Didier Défago gagne la descente de Kitzbühel!

Passer des années dans l'ombre, puis rentrer dans l'histoire en
une semaine: un conte de fées? Un scénario hollywoodien? Non, le
destin de Didier Défago, vainqueur de la descente de Kitzbühel le
week-end suivant son triomphe à Wengen.



Il y a dix jours, donc, le Valaisan de 31 ans n'était qu'un
coureur comme on en voit tant en Coupe du monde. Souvent placé,
jamais tout devant. Puis les événements se sont précipités: succès
sur le Lauberhorn, victoire sur la Streif, entrée au panthéon du
ski alpin. Ce terme de panthéon n'a rien de surfait.



Il suffit de se plonger dans l'histoire du Cirque blanc. Ces 30
dernières années, ils n'étaient que six à avoir enlevé le même
hiver les deux descentes 5 étoiles du circuit (11 depuis le début
de la Coupe du monde). On y retrouve que des noms prestigieux, soit
Harti Weirather, Ken Read, Marc Girardelli, Franz Heinzer, Lasse
Kjus et Stefan Eberharter. Imaginer Didier Défago côtoyer ces
légendes relève encore de l'impensable.



Le principal intéressé le reconnaît lui-même: "Je vis quelque
chose de totalement nouveau. Je pense qu'il me faudra au moins 2 ou
3 jours pour réaliser". Pas moins d'ébahissement chez son
entraîneur Patrice Morisod: "C'est tout simplement
irréaliste".

Le summum

Tellement irréaliste qu'on peut se demander s'il existe plus
beau pour un skieur. Pour Marco Büchel, camarade d'entraînement de
Défago, c'est tout vu: "Il n'y a rien de mieux que gagner dans
la foulée Wengen et Kitzbühel. A mon avis, même les Mondiaux ne
valent rien à côté. Didier est maintenant un roi!", a lâché le
Liechtensteinois.



Ces Mondiaux de Val d'Isère, le Valaisan y pense néanmoins.
"Certes, ma saison est déjà réussie et tout le reste sera du
bonus. N'empêche que ces Championnats du monde me tiennent à coeur,
moi qui n'ai jamais glané de médaille. J'espère que j'en aurai
encore sous le pied d'ici une semaine", a relevé Défago.



Outre les 107'000 francs promis au vainqueur (contre "seulement"
33 000 à Wengen), le Morginois aura l'insigne honneur de voir son
nom inscrit sur une des cabines de la station autrichienne. Ce
privilège était revenu l'an dernier à un autre Romand, Didier
Cuche.



Un Neuchâtelois qui a perdu son titre, mais pas sa forme en
terminant au quatrième rang. "Vendredi en super-G, j'étais amer
avec ma quatrième place, car je sais que j'aurais pu gagner. Mais
aujourd'hui, je ne peux pas être déçu", a commenté Cuche, qui
était encore en tête au dernier temps intermédiaire avant de
fléchir dans la partie finale de l'Hausbergkante.

Didier, Daniel et Dominique

Il faut aussi souligner que cette victoire survient dans un
contexte particulièrement émotionnel dans le camp helvétique, soit
deux jours après la chute de Daniel Albrecht à l'entraînement.
"J'ai évidemment une pensée pour Dani", a dit Défago à
propos de son jeune coéquipier, toujours dans le coma
artificiel.



"Ce qu'il a vécu est tragique. Quand il reviendra à lui,
j'espère que nos résultats lui donneront la force de retrouver le
premier plan". Et comme on ne peut décidément pas s'ennuyer
cet hiver en suivant les heurs et malheurs des coureurs suisses,
notons que le succès de Défago est tombé moins de deux heures après
celui de Dominique Gisin à Cortina, en Italie.



"J'ai vu la course de Dominique à la télé. Comme elle aussi
s'était imposée la semaine dernière à Altenmarkt, je me suis dit
que le doublé était possible". Il faut remonter au 2 décembre
2007 pour retrouver deux Suisses titrés le même jour (Martina
Schild et Daniel Albrecht).

Les médailles, puis les globes

Si le prochain objectif de Défago touche aux Mondiaux de Val
d'Isère, il devrait ensuite se focaliser sur les finales d'Are
(Suède) en mars. Tant au classement de la descente (2e à 12
points), du super-G (3e à 21 points) et du général (3e à 65
points), le Valaisan est idéalement placé dans la course aux globes
de cristal. Reste que Défago n'y pense pas encore.



Pour preuve, son choix de ne pas prendre part au slalom dominical
comptant pour le combiné. Une décision qui a fait bondir Didier
Cuche. Quand il a appris cette nouvelle, le Neuchâtelois a
téléphoné à Patrice Morisod pour qu'il persuade Défago de changer
d'avis, a rapporté l'entraîneur valaisan. Du coup, la participation
de Défago au slalom reste ouverte.

Albrecht dans un état stable

Quarante-huit heures après sa chute à Kitzbühel, Daniel Albrecht
se trouve toujours dans un état stable. Selon sa famille, le
Valaisan, qui est plongé dans un coma artificiel, a passé une nuit
calme et reste sous observation à l'hôpital d'Innsbruck.



Les médecins autrichiens avaient annoncé vendredi que le coma
artificiel était destiné à protéger le cerveau de Daniel Albrecht
et qu'il pourrait durer quelques jours. Dans l'aire d'arrivée de la
descente de Kitzbühel, le médecin de Swiss-Ski a rappelé qu'il
fallait être patient avec ce genre de cas.



Lanning souffre du genou droit



Thomas Lanning, qui a sévèrement chuté avant l'entrée dans le mur
final de la descente de Kitzbühel samedi, souffre d'une blessure au
genou droit. L'Américain a perdu l'équilibre dans le virage donnant
accès au mur final. Il a manqué la réception d'un saut, sur un
virage verglacé en dévers. Sa chute a été amortie par deux filets
de sécurité placés en contrebas de la piste. Lanning a franchi le
premier filet, avant d'être stoppé par le second. Il a ensuite été
hélitreuillé vers l'hôpital de Kitzbühel pour des examens.



si/tai