Swiss-Ski veut s'inscrire dans la continuité cette saison

Il y a des signes qui ne trompent pas. La bise s'est levée sur
Berne, le soleil peine à atteindre son zénith, les arbres se
libèrent de leurs attributs avec hâte: l'hiver est à nos portes.
Preuve supplémentaire que la belle saison est désormais derrière
nous, le ski reprend ses droits la semaine prochaine déjà, avec les
traditionnelles "avant-premières" sur le glacier de Sölden.



A nouvel hiver, nouveaux objectifs. Lors de l'inévitable
conférence de presse d'avant-saison, les dirigeants du ski
helvétique ont évoqué leurs attentes. Les mots-clé de Swiss-Ski:
renouveau, continuité et Jeux de 2010.

"Nous sommes une nation du ski"

"Nous sommes à nouveau une nation du ski!", a lancé en guise
d'ouverture Duri Bezzola, le patron de la fédération. C'est vrai
qu'il a de quoi se réjouir: après un passage à vide, le ski suisse
a retrouvé son aura la saison passée. Cinq médailles aux Mondiaux
d'Are, 12 podiums en Coupe du Monde, et pour couronner le tout, le
globe de cristal de descente à Didier Cuche. Deuxième du classement
par nations, la bande à Martin Rufener a fait vibrer tout un pays,
de l'Oberland bernois à Lenzerheide.



Pour le chef de l'équipe masculine, il s'agira cette saison de
confirmer les bonnes dispositions de ses talents. Après une
préparation estivale optimale, tant en Amérique du Sud que sur les
glaciers de Saas-Fee et Zermatt, les Cuche, Défago, Berthod,
Albrecht et autre Zurbriggen sont prêts à s'élancer.

La prudence reste de rigueur

"L'esprit du groupe est vraiment excellent", atteste Martin
Rufener, qui devra néanmoins se passer de Bruno Kernen et Juerg
Gruenenfelder à l'avenir. Tous deux blessés, ils ont mis un terme à
leur carrière lors de l'entre-saison. "Bruno va évidemment nous
manquer, tant on savait qu'on pouvait compter sur lui lors des
grands événements. Mais derrière, il y a des Viletta, Janka, Hari
ou Hofer qui poussent à la porte".



"Nous aimerions pouvoir revivre des moments comparables à ceux que
nous avons connu dans l'Oberland bernois ou à Lenzerheide, où ce
fut une véritable fête du ski suisse", affirme Martin Rufener. La
plus grande satisfaction vient du fait que désormais les Suisses
sont attendus dans toutes les disciplines. "Nos résultats ne sont
pas dus à un seul homme, plusieurs skieurs peuvent faire un
podium", se réjouit Rufener. Prudent (trop?), l'entraîneur n'évoque
pas les globes de cristal des différentes disciplines et du
général. Pourtant, les Cuche, Albrecht ou Berthod sont de sérieux
candidats aux titres.

Les filles en quête de constance

Si la saison de transition avant les Mondiaux de Val d'Isère et
les JO de Vancouver en 2010 s'annonce prometteuse pour les héros
d'Are, la situation est un peu différente chez les filles. Nommé
chef du ski féminin l'an dernier, Hugues Ansermoz n'a pas eu la
tâche facile. Désert dans les disciplines techniques, résultats qui
peinent à venir en vitesse: la saison a été "mitigée". Le Vaudois
l'a toutefois toujours dit: pas question de jouer sur le court
terme, l'objectif est clairement défini, à savoir les JO de
Vancouver.



"Nous avons manqué de constance l'année dernière. Il faudra faire
mieux cette saison". Le credo est simple pour Ansermoz: "Il faut
progresser pas à pas. Ainsi, j'aimerais que nous passions de la 5e
à la 4e place par nations en fin de saison". Les épreuves de
vitesse constitueront à nouveau les seuls espoirs de podium.



"L'année dernière, nous avons placé beaucoup de coureuses de la 6e
à la 15e place, j'aimerais vraiment qu'on arrive à retrouver les
positions tout devant". Pour cela, Ansermoz pourra compter sur le
retour de Tamara Wolf et surtout de Dominique Gisin, toutes deux
blessées en fin de saison. "Dominique est revenue deux fois plus
forte qu'auparavant. Tamara, elle, manque encore un peu de
confiance".

Confiance retrouvée pour Fränzi

Discrètes l'année passée, les locomotives Aufdenblatten et
Styger ont retrouvé leurs sensations cet été. "Il y a eu davantage
de collaboration entre les deux filles et d'autres entraîneurs,
Patrice Morisod notamment. Le genre d'échanges qui manquait avec
Fritz Züger (ndlr: remercié en fin de saison)." Elles ont, une
première, pu profiter d'un séjour dans l'hémisphère sud. "En
Nouvelle-Zélande, Fränzi et Nadia ont retrouvé le plaisir. Il n'y
pas de comparaison entre la Fränzi de cette année et celle de
l'année dernière". "Elles doivent être les leaders de l'équipe",
insiste Hugues Ansermoz.



A seulement 16 ans, Lara Gut incarne l'espoir du ski féminin.
Deuxième de la Coupe d'Europe de descente, championne de Suisse de
Super-G, la Tessinoise a faim: "On n'arrive pas à la freiner!,
dixit Ansermoz. On va cependant faire un plan à long terme et la
faire courir en Coupe d'Europe pour le moment". Aline Bonjour, qui
s'est révélée en fin de saison en slalom, connaît, elle, quelques
soucis, notamment de matériel. "Elle a beaucoup de tempérament,
elle est vite frustrée quand ça ne va pas". Quant à Sylviane
Berthod, opérée du dos à la fin août, "il est difficile de faire
des plans sur sa saison".



TXT/Samuel Jaberg