Nation no 1 lors des Mondiaux 2009 de ski alpin à Val d'Isère,
la Suisse a reculé à la troisième place aux Jeux olympiques de
Vancouver, derrière les Etats-Unis et l'Allemagne. Ce repli cache
toutefois deux réalités bien différentes: les messieurs ont réussi
leurs Jeux (3 médailles), mais pas les dames (0).
Même s'il a récolté une médaille de moins qu'en Savoie,
l'entraîneur Martin Rufener a jugé "très positif" le
résultat de ses hommes en Colombie-Britannique. Le coach bernois
s'est appuyé sur les précédents JO pour faire son bilan: "Après
Turin, nous avions dit que notre objectif était de décrocher un
titre à Vancouver. Or nous en avons eu deux (Défago et Janka),
ainsi qu'une médaille de bronze (Zurbriggen). Je suis
ravi de notre bilan olympique", a-t-il commenté.
Dans le chapitre des déceptions, Rufener a parlé du cas Didier
Cuche. "Avec la forme qui était la sienne en janvier (réd:
doublé à Kitzbühel), on pouvait s'attendre à mieux. Mais il y a
eu ensuite une blessure (pouce cassé à Kranjska Gora) et
un manque de réussite aux Jeux", a-t-il noté. "Didier aura
toutefois l'occasion de se reprendre rapidement en Coupe du monde
avec le Globe de descente", at-il relevé.
Hugues Ansermoz menacé
Si les contre-performances de Cuche ont
pu être compensées chez les messieurs, l'absence sur blessure de
Lara Gut ne l'a pas été chez les dames. La Tessinoise, double
médaillée à Val d'Isère, a cruellement manqué à l'entraîneur Hugues
Ansermoz. "Avec Fabienne Suter, je pensais néanmoins que nous
aurions pu décrocher une médaille", avait regretté le Vaudois
la semaine dernière.
Las, la Schwytzoise n'a pas été à la hauteur dans sa discipline
forte (13e en super-G) et peu en réussite dans les autres épreuves
(3 diplômes, aucune médaille). "Pour ne rien arranger, nous
n'avons pas été épargnés par les blessures", a rappelé
Ansermoz, lui qui avait notamment perdu Fränzi Aufdenblatten,
Martina Schild et Sandra Gini avant les Jeux.
Si Rufener restera en place au moins jusqu'aux Mondiaux 2011 de
Garmisch, Ansermoz pourrait faire les frais des JO ratés de ses
filles. Le "Blick" a par exemple déjà lancé des noms de futurs
successeurs au Vaudois, dont son prédécesseur Osi Inglin. Les
pontes de Swiss Ski se pencheront sur son cas à la fin de la
saison. Pour mémoire, des Jeux ratés à Turin avaient déjà coûté la
place d'Ansermoz, qui était à l'époque responsable des
Canadiennes.
Dans la moyenne par rapport aux derniers JO
Par rapport aux derniers JO, les
skieurs suisses ont rendu une copie correcte à Vancouver, mais sans
plus. Leurs trois médailles se situent dans la lignée de ce qu'ils
avaient fait à Turin (3 podiums), Salt Lake City (1), Nagano (2),
Lillehammer (4) et Albertville (1).
Seule véritable "valeur aberrante" dans l'histoire olympique,
celle de Calgary en 1988, lorsque Pirmin Zurbriggen et Cie avaient
raflé onze médailles.
LE SKI NORDIQUE BAT L'ALPIN
Le ski nordique a été le sport le plus couronné de succès dans le
camp suisse aux JO de Vancouver (3 titres), devançant même le
cousin alpin (2). Cette prestation est à mettre au crédit de deux
phénomènes, Simon Ammann et Dario Cologna.
