ainsi inscrit que 132 points
au total en Coupe du monde cet hiver (646 en 2008/2009!). La 4e
place de Fabienne Suter dans le géant olympique constitue en outre
le seul résultat probant de la saison. Ansermoz, qui n'a sans doute
pas su s'entourer de manière idéale dans la gestion des disciplines
techniques, n'a pas non plus été capable d'emmener ses protégées
sur le podium dans les épreuves de vitesse des JO 2010. Le Vaudois,
dont le contrat arrivait à terme ce printemps, avait remplacé Osi
Inglin au début de l'exercice 2006/ 2007. Il venait alors de
quitter l'équipe dames du Canada, après des JO de Turin
manqués...

Les arguments de Swiss-Ski

"Hugues a fait de l'équipe de
Suisse dames l'une des toutes meilleures du monde dans les
disciplines de vitesse, avec plusieurs filles capables de monter
sur un podium. Nous lui en sommes reconnaissants"
, explique le
responsable du sport d'élite au sein de Swiss-Ski, Dierk Beisel,
qui précise que la Fédération et Ansermoz envisagent de poursuivre
leur collaboration sous une autre forme. "Les filles présentent
un bon bilan cet hiver avec dix podiums dont deux victoires, mais
ces succès ont été acquis grâce aux seules épreuves de vitesse.
Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait une nouvelle
impulsion, et que seul un changement à la tête de l'équipe
permettrait aux filles de progresser également dans les disciplines
techniques
", souligne encore Beisel. /si/ggol



L'AMERTUNE ET LA SURPRISE D'ANSERMOZ

J'ai l'impression
que cette décision avait déjà été prise depuis un bon bout de temps

Hughes Ansermoz

tsrsport.ch:

- Hugues, votre départ avait déjà
été évoqué par le "Blick" après les JO ratés. Aujourd'hui,
Swiss-Ski a actionné la guillottine. Votre réaction
?



HUGUES ANSERMOZ:

Je suis très surpris.
Franchement, je ne m'y attendais pas. J'étais convoqué à Berne,
mais je pensais que c'était pour parler de ma vision du futur... La
semaine passée, à Garmisch, on avait encore parlé de la suite avec
mon staff d'entraîneurs... Je pensais vraiment pouvoir continuer ma
mission. A l'heure qu'il est, je suis très très déçu.



tsrsport.ch:

- Vous avez appris la nouvelle
mardi à midi. Avez-vous l'impression que le quotidien de boulevard
a eu votre tête
?



HUGUES ANSERMOZ:

Non, je ne crois pas. A
Swiss-Ski, 1-2 personnes avaient déjà décidé ça il y a quelque
temps... Ce qui est vraiment dommage, c'est que la saison prochaine
devait être une grande saison, avec le retour des blessées Lara
Gut, Sandra Gini et Fraenzi Aufdenblatten notamment...



tsrsport.ch:

- Mais au fond de vous-même,
vous la comprenez cette décision? Généralement, quand ça ne va pas,
le coach trinque..
.



HUGUES ANSERMOZ:

A mon avis, on ne pouvait pas me
reprocher grand-chose, nos objectifs de la saison ont été remplis,
avec 10 podiums par 7 filles différentes. Certes, on est passé à
côté à Vancouver, mais je suis sûr que si Fabienne Suter avait fait
sa médaille en géant, je serais toujours là...



tsrsport.ch:

- Vous l'avez évoqué avant, vous
n'avez pas été aidé par les blessures, celles de vos "locomotives"
Lara Gut avant même le début de la saison, puis de Fraenzi
Aufdenblatten, Martina Schild ou encore Dominique
Gisin..
.



HUGUES ANSERMOZ:

Il est vrai que ces forfaits
nous ont enlevé beaucoup de profondeur dans l'équipe et
d'éventuelles chances de médailles à Vancouver.

Le problème lancinant des disciplines techniques

tsrsport.ch: - Swiss-Ski vous reproche une
"progression faible voire inexistante au cours des dernières
années" dans les disciplines techniques. Pas faux...




HUGUES ANSERMOZ: Non, effectivement. Mais rien ne
s'est fait non plus les 4-5 ans avant que je n'arrive... A ce
moment-là, il n'y avait que Sonja Nef, qui tenait l'équipe à bout
de bras... Là, en slalom, on a réussi à commencer à construire
quelque chose, gentiment. Mais il nous manque des athlètes, et là
je ne peux pas y faire grand-chose. Trop de filles partent trop
vite vers la vitesse.



tsrsport.ch: - Mais qu'auriez-vous entrepris
dans le domaine si vous aviez pu continuer?




HUGUES ANSERMOZ: Mon projet était que toutes les
filles s'entraînent ensemble tout le temps. Et on aurait emmené les
2-3 filles qui skient en Coupe d'Europe avec nous lors de notre
camp d'été en Nouvelle-Zélande, histoire de les faire progresser
plus vite.



tsrsport.ch: - Savez-vous déjà ce que vous
allez faire désormais?




