Didier Cuche remporte le Globe de cristal du géant

Didier Cuche tient son globe de cristal! En décrochant le 48e
podium de sa carrière en Coupe du monde, le Neuchâtelois s'est
adjugé, à Are, le titre en géant. Au terme d'une course haletante
remportée par Benjamin Raich (AUT) devant Ted ligety (USA), Cuche a
pu fêter son 3e triomphe après ceux remportés en descente en 2007
et 2008.

Que de chemin parcouru depuis 2006

Les yeux humides au terme de l'hymne national, Didier Cuche a
savouré le moment. Se replongeant aussi loin que les Jeux de Turin
d'où il était rentré bredouille, il a aussi revu sa victoire en
géant à Sestrières conquise il y a quelques semaines. Le
Neuchâtelois n'a pas non plus boudé son bonheur au moment de se
retourner sur le chemin parcouru dans la discipline depuis
2006.



Impérial en descente, Cuche avait décidé de faire du géant la
discipline à améliorer. En 2006, le Neuchâtelois terminait 24e de
la spécialité. Depuis, il n'a cessé de se rapprocher des meilleurs.
Septième en 2007, quatrième la saison passée, le skieur des
Bugnenets a finalement atteint le sommet cette année, devenant le
cinquième athlète seulement à compter au moins un globe en descente
et un en géant. Avant lui, seuls Jean-Claude Killy, Karl Schranz,
Marc Girardelli et Hermann Maier avaient réussi ce tour de
force.



Pour Cuche, il s'agit aussi d'une revanche sur les finales de
Bormio 2008. L'an dernier, le Neuchâtelois s'était liquéfié et
avait perdu le Globe du super-G alors qu'il comptait 99 points
d'avance avant la dernière course (sur Hannes Reichelt). Ce Globe
est mérité pour le Neuchâtelois, lui qui avait déjà récolté deux
médailles lors des Mondiaux de Val d'Isère. En géant, il est monté
quatre fois sur le podium (dont une victoire à Sestrières) et n'a
quitté qu'une seule fois le top 10 (11e à Adelboden).

Une course hors-norme

Pour un vendredi 13, question scoumoune,
Didier Cuche a été servi, la poisse s'invitant au bal dès le départ
de la première manche. Coincé dans une structure métallique du
portillon, le bâton droit de Cuche l'a laissé partir sans lui.
Malgré le handicap, le champion du monde de super-G a sorti une
manche solide, ne concédant «que» 86 centièmes à Raich.



"Lorsque j'ai senti que mon bâton n'était plus là, a
expliqué Cuche, j'ai laissé échapper le mot de Cambronne. Mais
ensuite, c'est impressionnant comme le mental a tout de suite
repris le dessus. J'ai très vite pensé de manière positive, en me
disant notamment que l'on peut aller tout aussi vite avec un seul
bâton".



L'épreuve du premier tracé et du bâton digérée, Cuche a dû faire
face, comme ses adversaires d'ailleurs, aux caprices de la météo.
Partie sous les derniers rayons de soleil, la deuxième manche
allait se terminer sous les flocons et les coups de vent. Malgré
tout, le Neuchâtelois de 34 ans a su trouver le coeur et la
concentration nécessaires à la conquête du globe de géant.

Avec Von Grünigen comme exemple

Didier Cuche a parlé de son globe comme d'un rêve de gosse.
"Ce globe représente vraiment beaucoup. Lorsque je suis arrivé
en équipe nationale et que j'ai disputé mes premiers géants,
j'essayais de m'inspirer de Michael von Grünigen. Je le regardais
skier avec de grands yeux". Le Bernois restait, jusqu'à
vendredi, le dernier Helvète à avoir conquis du cristal en géant
(2003).



Patrice Morisod, l'entraîneur du groupe de vitesse au sein duquel
évolue Cuche, s'est également montré fier de son protégé. "On
est passé à côté de certaines choses en cette fin de semaine et là,
ce globe, c'est vraiment un soulagement et une joie intense, a
relevé le technicien valaisan. Gagner en géant à presque 35
ans, dans une discipline d'habitude réservée aux skieurs plus
jeunes, c'est extraordinaire".



Autre Suisse en vue, Didier Défago a terminé sa saison de belle
manière. Le Valaisan a pris le 12e rang de l'épreuve suédoise en
réalisant le deuxième meilleur temps sur le second tracé. Seul le
Croate Ivica Kostelic, technicien hors-pair, s'est montré plus
rapide que le Morginois.

Excellente opération de Raich

Même privé du globe de géant, Raich a fait une excellente
opération au classement général de la Coupe du monde. Le Norvégien
Aksel Lund Svindal n'ayant récolté aucun point en géant,
l'Autrichien est revenu à 2 unités de Svindal. Un écart que Raich
devrait combler samedi en slalom, dernière épreuve de la saison. Le
Tyrolien avait déjà enlevé ce «grand» Globe en 2006.

La parole au Neuchâtelois

SPORTINFORMATION: Didier Cuche, ce globe
vous le vouliez à tout prix...



DIDIER CUCHE: Chaque skieur qui se retrouve dans
la position de le remporter veut réussir. Je me suis mis moi-même
des bâtons dans les roues ce matin, c'est le cas de le dire
(sourire). Ça a dû être magnifique pour tout le monde, avec
beaucoup de suspense mais je dois vous dire que je me serais bien
passé de ça.



Votre saison a été exemplaire. Seul le globe du général vous a
échappé cette semaine.



DIDIER CUCHE: Lors de ces finales, j'ai fait une
très bonne 2e place en descente, mon seul podium dans la discipline
cette saison. En super-G, avant de commettre une grosse erreur,
j'étais dans les temps des meilleurs.



Ce globe de géant, a-t-il une plus grande signification que
vos deux trophées décrochés en descente?



DIDIER CUCHE: Il n'a en tout cas pas moins de
valeur que les autres. C'est clair que mon premier, conquis en
Suisse devant un public complètement surchauffé, reste une
expérience plus forte émotionnellement. Le deuxième était une
confirmation du premier. Il m'a fait plaisir mais pas avec la même
intensité. Celui d'aujourd'hui se situe un peu entre les deux,
surtout au vu du déroulement de la journée. J'en suis tout autant
fier.



Are reste une station un peu spéciale pour vous, n'est-ce
pas?



DIDIER CUCHE: En effet. C'est là que le déclic
c'est un peu fait en 2006 lors des finales, alors que ma saison
n'avait pas été terrible. Ensuite, j'ai fait ma médaille de bronze
aux Mondiaux l'année suivante et aujourd'hui je remporte le globe
de géant.



A quoi attribuez-vous cette relation privilégiée avec la
station suédoise?



DIDIER CUCHE: C'est un tout. Je suis aussi à
l'aise en Norvège. Je me sens bien dans les pays nordiques en
général. La pression est moindre que ce soit au niveau du public ou
des médias, et au sein de l'équipe, on essaye de passer le plus de
temps possible ensemble. Cela crée une ambiance très
agréable.



agences/bao/rsch