Svindal puissance 10 à Beaver Creek. Défago bon 6e.

Beaver Creek 2007: Aksel Lund Svindal est victime d'un effrayant
crash dans le Colorado. Beaver Creek 2008: il s'impose lors de la
descente devant Marco Büchel et Erik Guay. Bref, dans le genre
conjuration du sort, le Norvégien a fait fort, très fort. Le 27
novembre 2007, Svindal avait été fauché à 28 ans au sommet de sa
forme.



Lui qui semblait invincible et raflait tout sur le circuit avait
connu une saute de concentration lors du premier entraînement sur
la piste américaine. Sur le «Golden Eagle», un des plus
impressionnants sauts de l'hiver, il basculait vers l'arrière et
s'écrasait.



Bilan de ce terrible vol plané: fractures au visage ainsi qu'une
profonde entaille à la cuisse et à la fesse gauche. S'en étaient
suivi une opération de plusieurs heures, une longue convalescence
et une flopée de doutes sur son retour. Svindal avait dû tout
reprendre à zéro, délesté de 15 kilos.

«Dans les tripes»

Mais Svindal est revenu. Il a rechaussé ses skis en février,
puis participé à première course lors d'une exhibition en avril à
Verbier. Ceux qui l'avaient croisé durant la préparation estivale
l'annonçaient en pleine forme. Son retour au sommet était donc
attendu. Mais pas si tôt dans la saison et, surtout, pas sur la
piste qui lui avait fait tant de misères l'an dernier.



«Ce n'est pas une revanche», a lâché le Norvégien.
«Je n'en voulais à personne. Je suis heureux. Normalement quand
je gagne, je saute en l'air. Mais là c'est vraiment très spécial,
c'est plus dans les tripes, à l'intérieur, que ça se passe.»
Avant d'ajouter: «C'était incroyable de voir les autres
descendre et ne pas arriver à me battre (réd: il est parti
avec le dossard 13). Avec ce succès, je crois que j'ai fait un
grand pas vers le retour au niveau où j'étais avant mon
accident.»



Pour cueillir la dixième victoire de sa carrière, Svindal a
devancé d'un cheveu (0''06) l'inoxydable liechtensteinois Marco
Büchel, qui monte à 37 ans sur le 17e podium de sa carrière. Le top
3 est complété par le Québécois Erik Guay (à 0''35).

Défago meilleur Suisse

Côté suisse, on a fait dans le tir groupé. Didier Défago a pris
le sixième rang, après déjà deux places dans les 10 le week-end
dernier à Lake Louise. C'est la confirmation que le Valaisan fait
partie des cadors en vitesse cet hiver. A Beaver Creek, et comme
souvent par le passé, il a manqué au Morginois la capacité
d'effectuer une descente immaculée, sans petites erreurs. Le jour
où il y parviendra, les podiums devraient assurément tomber.



Une analyse corroborée par le principal intéressé: «Une fois
de plus, j'ai accumulé plusieurs petites imperfections. Il ne faut
pas chercher plus loin les trois dixièmes qui me font rater le
podium.»



Juste derrière Défago, Ambrosi Hoffmann et Daniel Albrecht se sont
classés respectivement 8e et 9e. Sur une piste qui sourit aux vrais
descendeurs et aux coureurs expérimentés, la performance d'Albrecht
est à relever. La polyvalence du Haut-Valaisan s'affirme de plus en
plus et, parallèlement, son statut de favori au grand globe de
cristal. Au classement général de la Coupe du monde, Albrecht est
d'ailleurs toujours en tête, ex aequo avec Svindal.

Cuche et Miller se ratent

Un des grands perdants du jour s'appelle Didier Cuche. A mi
course, une trajectoire mal tenue lui a fait perdre beaucoup de
temps et l'a fait échouer à un décevant 15e rang (à 1''39 de
Svindal). «Après cette faute, je ne savais même pas si j'avais
passé toutes les portes. Avec une telle erreur, je suis encore 15e.
C'est le seul point positif de la journée», a-t-il
relevé.



Sa contre-performance en descente tombe une semaine après son 32e
rang à Lake Louise. Autant donc dire que le Neuchâtelois devra
cravacher pour conserver son globe dans la discipline. Maigre
consolation pour Cuche, son grand rival Bode Miller n'a pas marqué
le moindre point lors de la première course de Beaver Creek (un
super-G et un géant sont encore au programme).



L'Américain a percuté une porte à plus de 120 km/h. Choqué et
prostré un long moment dans la neige, il a finalement pu rejoindre
la ligne d'arrivée sur ses skis. On peut encore souligner que le
come-back de Svindal intervient cinq jours après celui, tout aussi
inespéré, d'Hermann Maier. Vainqueur en super-G à Lake Louise,
l'Autrichien s'est classé 12e à Beaver Creek.



si/tou