Surnommé affectueusement "grand-père" sur le Cirque blanc, Marco
Buechel (39 ans en novembre prochain) n'est pourtant pas le plus
vieux skieur en activité (le Suédois Patrick Järbyn tient la
"palme" avec ses 41 ans). Mais voilà, pour le plus suisse des
Liechtensteinois, à la bonne humeur légendaire et communicative, le
temps est quasi venu de dire "tschüss".
Mais c'est tout schuss que "Büxi", qui s'entraîne depuis 12 ans
avec l'équipe de Suisse, ira au bout de sa 16e saison de Coupe du
monde (plus de 260 départs). Au passage, il aura disputé ses 6es
Jeux olympiques! D'ici-là, il fêtera peut-être une 5e
victoire...
tsrsport.ch a rencontré ce passionné de moto et de sports extrêmes
à Wengen. Le futur consultant pour la TV allemande évoque sa
carrière, le ski en général et la sécurité. En toute
franchise.
tsrsport.ch: - Marco Büchel, voici venu votre
dernier Lauberhorn. Que représente Wengen pour vous? Peut-on parler
d'une dernière saison d'adieux?
MARCO BÜCHEL: Je reviendrai, mais en spectateur!
En fait, je ne fais pas une tournée d'adieux car j'ai encore
l'ambition d'être rapide. Et je veux gagner cette épreuve. Une
tournée d'adieux, c'est "winky winky" et ce n'est pas mon genre.
Mais je veux aussi apprécier ma course. Je suis bien conscient que
je suis là pour la dernière fois comme skieur, et Wengen, c'est
quand même joli... C'est l'une des plus belles descentes, je me
sens bien ici. J'apprécie le décor, les gens, la course et la piste
dans son ensemble. J'espère donc être rapide et d'apprécier ma
dernière course ici.
tsrsport.ch:- Vous avez gagné une fois à
Kitzbühel (super-g). Une victoire à Wengen avant la retraite, ce
serait beau, non?
MARCO BÜCHEL: Oui oui, ce serait bien. A Wengen,
mon meilleur résultat est autour de la 5e place. Jamais loin donc.
Mais jamais de victoire, ni de podium non plus. L'objectif était
quand même de réussir un podium ici une fois. Il n'y a pas beaucoup
de descentes où je ne suis pas grimpé sur le podium. Il me manque
Bormio, Wengen et Chamonix. Bormio, c'est passé, il n'y a pas de
course à Chamonix cet hiver, il ne reste donc plus que
Wengen...
Il y a des "règles" qui comptent à Wengen
Quand on court pour
la 1ère fois au Lauberhorn, on ne peut "normalement" pas gagner
Marco Büchel
tsrsport.ch:
- Qu'est-ce qui vous a manqué à
Wengen jusque-là?
MARCO BÜCHEL:
A Wengen, il te faut quelque chose
de particulier. C'est bien quand tu as beaucoup de descentes au
compteur, mais il y a d'autres "règles" qui comptent au Lauberhorn.
Quand on court pour la 1ère fois ici, on ne peut "normalement" pas
gagner, il y a trop de passages-clés à apprendre à connaître. Si tu
commets une seule erreur dans l'un de ces passages, tu n'as aucune
chance de gagner. Le rythme et le temps que tu perds, tu ne les
reprends jamais. Ce sont des choses à savoir, des passages qu'on
apprend à connaître en y passant plusieurs fois. Moi, j'ai déjà
skié 5-6 fois ici et maintenant je sais à peu près, ou plus ou
moins précisément, comment je dois skier dans ces passages-là pour
espérer gagner.
tsrsport.ch:
- Donc, plus on prend de l'âge
plus c'est "facile" à Wengen?
MARCO BÜCHEL:
(rires)! Oui, peut-être, mais c'est
comme pour le vin, au bout d'un moment, il faut le boire sinon ça
devient du vinaigre (rires)! En fait, mes meilleures années,
c'était en 2006-2007-2008. Ce serait beau si je pouvais encore
réussir un podium cette année. Ce ne sera en tout cas pas ma
meilleure saison. Mais je suis très fier d'être performant à 38
ans, d'être encore en Coupe du monde à mon âge, et d'être un
concurrent sérieux.
tsrsport.ch:
- Mais ce dernier podium espéré,
il ne serait pas plus beau à Vancouver?
