Les skieurs suisses en "chercheurs d'or" au Canada

Est-il possible de faire aussi bien que les 11 médailles "ski"
de Calgary, il y a 22 ans? Telle est la question qui glisse sous la
carre de tout un pays à quelques heures de la cérémonie d'ouverture
des Jeux olympiques de Vancouver. Les Helvètes ne restent-ils pas
sur 20 podiums - dont 8 succès - en 28 courses en cet hiver
olympique?



Aujourd'hui, il n'est donc pas prétentieux d'affirmer que les
Didier, Cuche et Défago, Carlo Janka, Silvan Zurbriggen et autres
Dominique Gisin et Fabienne Suter ont les lattes pour rêver
olympique. Ou, mieux encore, métallique! Reste que la météo,
influencée par le Pacifique voisin, pourrait faire partie du
jeu.



Favoris, les Suisses vont-ils devenirs de simples joueurs de
loto?

Didier Cuche, on lui tient... le pouce

A ce jeu-là, Didier Cuche et Carlo Janka paraissent avoir les
meilleures cartes en mains. Le Neuchâtelois tirera de son pouce
meurtri il y a 15 jours à Kranjska Gora et opéré dans la foulée une
motivation supplémentaire pour aller chercher ce titre olympique
qui fait encore défaut à son sublime palmarès. Descente, super-G ou
géant, le skieur des Bugnenets, récent double vainqueur à
Kitzbühel, est affûté pour grimper sur les trois podiums. Mais
attention à l'excès de confiance et au bourg balancé impunément. Le
"couac" de Salt Lake en super-G - il était sorti alors qu'il était
en piste pour le podium, si ce n'est la victoire - n'est pas encore
oublié.



Et Didier Défago dans tout cela? Dans les grands événements, le
Morginois n'a jamais eu une bonne main. Et si ça changeait enfin à
Vancouver?

"Jänks" a le nell en mains

Carlo Janka, lui, a assurément le nell dans son jeu. Attendu
nulle part mais en même temps espéré partout, le Grison a la force
mentale et le talent pour mettre tout le monde pomme. Titré aussi
bien à Beaver Creek (trois fois en trois jours!) qu'à Wengen,
"Jänks" a démontré qu'il pouvait gagner sur toutes les neiges.
Parce que rester de glace est sa marque de fabrique!



Autre atout dans le camp masculin, celui présenté par le régulier
Silvan Zurbriggen, qui reste sur quatre podiums en Coupe du monde.
En slalom ou en super-combiné, le Haut-Valaisan a toutes les cartes
dans son jeu pour devenir le premier skieur suisse médaillé d'or
olympique depuis... Pirmin Zurbriggen.



Si les Canadiens, les seuls à avoir pu s'entraîner sur la piste de
Whistler - Robbie Dixon et le meilleur glisseur du Circuit "Manny"
Osborne-Paradis sont même des "régionaux de l'étape", seront les
adversaires privilégiés des Helvètes en vitesse, l'Autriche devrait
reprendre la main dans les disciplines techniques. Le polyvalent et
leader de la Coupe du monde Benjamin Raich ne rendra d'ailleurs pas
facilement ses titres en slalom et géant. A moins que
l'imprévisible Bode Miller, à la chasse d'un or olympique qui lui
manque encore, repointe le bout de ses spatules...

Difficile de viser l'or chez les filles

Si les hommes seront des
"chercheurs d'or" au Canada, les filles seront plus raisonnables,
et ce surtout par la force des choses. Ce qui ne les empêche pas
d'avoir des rêves de médailles plein leurs jolies mirettes. Mais
voilà, avec la domination féroce de Lindsey Vonn (forfait pour une
blessure au tibia?) en vitesse et l'absence d'une délégation
technique au Canada, difficile de rêver mieux qu'argent ou bronze.
Sauf, évidemment, si la météo devait là aussi distribuer les
strapontins à la criée!



Lara Gut et Fränzi Aufdenblatten blessées, le statut de candidate
no1 à la médaille est dévolu à la jeune Fabienne Suter (24 ans),
qui disputer ses premiers Jeux. La Schwytzoise (l'une des quatre de
l'équipe!) n'a plus quitté le top-10 depuis six courses, géant
excepté.

Styger, un sacré atout confiance à Whistler

Nadia Styger n'est peut-être pas favorite, mais une outsider en
puissance. En février 2008, l'autre skieuse de Sattel avait fait
sienne la descente pré-olympique de Whistler. Un atout non
négligeable au niveau confiance... Restent Dominique Gisin - mais
a-t-elle vraiment totalement récupéré de son arthroscopie à un
genou, le 10 janvier? - et Nadja Kamer, dont les qualités de
glisseuse pourraient faire merveille au Canada.



Dans les disciplines techniques, là où l'appétit de la belle Vonn
est moins carnassier, l'Allemande Maria Riesch - elle pourrait
aussi marcher sur les plates-bandes de l'Américaine en vitesse... -
et les Autrichiennes Kathrin Zettel et Marlies Schild seront des
numéros bien difficiles à aller décrocher. On n'oubliera pas non
plus Anja Pärson. A l'instar des Aamodt et Kjus il y a quelques
années, la Suédoise au riche palmarès s'est "reposée" tout l'hiver
jusque-là pour être en forme à Vancouver.

DU SKI "FUN" SYNONYME D'OR?

Si les médailles "alpines" sont
possibles mais pas assurées, c'est dans les disciplines "fun" que
la Suisse du ski est quasi certaine de se parer d'or, et notamment
en skicross masculin.



Premièrement, la bannière à croix blanche a toujours flotté au
plus haut lors de l'introduction d'une nouvelle discipline aux Jeux
d'hiver (or en saut acrobatique pour Sonny Schönbächler en 1994, en
curling pour Lausanne Olympique et pour Gian Simmen en halfpipe à
Nagano), et le skicross en est une. Puis, en Mike Schmid, leader de
la Coupe du monde, notre pays tient assurément un colosse (1m90,
100 kg) aux pieds et spatules d'or.



Chez les filles, les Vaudoises Fanny Smith (17 ans, 2e à Lake
Placid à fin janvier) et Emilie Serain tenteront de se mettre en
évidence.



Reine du "Full Full Full", jadis garant d'or, Evelyne Leu remettra
son titre en jeu en saut acrobatique. Et la Bâloise ne va pas le
lâcher facilement!



Daniel Burkhalter