Folle remontée de Lizeroux, Suisses qui sourient

Le soleil est revenu à Adelboden. Dans le ciel d'abord - enfin,
surtout le matin, en 1ère manche... - puis dans l'équipe de Suisse
de slalom. Un an après la débâcle 2009, avec aucun skieur qualifié
pour le 2e tracé, les Suisses ont placé deux des leurs dans le
top-10, Marc Gini (6e, ticket pour les Jeux de Vancouver assuré) et
Silvan Zurbriggen (10e).



Avec la 7e place d'Urs Imboden, ce Bernois (35 ans) qui court pour
la Moldavie depuis quelques saisons, cela fait même trois skieurs à
croix blanche parmi les meilleurs. Sur une piste aussi difficile
que la "Chuenisbärgli", l'exploit mérite le respect. "Pour
nous, c'est très important, surtout après la course de l'an
passé", confirme Silvan Zurbriggen.

Gini voit enfin le bout du tunnel

Quatorzième le matin, Marc Gini était
particulièrement heureux après sa 6e place (2e chrono de 2e manche
derrière le vainqueur, Julien Lizeroux). Doublement même. D'une
part parce que ce résultat lui assure une place dans l'avion en
direction de Vancouver, et d'autre part parce qu'il voit enfin le
bout du tunnel après un hiver 2008/09 noir. Le Grison de 25 ans,
vainqueur entre les piquets de Reiteralm en 2008, n'avait en effet
jamais pu faire mieux que 14e l'hiver passé.



"Ca fait longtemps que je cherchais à claquer un tel
résultat", confirme le skieur de Bivio, tout sourire.
"J'ai beaucoup travaillé en slalom, notamment l'hiver dernier.
Là, je sens que je retrouve l'élite de la discipline". Son
ticket pour les Jeux maintenant assuré, Marc Gini pourra désormais
skier sans pression. "Je vais pouvoir courir l'esprit libéré,
seulement pour moi". D'autant plus réjouissant que se
profilent d'autres classiques du piquet serré, à Wengen, "Kitz" et
Schladming.



"Gini avait besoin d'un tel résultat", relate Mauro Pini,
entraîneur de Swiss-Ski. "C'est d'autant plus beau que cette
piste très raide ne correspond pas forcément à ses qualités. Mais
il a su rester calme et a trouvé une bonne stabilité et une belle
continuité.".

Ce n'est pas encore
le Silvan qu'on a déjà pu voir des fois cet hiver!

Silvan Zurbriggen

Silvan
Zurbriggen affichait lui aussi une mine réjouie dans l'aire
d'arrivée, lui qui n'avait jamais terminé un slalom à Adelboden en
quatre tentatives! "Il est vrai que j'ai toujours eu de la
peine ici...", confirme le Haut-Valaisan. "Je suis donc
content, même si ce n'est pas encore le Silvan qu'on a déjà pu voir
des fois cet hiver". Une nouvelle fois, sans une 1ère manche
"sans" (19e), il aurait pu aspirer à mieux dans l'Oberland
bernois.



"Tout le monde me demande ce qui me manque. Si je le savais,
je vous le dirais!", explique le récent 2e d'Alta Badia,
vice-champion du monde 2003 à St-Moritz. "C'est une histoire de
détails. Il ne faut pas trop réfléchir. Je viens de faire 4 fois
dans le top-12, dont un podium à Alta Badia, je sais donc que je
peux aller vite. Patience!". Mauro Pini, son coach, confirme
le blocage mental de Silvan, "qu'il faut 'solutionner'".
"Il a un peu déçu en 1ère manche. Avec deux courses régulières,
il pourrait jouer facilement le podium", avance le Tessinois.
Pour ce dernier, "il manque peu à Silvan pour appartenir au
gotha du slalom".



L'ex-entraîneur de Lara Gut ne veut pas faire la fine bouche, mais
il sait que les Suisses sont encore capables de mieux. Voire
beaucoup mieux! "Il faut avoir de l'ambition. On est tout près
du dernier échelon, le plus dur à atteindre. Avec Silvan et Gini,
on a montré que la voie est la bonne". Si Zurbriggen et Gini
parviennent enfin à se lâcher, l'équipe de Suisse pourra peut-être
enfin disposer d'une véritable équipe de slalom, ce qui n'a plus
été le cas depuis bien longtemps. "Si on place régulièrement 2
athlètes dans le top-10, ce sera un bel exemple pour la
relève", espère Mauro Pini.

Justin Murisier a tenté sa chance à fond

Un exemple que le jeune Justin Murisier (18 ans) a parfaitement
suivi, malgré son haut dossard (74). Il lui a manqué... "justin"
peu de chance pour se qualifier pour le 2e tracé (+0"05). Pour son
1er départ à ce niveau, le Valaisan de Prarreyer a tenté sa chance
à fond, prenant tous les risques. "Il y a un peu de déception
d'avoir été éliminé pour si peu, mais pour ma 1ère Coupe du monde,
je suis déjà content d'être à l'arrivée", relevait celui qui a
obtenu son "invitation" grâce notamment à son 18e rang lors du
slalom de sa 5e Coupe d'Europe, le 19 décembre à Madonna di
Campiglio. Il s'était élancé avec le dossard no70!



"Je n'étais pas vraiment nerveux au départ ce matin, je me
suis préparé comme n'importe quelle autre course. Après, quand tu
entends ton nom, la pression monte un peu... C'est peut-être pour
ça que je n'ai pas réussi à lâcher les skis sur le haut!"
(rires). Mais Justin a vraiment apprécié l'expérience. "Je
reviendrais bien à Wengen...". On parie qu'il y sera?.



"Justin, c'est un gars très sympa, avec beaucoup de talent.
C'est le futur du slalom suisse". Le compliment vient d'un
connaisseur, Silvan Zurbriggen.

DECLARATIONS DE PODIUM

JULIEN LIZEROUX (1er, 3e victoire Coupe du monde après
Kitzbühel et Kranjska Gora 2009): Franchement, je
n'avais aucune idée si j'étais rapide ou non. Des fois, tu arrives
en bas avec la sensation d'être allé très vite et tu prends une
claque dans les dents. Je n'étais pas content de moi après la 1ère
manche car j'ai commis une grosse faute de junior en fin de pente.
Ensuite, j'ai fait la même manche que la 1ère, mais avec les fautes
en moins!



MARCEL HIRSCHER (2e, 6e podium Coupe du monde, le 3e en
2009/10): Je n'avais pas fini les 2 derniers slaloms,
et déjà les gens me demandaient s'il y avait un problème quelconque
dans la discipline. En fait, j'ai toujours trop forcé ces derniers
temps en slalom, à plus de 100%. Aujourd'hui, j'en suis resté à
90%, et ça a marché. Julien a été incroyable, allant vite et ne
commettant aucune erreur. Moi j'en ai fait 3-4, ceci explique
cela.



IVICA KOSTELIC (30e podium Coupe du monde, le 2e en
2009/10 et le 7e dans l'Oberland bernois): Après mon
opération au genou à la mi-décembre, je ne pensais pas retrouver
aussi vite le podium. Ma 3e place (réd: déjà derrière Hirscher!)
lors de la manche de géant annulée samedi m'a insufflé une grande
confiance car je n'avais quasi pas entraîné la discipline. Mon
genou tient, c'est ça le plus important aujourd'hui, davantage que
le résultat!



Adelboden, Daniel Burkhalter