MARCO BÜCHEL:
Oui, c'est pas faux. En théorie,
une médaille olympique est toujours plus belle qu'un podium en
Coupe du monde. Mais si j'écoute mon cœur, je préférerais m'imposer
à Wengen.
"Je ne suis pas vraiment fan des Jeux olympiques"
tsrsport.ch:
- A
Vancouver, vous allez disputer vos 6es Jeux olympiques. Cette
longévité est incroyable, non? Les JO, c'est toujours quelque chose
de nouveau pour vous?
MARCO BÜCHEL:
Non, pas vraiment. En fait, je n'en
suis pas vraiment fan. Peut-être parce que j'y ai participé très
souvent... (rires)! En fait, je n'ai jamais vraiment eu de succès
aux JO. J'y suis allé 2 fois en tant que "touriste olympique", sans
aucune chance, une fois en tant que "médaillable", mais j'ai été
dépassé par les événements, une autre fois pendant une très
mauvaise saison et la dernière fois en tant que co-favori, et là
encore je n'ai pas réussi (6e ou 7e). C'est pourquoi mes attentes
ne sont pas très élevées. Aux Jeux, tout est si compliqué pour nous
les athlètes, notamment au niveau des réglementations liées à la
publicité. Le Comité olympique génère énormément d'argent en
vendant les Jeux partout, alors que nous, nous n'avons rien le
droit de gagner. Si on a le moindre sponsor, on est exclu. Je
trouve ça un peu... triste.
Mais en ce qui concerne la course, la compétition, c'est
grandiose. Une médaille, ce serait quand même un rêve. Si tu
rentres de Vancouver avec une médaille autour du cou, tu peux dire
que ta carrière est réussie.
tsrsport.ch:
- Mais même avant ces JO, Marco
Büchel peut se dire qu'il a eu une belle carrière, non?
MARCO BÜCHEL:
Oui oui, je peux. Il est clair que
10 ou 20 victoires cela aurait été bien. Moi, j'en ai 4 et près de
20 podiums. Oui, j'ai eu une belle carrière. Il y a beaucoup de
gens qui n'ont jamais disputé la Coupe du monde, qui ne sont jamais
monté sur un podium et encore jamais gagné. Il y a 15 ans, certains
disaient: "Büchel, il ne réussira jamais! Aucune chance!". J'ai eu
une longue carrière, n'ai jamais été sérieusement blessé (il tape
sur la table en bois), ai eu du succès, remporté de belles courses
comme Kitzbühel. C'était beau, oui.
"Je suis traité comme n'importe quel Suisse"
tsrsport.ch:
- Votre carrière aurait pu être
différente, avec davantage de victoires, si vous aviez couru pour
la Suisse, patrie de votre mère?
MARCO BÜCHEL:
En théorie, j'aurais pu changer et
courir pour la Suisse. Mais au niveau des sentiments, cela aurait
été la même chose. Les résultats n'auraient pas été meilleurs non
plus. Au sein de l'équipe de Suisse, je suis traité exactement
comme n'importe quel Suisse. Que je cours pour la Suisse ou le
Liechtenstein, ça ne change rien. Mais cela aurait été plus "grand"
dans les médias si j'avais gagné pour la Suisse plutôt que pour le
Liechtenstein.
tsrsport.ch:
- Finalement, quels sont les
avantages et les inconvénients de courir pour le Liechtenstein
plutôt que pour la Suisse?
MARCO BÜCHEL:
L'avantage de courir pour le
Liechtenstein, c'est que je suis toujours qualifié pour les gros
événements! Toujours une place au départ et pas de pression de la
part des médias. L'inconvénient, c'est au niveau des sponsors.
Comme ma présence dans les médias est moindre (réd: 2 journaux
seulement en Principauté), je gagne moins. Je suis certes
intéressant publicitairement parlant, mais si je courais pour la
Suisse, je serais davantage dans les médias et donc plus
intéressant pour les sponsors. Les miens sont tous du
Liechstenstein. Mais je n'ai jamais vraiment trop pensé à ça. Pour
moi, il n'a jamais été question de changer de patrie pour ça,
jamais! Je referais la même chose si je devais recommencer.