En saut à skis, Ammann est entré dans l'histoire de son sport et
celle de la Suisse en enlevant ses troisième et quatrième titres
olympiques. Il est LA figure helvétique de ces JO, voire même de
l'ensemble des joutes. Outre le résultat, le St-Gallois y a mis la
manière ont survolant la concurrence avec une aisance déroutante.
Les images d'Ammann se posant plusieurs mètres plus loin que ses
rivaux resteront dans les mémoires.
Las, le sauteur du Toggenburg n'est pas éternel. Agé de 28 ans, il
a dit vouloir continuer jusqu'aux Mondiaux 2011 d'Oslo. Il se
prononcera ensuite sur la suite de sa carrière. Aux JO de Sotchi en
2010, Ammann aura 32 ans. Soit exactement le même âge que le
Polonais Adam Malysz, deux fois dauphin du St-Gallois à Vancouver.
De quoi lui donner des idées?
Il faut l'espérer. Car au vu de la mauvaise passe d'Andreas Küttel
(30 ans) et du désert dans la relève, le saut à skis suisse
pourrait vivre des lendemains de fête très difficiles à Sotchi.
Goût amer en fond
En ski de fond, Cologna voulait une médaille. Il l'a eue.
Toutefois, après sa démonstration sur le 15 km, on aurait pu rêver
à mieux. Lors de la double poursuite (30 km), son épreuve phare, un
jour sans et un mauvais choix de matériel le condamnaient au rôle
de spectateur (13e). Encore plus frustrant, il tombait lors du
sprint final du 50 km alors que la médaille de bronze lui semblait
promise. A 23 ans seulement, le fondeur du Val Müstair aura
largement le temps de se venger lors des prochains JO.
La véritable déception en fond est venue des relais. Tant en
sprint par équipes (11e) que lors du 4 x 10 km (10e), Cologna était
trop seul pour jouer les podiums. Attendu pour signer un coup avec
leur leader, le trio Remo Fischer/Curdin Perl/Toni Livers n'a pas
été à la hauteur. A Sotchi, Fischer aura 32 ans et sera le plus âgé
de la bande. De quoi laisser le temps à cette équipe de s'aguerrir
et de confirmer les espoirs placés en elle.
Le combiné comme maillon faible
Pour le combiné nordique, les Suisses pourront faire que mieux à
Sotchi. Ils n'étaient pas attendus à Vancouver, et ils n'ont pas
crée de surprise. Le relais a pris la neuvième place, alors que dix
équipes étaient en lice. Dans les deux épreuves individuelles, la
onzième place de Ronny Heer sur le petit tremplin constitue le
meilleur résultat helvétique des joutes.
si/dbu
Morgins fête son champion Défago
Morgins s'est mis en quatre, dimanche, pour fêter "son" champion olympique de descente Didier Défago. Le skieur valaisan, de retour de Vancouver, a parcouru les rues de son village natal en cortège et en calèche avec son épouse et ses enfants. "C'est une fête fantastique avec une belle ambiance!", s'est réjouie Marianne Maret, présidente de la commune de Troistorrents.
Parmi les participants figuraient plusieurs personnalités sportives dont les anciens champions de ski Roland Colombin, Joël Gaspoz et Pirmin Zurbriggen, lequel a décroché l'or olympique il y a 22 ans. Même le maire de Châtel, station française voisine de Morgins, et son conseil communal ont fait le déplacement. Selon les estimations des organisateurs, près de 4000 personnes ont participé aux festivités.
3000 litres de soupe
Calicots, petits drapeaux, acclamations et quelques flocons de neige ont accompagné le champion valaisan durant le cortège, suivi de la partie officielle, d'un repas et d'un bal. La commune avait concocté une surprise particulière: la diffusion en boucle sur deux écrans géants de toutes les descentes olympiques depuis 1960.
Les chiffres des victuailles de la fête en disent long sur l'ampleur de l'organisation: 150 fromages du Val d'Illiez, 3000 litres de soupe des Portes du Soleil, 200 kilos de pain et 5000 bouteilles de vin.