Les années se suivent mais ne se ressemblent malheureusement pas
beaucoup à Adelboden. Un an après le formidable doublé Marc
Berthod-Daniel Albrecht, le géant oberlandais n'a cette fois guère
souri aux Helvètes, absents du podium. Tout était pourtant réuni
pour que la fête soit belle.
Tous les cadors à la faute après 30 secondes
Une "Chuenisbärgli" parée de son plus beau manteau neigeux, un
soleil radieux et un nouveau record de spectateurs (25'500). Les
géantistes suisses n'avaient plus "qu'à" briller. Mais voilà,
l'espoir de toute une nation a été réduit à néant après quatre fois
30 secondes, le temps pour Didier Cuche, Didier Défago, Daniel
Albrecht et Carlo Janka de "fauter".
Mais si Patrice Morisod, l'entraîneur du groupe vitesse, admettait
une "petite déception", celle-ci a été vite dissippée par
la superbe performance de Sandro Viletta, quatrième (avec le
meilleur temps de la deuxième manche!) alors qu'il n'avait réussi
que le 25e chrono du 1er tracé!
"On savait qu'il pouvait le faire"
"A l'entraînement, Sandro rivalise avec Cuche et Albrecht,
on savait donc qu'il pouvait le faire", raconte Martin
Rufener, chef alpin masculin. "Mais de là à ce qu'il le fasse
sur cette piste difficile, et avec le dossard no53..."
Du coup, le Grison de 23 ans a virtuellement assuré son ticket
pour les Championnats du monde de Val d'Isère. Là même où il avait
fini 6e du super-combiné, le 12 décembre dernier, son meilleur
résultat en Coupe du monde.
Berthod assure lui aussi virtuellement son ticket
A l'instar de Viletta, Marc Berthod a
lui aussi réussi sa journée oberlandaise. Le Grison, vainqueur sur
la "Chuenisbärgli" l'an passé, n'avait pas le droit à l'erreur à
l'occasion de ce dernier géant avant les Mondiaux savoyards (3-15
février). Sixième final, Berthod - seul skieur à avoir gagné en
géant et en slalom à Adelboden - a donc su résister à une folle
pression, mais a surtout rempli les conditions (top-7 ou 2 fois
top-15) pour aller à Val d'Isère.
Avec Viletta et Berthod, il y a donc désormais six candidats pour
seulement quatre places! "C'est un problème positif, on va le
gérer", sourit Patrice Morisod. Selon Martin Rufener, Albrecht
et Janka, vainqueurs à Sölden et... Val d'Isère, devraient être
assurés de leur place. Les deux dernières se joueront donc entre
Cuche, Défago, Berthod et Viletta.
Sélections internes, ou forme du moment?
Comment? Rien n'est évidemment encore décidé. "On verra si
on organise des sélections internes ou si on décide par rapport à
la forme du moment lors des prochains entraînements",
précisait encore le "big boss" Martin Rufener.
Ce ne sont évidemment que des suppositions, mais on imagine assez
mal les entraîneurs suisses écarter Didier Cuche, deuxième à Sölden
et toujours dans le top-6 à l'exception d'Adelboden (11e)...
CE QU'ILS ONT DIT
SANDRO VILETTA: Quand j'ai vu le soleil, la
piste et tous ces gens, j'ai rêvé de réussir un truc. Mais mon tout
premier objectif, c'était de me qualifier pour la 2e manche! Quand
j'ai passé l'arrivée du 2e parcours, je savais que j'avais fait une
bonne course mais que tout n'était pas parfait. Puis, plus les
coureurs passaient, plus je me disais que j'avais réussi un grand
truc. Le faire ici, dans le cadre d'une fête du ski, il n'y a pas
mieux!
MARC BERTHOD: Ce résultat, c'est un grand
soulagement. Je vais maintenant pouvoir skier de façon plus
libérée. Un résultat déclencheur? Je ne sais pas, mais au moins je
l'ai!
DIDIER CUCHE: J'ai tout perdu en 1ère manche.
Je commets 2 fautes qui me coûtent 2 secondes sur les 1"74 que je
perds! Ensuite, j'étais un peu plus crispé que d'habitude sur le 2e
tracé. Viletta? Se qualifier avec le dossard 53 sur une piste
marquée, c'est un exploit. Mais c'est un gars dont on va encore
beaucoup entendre parler...
DIDIER DEFAGO: J'attendais quand même un peu
mieux. Que ce soit en 1ère ou en 2e manche, je n'ai skié à mon
niveau que depuis la petite traverse.
BENJAMIN RAICH: Quand tu vois l'ambiance
qu'il y a là, tu sais pourquoi tu fais ce métier.
THOMAS LUTHI (moto, en spectateur): C'est
franchement impressionnant. Quand on voit avec quelle vitesse ils
abordent ce dernier mur, c'est époustouflant. Même pour un
spécialiste de la vitesse comme moi!
Adelboden, Daniel Burkhalter
CDM messieurs, Adelboden, géant (10.01)
1. Benjamin Raich AUT 2'24"95
2. Massi. Blardone ITA + 0"24
3. Kjetil Jansrud NOR 0"72
4. Sandro Viletta SUI 0"92
5. Cyprien Richard FRA 1"10
6. Marc Berthod SUI 1"30
7. Steve Missillier FRA 1"32
8. Alexander Ploner ITA 1"39
9. Ted Ligety USA 1"40
10. Aksel Svindal NOR 1"42
11. Didier Cuche SUI 1"44
. Marcel Hirscher AUT 1"44
13. Christoph Gruber AUT 1"53
14. Peter Fill ITA 1"54
15. Ph. Schoerghofer AUT 1"56
22. Carlo Janka SUI 1"95
26. Daniel Albrecht SUI 2"56
29. Didier Défago SUI 6"71
.
GEANT (5/8)
1.Raich 286
2.Ligety 241
3.Cuche 234
4.Blardone 224
5.Albrecht 221
7.Janka 183
21.Berthod 65
.
GENERAL
1. Benjamin Raich AUT 533
2. Jean-B. Grange FRA 478
3. Aksel Svindal NOR 470
4. Ivica Kostelic CRO 409
5. Didier Cuche SUI 403
6. Daniel Albrecht SUI 367
7. Carlo Janka SUI 366
9. Didier Défago SUI 333
25. Ambrosi Hoffmann SUI 157
32. Silvan Zurbriggen SUI 98
34. Sandro Viletta SUI 95
39. Marc Berthod SUI 82
Benjamin Raich, ou la magie du chiffre "3"
Benjamin Raich est lui bien loin de ces soucis liés à Val d'Isère. Lui, il y sera aux Mondiaux, c'est sûr. Vainqueur une troisième fois sur la mythique "Chuenisbärgli" après 2006 et 2007 (la 13e victoire en géant), le Tyrolien a pris la tête du classement général. Une journée décidément marquée du "3" pour "Benni", qui s'est élancé avec le dossard no3, qui a fêté sa 3e victoire de la saison et la 33e de sa carrière!
Son troisième succès à Adelboden, "l'éclair du Pitztal" l'a construit en première manche, sur un tracé piqueté par son frère Florian. "C'était un petit avantage, c'est certain. Mais j'ai déjà signé des meilleurs chronos sur d'autres manches!".