"Ca fait plaisir d'être à la maison". Vainqueur l'an
dernier au Lauberhorn, Didier Défago n'a pas l'outrecuidance de
dire qu'il évolue dans son jardin à Wengen. Mais voilà, après le
géant tronqué d'Adelboden, annulé après une manche, le Morginois
attend avec impatience cette 1ère course "à domicile".
Lauréat 2009, "Déf" ne va pourtant pas jusqu'à se dire favori de
la descente de samedi, 80e du nom. Il aurait même tendance à faire
de Didier Cuche, 2e tant en 2007 qu'en 2008, un gros favori.
"Il y a peut-être 10 gars là-haut qui peuvent gagner ici. Mais
Didier, il faudra vraiment aller le chercher...".
Défago n'est pourtant pas homme à ne pas croire en ses chances.
Reste que 2009, c'est du passé, et 2010 une nouvelle année.
"Mais je ressors ces souvenirs à chaque fois que j'en ai
besoin". Mais Didier, nouvelle année peut-être, mais le
Lauberhorn reste toujours le Lauberhorn, non? "Au niveau de la
préparation de la piste et de la météo, ce n'est pas la même chose
chaque année. Il y a aussi eu de légères modifications de tracé à
quelques places, Tête-de-Chien et S-final notamment". Des
changement liés à la sécurité? "Faire tourner un peu plus dans
le S-final, après 2'25" dans les jambes, je ne suis pas sûr que ce
soit bien pour la sécurité...".
"Il faudra peut-être un peu de chance"
"Mais j'ai déjà gagné au Lauberhorn. Je sais donc que je
peux être rapide", annonce Défago, qui reste sur une 2e place
à Bormio. "La météo est capricieuse, il faudra peut-être un peu
de chance, même s'il devrait faire plutôt beau".
Pour quitter Wengen en vainqueur, la recette est simple à en
écouter le Morginois. "Celui qui prendra le plus de risques et
commettra le moins de fautes gagnera!". Elémentaire, mon cher
Watson A condition, bien sûr, que les skis glissent. "Par
rapport à Bormio ou "Kitz", le matériel a une grande importance
ici, où il y a beaucoup de glisse". Sur 2'30, il y a 1'15 de
matériel".
Défago a toutes les cartes en main pour signer un 2e succès
d'affilée dans la station oberlandaise, histoire d'égaler les
Klammer (3x), Girardelli, Eberharter et Miller, des "grands"
vainqueurs au moins deux fois d'affilée sur le Lauberhorn (voir
ci-contre). Le Valaisan, qui sera soutenu par son épouse Sabine
(ses enfants ne feront pas le déplacement), ne rêve en tout cas que
d'une chose: "revivre les émotions de 2009. En tout cas, si je
peux le refaire, je ne vais pas m'en priver!".
"Déf" supportera-t-il la pression liée à son statut de "tenant du
titre"? "C'est quelqu'un de très posé", relate son
entraîneur Mauro Pini. "Il sait ce que c'est d'être dans le
portillon de départ et de susciter de l'attente".
Cuche a posé les jalons d'un éventuel succès
Double dauphin de Bode Miller en 2007 et 2008 à Wengen, mais
seulement 10e l'an passé, Didier Cuche rêve de succéder à son
compatriote Défago. Le Neuchâtelois, très à l'aise au Lauberhorn
depuis sa blessure au genou et son changement de matériel, a en
tout cas d'emblée posé les bases d'un éventuel succès en remportant
le 1er entraînement, avancé à mardi. "Mais une trentaine
d'athlètes rêvent de me mener la vie dure", s'amuse
Cuche.
Le skieur des Bugnenets s'attend en tout cas à une course serrée.
"On était 10 dans la même seconde au 1er entraînement. Sur une
piste aussi longue, c'est quand même plutôt rare".
Quand on lui fait remarquer que le Lauberhorn manque encore à son
déjà superbe palmarès, Cuche utilise là aussi la plaisanterie.
"Des belles choses, il en manque encore plein à mon
palmarès!". Reste que comme tout descendeur, s'imposer à
Wengen constitue un rêve pour le Vaudruzien de 35 ans, même s'il
dit "ne pas en faire une fixation". "Le Lauberhorn,
c'est un mythe, ce serait quand même beau de l'accrocher une
fois".
Et si c'était pour cette fois? "Plaisir" est en tout cas
un mot qui revient plusieurs fois quand Cuche évoque cette
"classique" de janvier. Et comme Miller n'est pas dans sa meilleure
forme...
LA PAROLE A CARLO JANKA
CARLO JANKA: J'ai encore eu beaucoup de
puissance dans les jambes une fois la ligne franchie lors du 1er
entraînement, ça me donne une bonne confiance. Cette piste me
plaît, même si le haut du tracé, trop plat, ne me convient pas
forcément. En tant que Suisse, gagner ici serait un rêve. Ce sera
d'ailleurs mon objectif un jour. Le top-7 de la discipline peut
gagner ici. Ensuite, il y a quelques outsiders...
Wengen, Daniel Burkhalter
Défago, une victoire pour l'histoire?
Titré l'an dernier sur le Lauberhorn, Didier Défago rejoindrait des skieurs prestigieux s'il devait s'imposer à nouveau samedi. Seuls quatre athlètes ont jusqu'ici réussi l'exploit de remporter deux descentes de Coupe du monde de suite à Wengen.
Le maître de l'Oberland bernois reste Franz Klammer. Victorieux en 1975, 1976 et 1977, l'Autrichien n'a pas encore trouvé de successeur. Certes Bode Miller avait frôlé l'exploit l'an dernier en prenant la 2e place après s'être imposé en 2007 et 2008. Le Luxembourgeois Marc Girardelli avait même remporté deux descentes en deux jours (en 1989), alors que Stefan Eberharter (Aut) s'était adjugé les épreuves de 2002 et 2003. Aucun n'a réussi à faire le dernier pas.
Kristian Ghedina était lui aussi monté à deux reprises sur la plus haute marche du podium à Wengen, mais pas consécutivement. L'Italien avait gagné la première descente de 1995, la deuxième étant remportée par Kyle Rasmussen (EU). Ghedina s'imposait à nouveau en 1997 (pas de courses en 1996). /si