"Au fond, mes choix ont toujours été les bons"
tsrsport.ch:- Vous ne changeriez vraiment
rien dans votre carrière?
MARCO BÜCHEL: Avec le savoir que j'ai maintenant,
je gérerais certaines courses différemment au niveau du matériel.
Avec ce ski plutôt que celui-là, cette chaussure plutôt que
l'autre, etc. Je m'entraînerais plus là, je ferais plus de pause à
ce moment-là, ou... Mais ce ne sont que des détails. Dans le fond,
mes choix ont toujours été les bons. Que ce soit au niveau de la
patrie, de mon matériel, etc.
tsrsport.ch:- En 1999, vous aviez gagné la
médaille d'argent mondiale en géant. Or vous ne disputez
aujourd'hui plus de géants. Pourquoi ?
MARCO BÜCHEL: J'étais un spécialiste de géant à
l'époque, pendant 4-5 ans dans le groupe 1 mondial et pendant 3 ans
dans le top-7 de la discipline. C'était une autre époque, les skis
étaient encore fins et longs (rires)! J'ai toujours été un skieur
"au feeling", mais avec l'évolution du matériel, ce facteur n'était
plus aussi important, il a laissé sa place à l'attaque. Et en
passant à la descente, j'ai un peu perdu certaines facultés en
géant. J'ai encore eu quelques bons résultats pendant quelques
saisons, puis j'ai constaté que pour être rapide en géant, je
devrais m'entraîner davantage. Au niveau de mon gabarit (réd: 186
cm pour 98 kg), ça ne correspondait plus au géant. Les autres
devenaient toujours plus rapides, mais pas moi. Je n'avais plus
aucune chance de rivaliser. Parfois, le géant me manque, c'est sûr,
je m'entraîne d'ailleurs encore beaucoup dans la discipline mais
voilà, cette époque est révolue...
tsrsport.ch:- Vous êtes devenus plus âgé mais
courrez les disciplines de vitesse. La peur n'est jamais
venue?
MARCO BÜCHEL: A l'époque, j'avais peur. Puis ça a
passé. Maintenant, ce n'est pas que j'ai peur, mais je réfléchis
davantage, vers la fin de ma carrière. C'est assez spécial. Tu sais
que c'est ta dernière saison, que tu as toujours été épargné par
les blessures (réd: il retape sur la table). Là, j'ai encore 5
descentes : Wengen, Kitzbühel, les JO, Kvitfjell et Garmisch. Ces 5
courses, je veux absolument les boucler en forme. C'est comme un
sprint final. J'ai eu une belle carrière, je veux rester en santé,
mais en même temps je veux prendre beaucoup de risques. Ce n'est
pas facile à gérer. Mais autant à Val Gardena qu'à Bormio, j'ai
réussi à attaquer à fond. Au départ, il faut mettre le cerveau sur
"off", ou en tout cas certaines parties de celui-ci, et en laisser
d'autres travailler...
"J'ai triché envers moi-même le printemps dernier"
Je sens toujours
plus que le moment est venu de raccrocher
Marco Büchel
tsrsport.ch:
- Donc, qu'est-ce que vous vous
dites maintenant? "Chouette, encore 5 courses", ou "zut, plus que 5
courses"?
MARCO BÜCHEL:
(soupirs)... Ici, à Wengen, c'est
plutôt "dommage, plus que 5"... Je prends toujours davantage
conscience que c'est bientôt fini. Mais je sais aussi que je ne
changerai pas d'avis. Je ne suis pas trop fan de ceux qui annoncent
leur retraite, puis finalement décident de continuer. Quand je
prends une décision, c'est comme ça, c'est tout. Je sens toujours
plus que le moment est venu de raccrocher. J'ai toujours dit que le
jour où je n'aurais plus le feu, j'arrêterais tout de suite.
Immédiatement! Cet hiver, ce sentiment est arrivé pour la 1ère
fois.
