Didier Cuche rempile. Après s'être longtemps tâté sur une éventuelle retraite, le Neuchâtelois a finalement choisi de continuer sa carrière une saison supplémentaire. Annoncée mardi soir dans le cadre des finales de Lenzerheide, sa décision n'est pas vraiment une surprise.
Le skieur des Bugnenets a été trop brillant cet hiver pour tout plaquer. Son âge (37 ans le 16 août), le risque d'une blessure, ses démêlés avec la FIS ou la perspective d'une nouvelle et astreignante préparation estivale n'ont pas pesé assez lourd: Cuche aime trop la compétition pour arrêter maintenant.
Pour l'amour du ski
"Le ski a toujours été ma passion et il le reste", a-t-il lâché. "Je ne continue pas pour prouver quoi que ce soit. Globe ou pas globe cette semaine, cela ne changera rien à ma décision. Je reste par pur plaisir. C'est un luxe de pouvoir poursuivre de la sorte", a ajouté Cuche, qui visera les globes de descente (mercredi) et de super-G (jeudi) dans les Grisons.
Jonglant entre le français, l'allemand et l'anglais devant une foule de journalistes, Cuche a expliqué qu'il avait arrêté son choix il y a deux semaines, après les Mondiaux de Garmisch. "J'ai gardé le secret pour pouvoir me concentrer sur la fin de la saison de Coupe du monde", a expliqué le Neuchâtelois, qui n'avait mis dans la confidence que son frère et son manager.
Doutes à Kvitfjell
L'homme aux 60 podiums en Coupe du monde a toutefois failli revenir sur sa décision le week-end dernier à Kvitfjell, où il avait écopé d'une amende de 5000 francs pour s'en être pris au directeur de courses Günter Hujara à propos d'un saut jugé trop dangereux. "J'ai été très touché par cette altercation. Je n'ai jamais manqué de respect à Günter. La décision de la FIS reste pour moi incompréhensible et intolérable. Après la descente de samedi, je me suis dit que je devais tout arrêter", a-t-il raconté. Mais rasséréné par les messages de soutien d'athlètes et d'internautes, Cuche s'est repris, tant en coulisse que sur la piste.
"Avec le ski, on alterne entre bonheur et frustration. Mais au final, les aspects positifs restent prépondérants", a-t-il commenté. "Je n'oublie pas non plus que je suis un grand chanceux. Quand on voit les événements de l'autre côté de la planète (réd: tsunami au Japon), il faut relativiser", a-t-il philosophé.
Pas forcément la dernière
Fin octobre, Cuche s'attaquera donc à sa 16e saison de Coupe du monde, mais pas forcément à la dernière. "Cela a déjà été difficile de faire mon choix pour une année supplémentaire. On verra au printemps prochain", a-t-il dit. Même s'il a affirmé continuer par "pur plaisir", Cuche aura certainement à coeur d'entrer un peu plus dans l'histoire du ski alpin et de combler les rares lacunes qui figurent sur son C.V.
La prochaine saison ne sera certes pas agrémentée de rendez-vous majeurs, comme des Mondiaux ou des JO. Mais cela ne l'empêchera pas de relever quelques ultimes défis. Abonné aux 2es places sur plusieurs descentes du circuit, il pourra tenter d'épingler enfin ces classiques, comme à Wengen (3 fois 2e), Val Gardena (2 fois 2e), Beaver Creek (2 fois 2e) ou Bormio (1 fois 2e).
"Un grand champion"
En rempilant, Cuche a également rendu un énorme service au ski alpin suisse. A l'origine du renouveau de son équipe fin 2006, il fait figure de locomotive et d'exemple depuis plusieurs années. La nouvelle génération peut s'en inspirer, tout en profitant du fait qu'il capte sur lui la plupart des attentes du public et des médias. Didier Défago, qui va revenir de blessure, ou le nouvel entraîneur des messieurs Osi Inglin ont aussi tout à gagner en conservant une telle référence lors des entraînements.
"On ne peut pas imaginer tout ce que Didier fait pour l'équipe. Il prend quasiment toute la pression sur lui", a reconnu Silvan Zurbriggen. "C'est un vrai leader. Il est motivant pour les jeunes. Lui-même montre l'enthousiasme d'un gamin malgré toutes ses années passées sur le circuit", a continué le Valaisan. "Avec lui, l'image de grand champion prend son sens", a corroboré Lara Gut. "Avec son caractère, il a montré une chose essentielle: pour avoir du succès, il faut le vouloir", a noté la Tessinoise.
si/lper