Didier Cuche remet en jeu dès ce week-end à Lake Louise (Can)
son globe de descente. Double tenant du titre, le Neuchâtelois
visera la passe de trois. Un exploit que seuls quatre skieurs ont
réussi dans l'histoire, dont un Suisse, Franz Heinzer, de 1991 à
1993. Interview avec le Vaudruzien de 34 ans.
Sportinformation: Votre saison a parfaitement
commencé avec une 2e place en géant à Sölden (Aut). On vous annonce
aussi très fort en vitesse. Tenez-vous la forme de votre
vie?
Didier Cuche: C'est difficile à dire. Ce que je
sais, c'est que je suis en bonne forme. Je n'étais pas tout devant
lors des derniers entraînements, mais j'en ai gardé sous le pied.
Je voulais éviter toute chute et toute blessure bête. J'ai hâte
maintenant d'en découdre en course.
Quel rôle joue votre expérience?
Didier Cuche: Je sens que le travail effectué ces
dernières années paie. Dans les disciplines de vitesse, il faut que
plusieurs éléments concordent. Or, par le passé, il y avait
toujours quelque chose qui ne fonctionnait pas, par exemple au
niveau du matériel. Mais depuis deux ans, je sais exactement ce
qu'il faut régler et réunir pour être devant lors des courses.
"Il faut se réjouir d'une deuxième place"
Vos résultats impressionnent par leur constance. Lors des 20
dernières descentes, vous avez terminé 17 fois dans le top 6 et 12
fois sur le podium. Quel sentiment cela vous
inspire-t-il?
Didier Cuche: C'est une grande fierté d'avoir
aligné de bons résultats sur n'importe quelle piste, qu'elle soit
technique ou davantage vouée à la glisse. Je dois une importante
part de ma réussite à ma marque de skis (Head) et à mon serviceman
(Chris Krause) qui travaille jour et nuit pour moi.
Vous comptez 43 podiums dans votre carrière en Coupe du monde,
pour «seulement» 8 victoires. Ressentez-vous une frustration à ce
niveau?
Didier Cuche: Pas du tout. L'important est que je
reste en bonne santé. Néanmoins, il est vrai que les centièmes
n'ont pas souvent été de mon côté. Mais j'espère qu'à long terme
cela va s'équilibrer, à commencer par cet hiver. Certains coureurs
aimeraient, ne serait-ce qu'une seule fois, être si bien classés.
Il ne faut donc pas être présompteux et se réjouir d'une deuxième
place.
"Je profite davantage du circuit"
Vous dégagez une impression de sérénité, alors que cela
n'était pas toujours le cas par le passé. Une question
d'âge?
Didier Cuche: Quand j'ai eu ma dernière grosse
blessure, il y a trois ans, j'ai eu l'occasion d'observer la Coupe
du monde depuis l'extérieur. J'ai pris conscience que je ne
pourrais plus en faire partie pendant dix ans encore. Du coup, je
profite davantage.
Et qu'en était-il à l'époque?
Didier Cuche: Je suis arrivé sur le circuit lors
d'une période difficile. L'équipe de Suisse était souvent critiquée
et je me sentais personnellement attaqué. A l'époque, j'étais
content de mon niveau, mais cela ne suffisait pas pour les médias
et le public. Aujourd'hui, je suis capable de faire la part des
choses. Cela reste parfois difficile, notamment quand on me manque
de respect. Derrière le sportif, il y a toujours un homme.
"J'aime le calme de la tournée nord-américaine"
Quelle est votre relation avec la piste de Lake Louise, sur
laquelle vous avez terminé deux fois troisième en super-G en 2002
et 2007?
Didier Cuche: J'ai souvent eu par le passé des
problèmes sur les parties de glisse. Mais mon matériel est
aujourd'hui bien plus performant. Néanmoins, il manque peut-être
quelques difficultés à Lake Louise pour que je puisse bien
m'exprimer. Si cela ne marche pas ce week-end, ce n'est pas grave
car nous attaquerons dans la foulée les courses de Beaver Creek qui
me conviennent très bien.
Cela vous dérange-t-il qu'il y ait si peu de spectateurs lors
de ces courses en Amérique du Nord?
Didier Cuche: L'essentiel est que ces épreuves
soient diffusées en prime-time en Europe. Au-delà de ça, j'aime
beaucoup cette tournée nord-américaine. C'est beaucoup plus calme
que Kitzbühel, Wengen ou Adelboden où nous n'avons pas une minute
de calme.
C'est une de vos dernières saisons. Pensez-vous à la
retraite?
Didier Cuche: Je veux encore courir l'hiver
prochain, année des JO de Vancouver. Ensuite, tout dépendra de ma
santé. Mon dos me fait de plus en plus souffrir en raison de la
charge des entraînements. Mais si cela ne s'aggrave pas, je me vois
bien rester encore un moment sur le circuit. Parce que,
franchement, qu'est-ce qu'il y de plus beau que d'être
skieur?
si. Propos recueillis par Werner Eisenring à Lake Louise.
Descente messieurs à Lake Louise (29.11)
3e entraînement (28.11)
1. John Kucera CAN 1'47"26
2. Georg Streitberger AUT + 0"06
3. Ralf Kreuzer SUI 0"21
4. Erik Guay CAN 0"65
5. Scott Mccartney USA 0"73
9. Daniel Albrecht SUI 0"86
10. Tobias Gruenenfelder SUI 0"87
12. Silvan Zurbriggen SUI 0"99
18. Cornel Zueger SUI 1"35
25. Didier Défago SUI 1"47
33. Ambrosi Hoffmann SUI 1"93
54. Carlo Janka SUI 2"86
58. Olivier Brand SUI 3"51
Cuche légèrement fiévreux
Didier Cuche n'a pas disputé le dernier entraînement en vue de la descente.
Le Neuchâtelois, légèrement fiévreux, est en effet resté à l'hôtel afin de ne pas prendre de risque.