Didier Défago s'impose sur le mythique Lauberhorn

Tout le monde l'attendait, Didier. Cuche, pas Défago. C'est
pourtant ce dernier, qui déclarait mercredi encore "ne pas
avoir de bonnes sensations sur cette piste", qui est monté sur
la plus haute marche du podium au Lauberhorn. Le Neuchâtelois, lui,
a fini 10e, soit bien loin de ses 2es places, en 2007 et
2008.



Jusque-là, le Morginois de 31 ans n'était encore jamais monté sur
un podium en descente. "Le faire ici, à Wengen et devant mon
public, et en plus gagner, c'est incroyable", jubilait-il.
"Depuis la fin de la saison passée et le début de celle-ci, je
savais que le podium se rapprochait", livrait "Déf".

Un Didier Défago très régulier

Souvent dans l'ombre de Cuche, Didier Défago n'a pourtant rien
volé au Lauberhorn. Depuis le début de l'hiver, le Valaisan a
toujours figuré dans le top-10 dans les épreuves de vitesse, à
l'exception de la descente de Bormio (12e). Régulier certes, mais
Défago a toujours eu la mauvaise habitude de commettre l'une ou
l'autre grosse faute par manche pour voir le podium, si ce n'est la
victoire, lui échapper.



Cette fois pas. "Déf" a livré une manche parfaite pour cueillir sa
deuxième victoire en Coupe du monde, pour un total de 10 podiums.
"La course sans aucune erreur, ça n'arrivera jamais, mais celle
sans grosse faute, elle existe enfin", lâchait-il.

Six ans après Bruno Kernen

Depuis sa
victoire en super-G à Val Gardena en décembre 2002, Didier Défago
ne s'est jamais découragé, y a toujours cru. Entre temps, il a
changé de matériel, a pris le temps de s'y habituer pour inscrire,
six ans après Bruno Kernen, son nom au prestigieux palmarès du
Lauberhorn. "J'avais un peu fini par me dire 'qu'un podium, ce
n'est pas si mal'", glisse le jeune papa. "La victoire ici
me surprend quand même, mais pas le podium".



Et ce sont 29'000 spectateurs - nouveau record - qui ont fait sa
fête à Défago, chantant son nom à la façon de "Volare", le tube des
Gipsy Kings. "On se serait cru dans un stade de
foot!".

Miller privé des livres d'histoire

Premier vainqueur romand à Wengen depuis le sacre de William
Besse en 1994, Didier Défago a aussi privé Bode Miller, double
"tenant du titre", des livres d'histoire. Le record de la légende
autrichienne Franz Klammer, lauréat en 1975, 1976 et 1977, tient
donc toujours.



Sur les 4480m de course, le Valaisan a laissé l'Américain à 0"20,
soit exactement 5,89m! "C'est sensationnel. Je commence
gentiment à réaliser, mais il est difficile de décrire mon
sentiment".

Réception spéciale dimanche à Morgins

Submergé par l'émotion, "Déf" s'est d'ailleurs totalement
relâché, "s'encastrant" même dans les bâches. "Je n'avais plus
rien envie de contrôler". Pour fêter son nouveau héros, sa
commune de Morgins lui organisera même une réception particulière
dimanche, à 11h au bas des pistes. Didier Défago l'a bien
mérité.

CE QU'ILS ONT DIT



BODE MILLER (2e): Je ne suis pas encore
capable de skier au niveau qui doit être le mien en raison d'une
blessure à la cheville. Ca me fait mal seulement dans ma chaussure
de ski, et principalement en slalom. Mais je crois qu'on a trouvé
une solution. Aujourd'hui, je me suis aligné avec des skis neufs,
sur le conseil de mon serviceman. Il m'a dit: "Ceux-là vont vite".
J'ai pris un risque en lui faisant confiance. J'espère que ce
résultat va maintenant me relancer.



MARCO SULLIVAN (3e): J'avais dit que les
Suisses seraient durs à battre, mais je ne pensais pas que ce
serait Défago (rires)! Un podium devant mon père, qui n'était
jamais venu en Euro pe, et ma soeur, c'est fantastique.



DIDIER CUCHE (10e): J'ai complètement raté la
1ère courbe, secteur non filmé mais d'où on emmène beaucoup de
vitesse. Après les entraînements, tout le monde disait que Cuche
était favori, tous voulaient savoir comment il réagirait en cas de
succès, où s'il finissait à nouveau 2e, etc. Ce n'est pas facile à
gérer. Il faudrait pouvoir rester au calme. Mais c'est de ma fau
te, je n'ai pas réussi à bien skier.



AMBROSI HOFFMANN (4e): Didier Défago est un
super coureur, mais un peu comme un cornet surprise. On ne sait pas
ce qui en sort. Je le savais capable de gagner. Il est toujours
resté dans l'ombre mais là la lumière est à lui.



DANIEL DEFAGO (frère de Didier, ex-coureur):
Je suis très fier. Didier a tellement attendu avant de fêter
cette nouvelle victoire. Et gagner ici, à Wengen, sur le
Lauberhorn, c'est énorme! On parle toujours des autres, jamais de
Didier alors qu'il est toujours placé. Je suis persuadé qu'il y
aura encore d'autres jours comme celui-là.



WILLIAM BESSE (consultant tsr, dernier vainqueur romand à
Wengen, en 1994): C'est fantastique, je suis vraiment
heureux pour lui. J'avais vécu un moment inoubliable. J'espère que
ce sera la même chose pour lui. Jusque-là, il y avait toujours un
endroit où il faisait une faute. Là, il n'y en a pas eu!



Wengen, Daniel Burkhalter