Janka et Zurbriggen sur le podium du combiné

Les 80es épreuves du Lauberhorn ont bien commencé pour l'équipe
de Suisse. Certes, Carlo Janka, roi du super-combiné de Wengen l'an
passé, est descendu d'une marche sur le podium, mais avec Silvan
Zurbriggen une nouvelle fois 3e (après 2007 et 2009), les Suisses
placent encore deux des leurs sur la "boîte".



Mais voilà, cette année les Suisses ont dû s'avouer vaincus par un
"revenant", Bode Miller. A 32 ans, le skieur américain retrouve la
saveur du succès après un peu moins de deux ans de "régime sans
sel" et sa victoire lors de la descente de Kvitfjell, le 1er mars
2008. Oui, à 28 jours des Jeux olympiques de Vancouver, Miller,
jamais "doré" aux JO, est à nouveau à prendre très au
sérieux.



Il y a quelques mois encore, Bode Miller ne voulait pourtant pas
entendre parler des Jeux. Il ne savait d'ailleurs même pas s'il
voulait vraiment poursuivre sa carrière. Puis, en septembre
dernier, il a tout à coup décidé de repartir pour un tour,
retrouvant même l'équipe américaine après deux ans de vie en
"solitaire". Au moment où les autres enchaînaient déjà les piquets,
lui entamait seulement sa préparation physique. Il l'avait alors
dit: "ce n'est qu'à la mi-janvier que je reviendrai en
forme". Le skieur du New Hampshire n'a pas menti, malgré une
entorse à une cheville à la mi-décembre. La forme revient.

Une véritable "success story" à Wengen

"Curieusement", c'est une nouvelle fois à Wengen que Bode Miller
repointe le bout de son nez. "Une coïncidence", dit-il.
L'as de Franconia apprécie la station oberlandaise. Une véritable
"success story": vainqueur en descente en 2007 et 2008, 2e l'an
passé et 3e en 2005. Sans oublier sa 3e place lors du super-combiné
2008. La descente de samedi lui fait donc déjà de l'oeil...



"Ca ne ressemble pourtant pas à une histoire d'amour",
rétorque Miller après avoir une nouvelle fois retiré les cornichons
de son sandwich au fromage lors de la conférence de presse.
"Wengen, c'est vraiment un endroit où il est très excitant de
skier. Une piste qui fait partie de l'histoire".



"Beaucoup de coureurs n'aiment pas trop venir ici car c'est un
peu spécial au niveau de la logistique: entre les manches, tu ne
peux pas rentrer à l'hôtel, tu es entassé dans le petit train à la
montée, etc.". A voir, cette "particularité" de Wengen ne gêne
pas Miller. "Le Lauberhorn est une piste exigeante
physiquement, avec des passages techniques et des secteurs de
glisse. Tous les "grands" ont gagné ici. C'est le test ultime pour
un descendeur", dit Miller. Pour l'Américain, la piste de
Wengen ressemble à un monstre. "Mais on y enlève des dents
(réd: parcours modifié) chaque année. C'est dommage, mais je
comprends".

Du matériel encore jamais testé!

C'est d'ailleurs grâce à une excellente performance en descente
que Bode Miller a pu signer sa 32e victoire sur le Cirque blanc. Et
ça avec du matériel jamais encore testé! "J'ai changé beaucoup
de choses ce matin avant le départ", précise-t-il. Pis,
peinant à trouver les bons réglages de chaussures avec sa cheville
douloureuse, Miller a disputé les 2 manches du super-combiné avec
les mêmes souliers, ceux de... descente! "Mes chaussures de
descente étant devenues des chaussures de slalom, il faudra que je
prenne celles de slalom pour la descente de samedi!". Une
plaisanterie, mais avec lui on ne sait jamais vraiment.



Imprévisible à souhait, le double vainqueur de la Coupe du monde
(2005 et 2008) sera ainsi l'un des gros favoris de la descente de
samedi, d'autant plus qu'à l'écouter, "la piste est plus
facile, moins exigeante sur le plan physique" que les autres
années. "Il y a bien quelques passages bosselés et gelés, mais
sinon ça va bien", relate Miller. "Heureusement d'ailleurs
car je n'ai pas encore atteint le sommet de ma forme". Les
autres apprécieront...



Troisième, Silvan Zurbriggen était content pour son voisin de
podium. "Bode est vraiment un chic type, toujours sympa avec
nous. En plus, il a eu une saison difficile. Il a fait une descente
incroyable".

Le bon feeling de Carlo Janka

Deuxième du jour, Carlo Janka a également signé le 2e meilleur
chrono - derrière Miller - de la descente matinale. De quoi marquer
des points en vue de l'épreuve de samedi. "J'ai un bon feeling
depuis le 1er entraînement", raconte le Grison. "Mais pour
samedi tout dépendra sûrement du dossard...".



A Wengen, les petits numéros sont souvent avantagés.
"Aujourd'hui j'avais le 19, Miller le 6, ça peut changer
quelque chose en descente", rajoute Janka. Malgré son jeune
âge (23 ans), le skieur d'Obersaxen, qui n'a que 6 points de retard
sur Benni Raich dans la discipline avant le dernier super-combiné
de Kitzbühel, pourrait avoir son mot à dire samedi. D'autant plus
qu'il semble négocier à la perfection certains passages-clés, comme
le "Brüggli-S". "Entre les différentes courses juniors, où
l'arrivée était juste après ce passage, j'ai appris à bien le
skier", raconte Janka.

LA PAROLE AUX AUTRES SUISSES

SILVAN ZURBRIGGEN:

Je savais que ma forme était bonne, malgré ma 10e place en
slalom à Adelboden. Elle est d'ailleurs meilleure qu'à pareille
époque en 2009, quand j'avais gagné le super-combiné de Kitzbühel.
Mais voilà, nous ne sommes pas des robots, et nous avons aussi des
jours sans. En janvier, où le calendrier est très chargé et les
périodes de repos rares, il est important de prendre les courses
les unes après les autres. C'est pour ça qu'il ne faut pas trop
penser aux JO car c'est dès que tu le fais que quelque chose va
t'arriver.

DIDIER DEFAGO:

Un bon slalom, où j'ai pu
profiter d'un bon dossard, mais 1-2 choses à corriger en descente.
J'ai d'ailleurs failli me "mettre sur le toit" (rires).



Wengen, Daniel Burkhalter