En fait, j'ai triché envers moi-même en disant que je courrais
encore cette saison. J'aurais dû arrêter au printemps dernier. Mais
j'ai alors pensé que je pourrais faire mieux, que le ski me
manquerait vraiment trop. Je voulais encore aller une fois sur la
Coupe du monde et montrer que je peux encore le faire, et ensuite
arrêter. J'ai eu un super été, avec de très bons entraînements,
tout a été parfait. Je me suis même entraîné davantage que la
saison d'avant. Maintenant, je suis content que tout aille à
nouveau bien, content de skier dans le top-10. Donc je peux
apprécier toutes ces courses, skier vite et dire adieu.
Propos recueillis à Wengen par Daniel Burkhalter
"Il faudra être un descendeur très complet pour gagner aux Jeux"
tsrsport.ch:- La piste olympique, à Whistler Mountain, c'est une bonne piste pour vous?
MARCO BÜCHEL: Je ne le sais pas vraiment. Je suis allé une fois à Whistler, il y a 2 ans. Nous avons disputé un géant et un super-G. J'ai bien appris à connaître la piste, mais aujourd'hui, quand je ferme les yeux, je ne sais pas vraiment comment elle est. A ce que j'ai entendu, il faudra être un descendeur très complet pour gagner, et j'espère être un descendeur complet...
tsrsport.ch:- Que personne ne connaisse vraiment la piste, est-ce un avantage ou un inconvénient?
MARCO BÜCHEL: A mon avis, l'expérience sera utile, car il y a beaucoup de mouvements de terrain, de changements de direction. Les Canadiens ont pu s'entraîner sur cette piste, ce qui sera un gros avantage. Mais le jour-J, un Cuche aura de grosses chances de s'imposer. Que la piste soit nouvelle ou pas, il est tellement pro, tellement complet qu'il peut gagner. Ce serait vraiment beau pour lui, la dernière médaille olympique qui lui manque. Lui qui gagne et moi 2e, je serais très content. Un beau podium...
"Le ski a toujours été dangereux, en 1960 comme en 2010"
tsrsport.ch:- On a beaucoup parlé de la sécurité ces derniers temps. Quel est l'avis d'un coureur expérimenté, qui a connu plusieurs générations de skieurs? Skier est-il devenu plus dangereux?
MARCO BÜCHEL: Cela a toujours été dangereux, en 1960 comme en 2010. En 1960, même le casque n'était pas obligatoire. En 1970, il n'y avait aucun filet, etc. Avec les années, on a amélioré plein de choses. Mais le matériel s'est lui aussi amélioré, devenant toujours plus rapide. La course du Lauberhorn, il y a 20 ans, c'était 400 à 600-700 m plus court qu'aujourd'hui. Alors que le départ et l'arrivée n'ont pas bougé... Et nous sommes toujours aussi vite à l'arrivée. Cela signifie qu'on va plus vite qu'à l'époque à cause du matériel.
tsrsport.ch:- Mais est-ce que ça peut devenir encore plus rapide? Faut-il couper l'évolution du matériel?
MARCO BÜCHEL: Si on continue comme ça, oui (rires)! On améliorera toujours la qualité de la préparation de la piste, du matériel, etc. On essaie d'être toujours plus rapide. Aujourd'hui, il faut mener des discussions. Certaines personnes disent qu'il faut laisser les skis comme ils sont maintenant, d'autres qu'il faut revenir en arrière, etc. La dernière solution est impossible, car on perdrait des spectateurs si on va tout à coup moins vite. C'est important de discuter, que la FIS et les coureurs réfléchissent. On va trouver des solutions, ou tenter d'en trouver. C'est une période intéressante. Mais quoi qu'on décide, ce sera toujours dangereux.
tsrsport.ch:- Le ski est-il plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque ?
MARCO BÜCHEL: Pour les coureurs, ça l'a toujours été. Aujourd'hui, on fait davantage pour la sécurité (filets, interventions médicales, etc). Mais au niveau de la vitesse, ce n'est pas devenu moins dangereux. Avant ou maintenant, il faut de toute façon du courage pour s'élancer en bas d'une piste.
On ne peut plus tracer comme à l'époque
tsrsport.ch:- Les descentes d'aujourd'hui sont elles encore vraiment des descentes?
