Publié

Les jours de Hans Grugger ne sont plus en danger

Hans Grugger a été transporté par hélicoptère à l'hôpital. [Carlo Ferraro]
Hans Grugger a été transporté par hélicoptère à l'hôpital. (photo archives) - [Carlo Ferraro]
Deux ans après Daniel Albrecht, la Streif a été une nouvelle fois le théâtre d'une terrible chute lors de l'entraînement de la descente de Kitzbühel. L'Autrichien Hans Grugger, gravement blessé à la tête et opéré d'urgence, serait hors de danger.

Hans Grugger a fait jeudi une grave chute lors de l'entraînement de la descente de Kitzbühel. L'Autrichien de 29 ans, qui s'élançait avec le dossard 5, a perdu le contrôle à la réception du premier saut, la Mausefalle, quelques secondes après le départ.

Il a dû subir d'urgence une opération au service de neurochirurgie de l'hôpital d'Innsbruck. Ses jours ne sont plus en danger, selon un membre de l'équipe d'Autriche. "L'opération s'est bien passée, il va passer la nuit aux soins intensifs", a simplement indiqué l'équipe autrichienne en fin d'après-midi.

"Il souffre d'un traumatisme crânien, de blessures à la cage thoracique. Il ne répond pas quand on lui parle", avait déclaré après l'accident le porte-parole de l'équipe autrichienne, Markus Ichner.

Hans Grugger est tombé lourdement sur la piste, où il est resté inerte alors que des secouristes ont tenté rapidement de lui apporter des premiers soins. Après près d'une demi-heure, l'Autrichien a été héliporté vers l'hôpital d'Innsbruck et l'entraînement a repris son cours.

Comme Daniel Albrecht en 2009

Cette chute, qui a glacé l'assistance, n'est pas sans rappeler le spectaculaire accident il y a deux ans du Valaisan Daniel Albrecht, lui aussi à l'entraînement. Le champion du monde de super-combiné 2007 avait perdu le contrôle sur le saut final, désormais raboté. Victime d'un traumatisme crânien, avec hémorragie cérébrale, et d'un aplatissement d'un poumon, il avait été placé dans le coma artificiel pendant trois semaines.

En janvier 2009, Daniel Albrecht avait subi lui aussi une terrible cabriole en fin de "Streif". [Keystone - Robert Jaeger]
En janvier 2009, Daniel Albrecht avait subi lui aussi une terrible cabriole en fin de "Streif". [Keystone - Robert Jaeger]

Passant pour un miraculé, Albrecht a repris la compétition en pointillés cette saison au terme d'un longue rééducation, pendant laquelle il a dû réapprendre à parler et à marcher. En 2008, l'Américain Scott Macartney avait été victime d'un traumatisme cranio-cérébral après s'être aussi fait piéger sur le même saut final.

La mythique Streif de Kitzbühel, convoitée et redoutée à la fois par tous les skieurs, a déjà fait bon nombre de victimes. En 1987, Todd Brooker, vainqueur en 1983, chute lourdement à l'abord de l'arrivée, terminant avec, entre autres, une forte commotion cérébrale et un genou salement amoché. Un accident qui provoque la fin de carrière du Canadien.

Deux ans plus tard, son compatriote Brian Stemmle connaît pareille mésaventure dans le Steilhang et frôle la mort (son bassin est littéralement en miettes). Le Canadien dépose une plainte contre le ski-club de Kitzbühel et gagne en justice. Il retourne ensuite plusieurs fois sur la Streif, mais une nouvelle chute, en 1999, le pousse à prendre sa retraite.

Streif briseuse de carrières

En 1991, la victime de la Mausefalle s'appelle Bill Hudson (EU/notamment fracture d'une vertèbre dorsale). En 1995, Pietro Vitalini négocie mal l'Hausbergkante et termine sa course bien au-delà des filets de sécurité. L'Italien, sauvé par l'abondante neige tombée durant plusieurs jours, s'en sort par miracle indemne.

L'année suivante, les entraînements voient tomber successivement des coureurs comme Josef Strobl (Aut), Lasse Kjus (No) ou Andreas Schifferer (Aut). Ce dernier, le plus sévèrement touché (traumatisme crânien), passera trois jours dans le coma.