HUGUES ANSERMOZ: Franchement, non. Je n'aurais
pas imaginé ne pas continuer. Dans ma tête, il était clair que
j'allais poursuivre avec la même vie. Là je suis encore sous
contrat pendant trois mois, puis on verra. Mais Swiss-Ski m'a
proposé autre chose...



tsrsport.ch: - Et peut-on vous demander
quoi?




HUGUES ANSERMOZ: Un poste plus sur le plan
national, dans la gestion des courses FIS hommes et dames. Une
sorte de directeur de course, en somme. Mais je dois réfléchir.
Puis, l'éventuelle possibilité de rester plus près de ma famille
sera toujours tentante!



tsrsport.ch: - A l'heure actuelle, est-ce que
Hugues Ansermoz en veut plus particulièrement à l'une ou l'autre
personne?




HUGUES ANSERMOZ: Non, je n'en veux à personne.
J'ai juste l'impression que cette décision avait déjà été prise
depuis un bon bout de temps. A Garmisch, quand je faisais mon
travail avec mes entraîneurs, des gens me regardaient comme s'ils
savaient déjà que je ne serais de toute façon plus là
ensuite!



Propos recueillis par Daniel Burkhalter

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Notre commentaire

Le "Blick" a gagné: Hugues Ansermoz n'est plus l'entraîneur en chef des skieuses helvétiques. Le Vaudois de 46 ans paie pour des JO ratés (aucune médaille) et pour une "progression faible voire inexistante depuis quelques années" dans les disciplines techniques. Le bilan de la saison, Jeux exceptés, est pourtant à considérer comme positif, avec 2 succès et 10 podiums. Ceci en tenant compte de l'absence complète du prodige Lara Gut, gravement blessée à la hanche avant le début de l'hiver. Mais voilà, le hic c'est que tous les podiums ont été fêtés en vitesse. Dans les disciplines techniques, le désert.

En géant et en slalom, les techniciennes suisses n'ont marqué que 132 pts, contre 646 en 08/09! Pis, pas une slalomeuse n'a pu s'aligner aux JO 2010! La blessure de la cheffe de file Sandra Gini n'a certes pas aidé, mais le mal est ailleurs: les athlètes manquent, ou n'ont tout simplement pas le niveau. On voit donc mal ce que peut changer l'arrivée de Mauro Pini. A moins que le Tessinois n'exhibe une baguette magique. Le choix de Pini n'est toutefois pas anodin puisque le coach de Val Bedretto a quasi toujours travaillé avec des filles avant de remplacer Patrice Morisod chez les garçons à l'été 2009.

Mieux, Mauro Pini avait fait de l'Espagnole Rienda Contreras (6 succès en Coupe du monde) l'une des meilleures géantistes du monde, avant de partir diriger le team privé de... Lara Gut pendant l'hiver 2008/09. Les retrouvailles Pini-Gut sont donc programmées. Mais avec quelle issue? On se souvient que Pini, plus sur la même longueur d'onde que le papa du prodige de Comano, Pauli, avait préféré s'en aller chez Swiss-Ski après une saison. Autre dimension périlleuse du pari de Swiss-Ski, les Cuche et autre Défago perdent un nouvel entraîneur une année après Morisod. D'habitude, on ne change pourtant pas une équipe qui gagne, non?

Daniel Burkhalter

Mauro Pini retrouve les filles

Mauro Pini (45 ans) retrouve donc le ski féminin après une seule saison passée avec Didier Cuche, Didier Défago, Silvan Zurbriggen ou Ambrosi Hoffmann. Le Tessinois - dont le successeur dans le camp masculin n'est pas encore connu - avait quitté l'entourage de la prodige Lara Gut pour remplacer Patrice Morisod, parti en France. Son objectif à long terme est de permettre à la Suisse d'aligner une équipe de techniciennes susceptible de s'illustrer lors des JO 2014 à Sotchi.

Pini, qui avait notamment déjà été approché par Swiss-Ski pour succéder à Inglin, s'est fait un nom dans le ski féminin et dans les disciplines techniques en particulier. C'est grâce à lui que l'Espagnole Maria-José Rienda Contreras s'est construit un palmarès en s'adjugeant six géants de Coupe du monde. Et c'est également sous sa houlette que Lara Gut a pu fêter sa première victoire durant l'exercice 2008/2009, où la Tessinoise avait également conquis deux médailles d'argent (descente et super-combiné) aux Mondiaux de Val d'Isère.

"Je suis très motivé à l'idée de me lancer ce nouveau défi, explique Pini. La décision a toutefois été difficile à prendre. Il n'est pas évident de quitter une équipe d'un tel niveau et avec laquelle je n'ai passé qu'une année. Quand Swiss-Ski m'a approché, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me décider. Mais ils ont réussi à me convaincre. Je partage leur vision concernant l'avenir de cette équipe dames. Le fait de très bien connaître Lara Gut et son encadrement va aussi me faciliter la tâche".