MARCO BÜCHEL: Oui oui. Les "anciens" estiment qu'on skiait plus direct à l'époque, ce que je peux imaginer. Mais si on traçait aujourd'hui comme on le faisait à l'époque, il y aurait énormément d'accidents! Dans quelle direction veut-on aller dans le futur? Il faut en discuter. Aujourd'hui, pour un athlète, c'est vraiment génial de skier. C'est dangereux, mais il y a tellement de choses à faire.
tsrsport.ch:- Vous avez eu beaucoup de chances au niveau des blessures (opéré une fois d'une main cassée et d'une épaule). Comment l'expliquer? La chance?
MARCO BÜCHEL: De la chance, oui, mais j'ai aussi eu l'avantage d'avoir commencé avec les longs skis fins. Ils étaient moins dangereux pour les ligaments croisés. Un jeune qui débarque aujourd'hui avec des genoux fragiles, l'accident est vite arrivé avec les "carving". Avec l'ancien matériel, mes ligaments ont pu se développer et se fortifier gentiment, de manière saine. Ils sont donc solides et très élastiques, et mes articulations stables. Mais l'accident peut arriver demain (réd: il tape encore sur la table). C'est très rare pour un descendeur d'avoir été pareillement épargné. Mon plus grand but, c'est d'arriver au bout en ayant été épargné par ces grosses blessures.
Marco Büchel express
Première chose faite au réveil: je jure... après mon réveil!
Repas préféré: les knöpflis au fromage, spécialité du Liechtenstein.
Boisson favorite: je ne suis pas suisse, j'ai le droit de le dire: de la bière blanche (rires)!
Destination de vacances favorite: l'Afrique du Sud.
Film préféré: The Big Lebowski.
Programme TV favori: des documentaires et les nouvelles.
Est-on un grand lecteur quand on a écrit un livre? disons... moyen. Il ne faut pas que le livre ait plus de 400 pages (rires)!
Plus grande qualité: ma bonne humeur, mon attitude positive.
Plus grand défaut: mon impatience.
Si tu n'avais pas été skieur: pilote d'hélicoptère.
Le dopage, c'est: malheureusement, ça existe. J'en ai jamais vu dans mon sport. Mais des gens ont eu des contrôles positifs. Je pense que plus difficile est le sport, plus technique il est, moins le dopage a de l'influence. Surtout si le matériel joue aussi un grand rôle. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas en ski, mais je trouve dommage et surtout que c'est de la triche, sale et malhonnête ! Quand je suis arrivé dans l'équipe de Suisse, j'ai eu la chance d'être avec Michael von Grünigen, mon modèle. Il a gagné plus de 20 courses Coupe du monde et je peux dire à 100% qu'il ne s'est jamais dopé. C'est pour ça que je sais qu'il est possible de gagner sans dopage.
Ton salaire: en Suisse, personne ne le dit, c'est juste? Pourtant, on lit parfois dans les journaux ce que je gagne comme "prize-money". La saison passée, c'était environ 80'000 fr., sans les sponsors. Un skieur qui réussit des podiums ou qui est régulièrement dans le top-10 vit bien. Pour celui qui n'est pas régulièrement dans le top-15, c'est difficile.
En raison de la crise, les salaires baissent aussi chez nous. Dès la saison prochaine, ils seront plus bas. Mais si on gagne des courses, on gagnera toujours bien sa vie. Mais au vu des risques que l'on prend, ce n'est pas assez. Je dois dire aussi que je suis le skieur le plus mal payé du top-15 de ces 10 dernières années parce que je cours pour le Lichtenstein.
La retraite dorée: pas pour moi en tout cas! Mais d'autres le peuvent. Dans notre équipe, il y en a quelques-uns qui pourraient ne plus rien faire... (rires). Moi je devrai travailler.
Marco Büchel et ses collègues...
Le skieur le moins agréable: je ne peux pas le dire, je devrais réfléchir trop longtemps...
Le skieur le mieux habillé: il y en a peu qui sont bien habillés parmi les skieurs, moi y compris. Nous ne sommes pas des footballeurs. Eux, ils doivent avoir les lunettes X, le sac Y, etc.
Le skieur le plus "noceur": ça, je n'ai pas le droit de le dire (rires)!
Le skieur le plus dépensier: chez nous, très certainement moi. Une nouvelle moto, une nouvelle voiture, etc.