Fin de carrière pour l'Autrichien Roland Assinger en 1998, après être tombé dans le schuss final. Son compatriote, l'ancien champion olympique de descente Patrick Ortlieb, doit lui aussi ranger définitivement ses skis plus vite que prévu, après un accident dans l'Hausbergkante en 1999 (fracture du fémur).

Un accident sur la Streif lors des entraînements en 2005 coûte encore une fois sa carrière à un Autrichien, Thomas Graggaber. Il arrive la même chose en 2008 à Andreas Buder, qui tente toutefois de revenir sur le circuit après six mois de pause mais sans grand succès jusqu'à ce qu'il décide de se retirer.

Un an avant le drame vécu par Daniel Albrecht, Scott Macartney chute lui aussi sur le saut d'arrivée: traumatisme crânien et coma artificel. L'Américain revient en décembre 2008 lors de la descente de Lake Louise, mais décide ensuite de mettre un terme à sa carrière.

Cuche: la piste n'est pas en cause

Comme souvent, Didier Cuche a été le plus rapide lors de l'entraînement. [KEYSTONE - Alessandro Trovati]
Comme souvent, Didier Cuche a été le plus rapide lors de l'entraînement. [KEYSTONE - Alessandro Trovati]

Ce nouvel accident ne changera en rien le programme à Kitzbühel. Car la Fédération internationale de ski (FIS) ne trouve pas matière à remettre en cause la sécurité des coureurs. "Si nous sommes 10 secondes au moins en-dessous du record de la piste, c'est bien que les mesures prises pour réduire la vitesse fonctionnent", a estimé le directeur des épreuves masculines, Günther Hujara.

L'entraînement s'est d'ailleurs poursuivi jeudi une fois Grugger envolé, mais dans un profond silence. "J'ai vu partir Grugger en sucette devant moi, cela m'a refroidi", a raconté le Français Johan Clarey, au portillon de départ juste après l'Autrichien, dossard 5.

"Il y a des télévisions là-haut et on a pu le voir. Et même si on ne le voit pas, on peut sentir que l'atmosphère a changé. Personne n'aime cela", a raconté le Norvégien Aksel Lund Svindal, triple médaillé olympique.

Grand favori du week-end, après son doublé l'an dernier, Didier Cuche estimait que la chute de l'Autrichien n'avait rien à voir avec la piste mais l'attribuait à une faute du coureur. "C'est difficile de trouver l'équilibre entre sécurité et spectacle. Quand on en arrive au point où les spectateurs ne voient pas la différence entre une descente et un super-G, c'est qu'on tue l'esprit de la descente. Cela prend du courage pour se jeter là-dedans", a fait valoir le champion du monde de super-G, auteur du meilleur chrono de l'entraînement.

Il y a deux ans, le Français Adrien Théaux avait assisté dans l'aire d'arrivée à la chute d'Albrecht, ce qui n'était pas le cas cette fois: "Dans son malheur, on préfère être en bas qu'encore au départ. Même si c'est terrible de voir cela, on a fait sa course et on n'a pas cette pression qui nous prend. Mais en haut, il faut arriver à gérer, et se concentrer encore plus pour ne pas subir la piste."

agences/alt-dbu

Publié

Cuche plante le décor

Battu de peu à Wengen samedi dernier (2e), Didier Cuche a planté le décor jeudi à Kitzbühel. Le Neuchâtelois a signé le meilleur temps de l'unique entraînement disputé en vue de la descente de samedi.

Didier Cuche semble mûr pour son premier succès de la saison. Le skieur du Val-de-Ruz a remporté pour la quatrième fois de l'hiver un entraînement de descente - après Beaver Creek, Val Gardena et Wengen -, sur une piste où il a fêté quatre de ses quatorze succès en Coupe du monde. Il s'était d'ailleurs imposé tant en descente qu'en super-G l'an passé sur la mythique Streif.

Troisième sur le Lauberhorn, Carlo Janka s'est classé 14e. Michael Walchhofer a quant à lui signé le 10e temps de cet entraînement. L'Autrichien s'est ainsi rassuré, 24 heures après s'être blessé au cou et à un genou en chutant lors d'un entraînement de super-G.

1er entraînement (20.01)
1. Didier Cuche SUI 2'01"12
2. Christof Innerhofer ITA + 0"37
3. Georg Streitberger AUT 1"18
4. Bode Miller USA 1"46
5. Klaus Kroell
AUT 1"70
6. Tobias Gruenenfelder SUI 1"99
7. Ivica Kostelic CRO 2"29
8. Erik Guay CAN 2"48
9. Romed Baumann AUT 2"51
10. Michael Walchhofer AUT 2"58
11. Ambrosi Hoffmann SUI 2"59
14. Carlo Janka SUI 2"84
15.
Patrick Kueng SUI 2"95
2
8. Silvan Zurbriggen SUI 4"17
29. Cornel Zueger SUI 4"21
38. Marc Gisin SUI 5"55

Kitzbühel, le programme du week-end

Vendredi, super-G (11h30)
Samedi, descente (11h30)
Dimanche, slalom + combiné (10h15/13h30).

Kitzbühel, l'ultime fantasme du skieur

Tout coureur rêve de s'imposer un jour à Kitzbühel, la station la plus mythique de Coupe du monde de ski alpin, qui se prépare à un long week-end de courses de vendredi à dimanche, en dépit de la grave chute de l'Autrichien Hans Grugger jeudi à l'entraînement de descente.

S'il commence par un super-G vendredi et s'achève par un slalom dimanche, le clou du week-end sera à nouveau la descente de samedi sur la vertigineuse "Streif".

Les coureurs n'avaient pas besoin de l'accident de Grugger, le troisième sévère sur cette piste en trois ans, pour avoir la boule au ventre et le coeur qui bat au portillon de départ. Avec ses deux minutes de grands frissons garantis, son plongeon final dans l'aire d'arrivée où sont massés des dizaines de spectateurs, la prime de 70'000 euros promise au vainqueur intronisé le soir même dans un pub de la ville, cette descente s'est construit une légende au fil des années pour devenir le point d'orgue de la saison.

Elle n'est pas la plus longue, la palme revenant à Wengen, mais elle est la plus redoutable de l'hiver. Comme tous les vainqueurs, Didier Cuche a déjà sa télécabine à son nom dans la station tyrolienne. Mais il pourrait en avoir quatre, comme le nombre de ses succès sur la Streif, où il avait signé un rare doublé super-G/descente l'an dernier.

"Même si il y a un peu de nervosité quand j'arrive à Kitzbühel, je suis toujours très content parce qu'ici, je n'ai que de bons souvenirs", raconte le champion du monde de super-G. "Je mens, en fait. La première fois, en 2005, j'avais peur. Au départ de l'entraînement, il avait fallu que je me raisonne pour sortir par la porte avant du portillon et non pas reprendre le télécabine. Même si j'ai perdu 8 secondes et demie, je me suis senti comme un vainqueur en franchissant la ligne", poursuit le Suisse de 36 ans.

Même s'il a été le plus rapide du seul entraînement jeudi, disputé dans des circonstances tragiques en raison de la chute de Grugger, Cuche refuserait presque d'endosser l'étiquette de grand favori. Pour dompter la Streif, il faut surtout de l'expérience. Ce qu'a Cuche, mais aussi d'autres trentenaires, comme l'Américain Bode Miller ou l'Autrichien Michael Walchhofer, leader de la Coupe du monde de descente.

S'il a gagné deux fois le combiné (addition des temps de la descente de samedi et du slalom de dimanche), l'imprévisible Américain n'a encore pas accroché la descente de Kitzbühel à son palmarès. L'Autrichien, qui a pris un coup dans le larynx mercredi, n'était pas à 100% de ses moyens jeudi à l'entraînement. Son compatriote Klaus Kröll, vainqueur à Wengen samedi, tentera de faire le doublé de ces deux grandes classiques, tandis que le Croate Ivica Kostelic, en patron de la Coupe du monde qu'il est actuellement, sera l'homme à surveiller.

Vainqueur de quatre épreuves depuis début janvier, le Croate pourrait bien poursuivre sa razzia en Autriche avec le slalom et le combiné.