A 37 ans, Didier Cuche a "toujours soif" de succès

Il aurait pu tout arrêter, personne ne lui en aurait voulu. A 37 ans, Didier Cuche affiche un incroyable palmarès, avec un argent olympique, 4 médailles "mondiales" (1x or, 2 argent et 1 bronze), 6 Globes de cristal (réd: 4 en descente, 1 en super-G et un autre en géant) et 17 victoires en Coupe du monde. Mais voilà, le Neuchâtelois en veut encore, il a "toujours soif", dit-il.

Eliminé en 2e manche à Sölden - "ça arrive", nuance-t-il -, le skieur du Pâquier aborde le véritable coup d'envoi de la saison, ce week-end en Amérique du Nord, avec toujours la même envie, et le même souci du détail. Et on parie qu'il sera à nouveau bien là, tout devant...

Didier Cuche s'est confié à tsrsport.ch pendant quelques minutes avant qu'il ne s'envole pour la tournée nord-américaine, qu'il aborde évidemment avec des ambitions.

tsrsport.ch: Ce week-end, vous allez vous élancer pour la 345e fois en Coupe du monde. La question revient, encore: comment abordez-vous ce nouvel hiver?

DIDIER CUCHE: Tout roule! Je n'ai pas eu de soucis physiques, et je suis parvenu à conserver mes marques.

tsrsport.ch: Justement, après toutes ces années, la préparation évolue-t-elle?

DIDIER CUCHE: Non, pas vraiment. La quantité de travail reste sensiblement la même. Le but, année après année, est de gommer les petites erreurs commises. Lesquelles? Il y en a toujours. On travaille toujours dans le détail.

"Je ne skie pas pour une course ou l'autre"

tsrsport.ch: Vous avez tout gagné, ou presque. Vous vous fixez désormais des objectifs particuliers?

DIDIER CUCHE: Non, je ne skie pas pour une course ou l'autre. Mon objectif est de donner le meilleur de moi-même partout, d'obtenir le meilleur résultat.

tsrsport.ch:

A 37 ans, vous avez rempilé pour une saison, au moins. On a même lu que vous n'excluez pas de prolonger...

DIDIER CUCHE: Franchement, je n'en sais rien et je ne veux pas y penser alors que la saison a à peine commencé. Je me concentre sur celle-là, c'est tout. Pour la suite, on verra après...

"On écoute plus son corps et sa tête qu'avant"

tsrsport.ch: Le géant, la descente et le super-G gardent la même importance pour vous ou, avec l'âge et l'expérience, on fait plus attention par-ci, par-là?

DIDIER CUCHE: L'objectif reste bien évidemment de gagner dans les 3 disciplines, surtout que le potentiel est là. Après, on écoute un peu plus son corps et sa tête qu'avant. Prendre des risques inutiles ne sert à rien. Plus jeune, je fonçais facilement tête baissée. Maintenant, je sais ce qu'il faut faire ou ne pas faire pour que ça me rapporte quelque chose.

J'ai d'ailleurs parfois eu du mal ces dernières années lors du géant de Val d'Isère, piqueté très serré à cause du réglement (réd: plus ou moins serré selon la déclivité de la pente). On verra si je m'y aligne.

tsrsport.ch: Sur le Cirque blanc, on vous fait comprendre que vous êtes "le vieux"?

DIDIER CUCHE: Il est en tout cas certain qu'on ne me considère plus comme le jeune qui monte (rires)! Et je reconnais qu'il y a parfois quelques blagues qui fusent à ce sujet... Mais ça reste toujours bien sympa. Et tant que je peux rivaliser avec tous ces petits jeunes, ça me convient bien (rires)!

"L'avantage, c'est qu'on connaît mieux nos limites"

tsrsport.ch: Mais votre âge, c'est surtout une grosse expérience. Et en vitesse, ça paie bien souvent, non?

DIDIER CUCHE:

Oui, ça peut jouer en faveur des "vieux". L'avantage, c'est qu'on connaît mieux nos limites...

tsrsport.ch: Aujourd'hui, Didier Cuche, vous êtes satisfait de ce que vous avez gagné, ou vous en voulez toujours plus?

DIDIER CUCHE: Bien sûr que je suis content et fier de ce que j'ai atteint. Mais si je m'en satisfaisais, j'aurais arrêté! Si j'ai décidé de continuer, ce n'est pas parce que je ne sais pas quoi faire après, mais parce que j'ai toujours soif de la victoire. Moi, je veux bouffer la vie et mes jours de skieur!

tsrsport.ch: L'hiver dernier, vous avez encore remporté 2 Globes, en descente et super-G. Votre objectif, cette saison, c'est la défense de ceux-ci?

DIDIER CUCHE: Ces Globes, je les ai. Ils sont chez moi et personne ne me les prendra. C'est une nouvelle histoire qui recommence.

tsrsport.ch: Y a-t-il des courses que vous attendez tout particulièrement?

DIDIER CUCHE: Oui, il y en a forcément, comme Beaver Creek, où j'ai plusieurs fois eu la possibilité de gagner en descente mais ça ne s'est jamais fait (réd: 3 fois sur le podium, 2 fois 2e. Une victoire en super-G, en 2002). Je pense évidemment aussi au gros mois de janvier, avec Adelboden, Wengen et Kitzbühel, où se dispute une sorte de "championnat du monde " de la descente...

"Gagner ou pas à Wengen ne changera pas grand-chose"

tsrsport.ch: Ce fameux Wengen, où tout le monde attend enfin votre victoire...

DIDIER CUCHE:

C'est vrai que tout le monde m'attend là-bas (réd: 3x 2e). Mais gagner là-bas ou pas, ça ne changera finalement pas grand-chose.

tsrsport.ch: Un mot sur votre équipe, qui enregistre le retour de Didier Défago...

DIDIER CUCHE: Nous avons toujours eu une équipe très compétitive, malgré les blessures. Mais ça fait du bien quand les blessés reviennent, c'est sûr. Pour "Déf", je suis content que ça se passe bien pour lui. Mais j'ai aussi connu ça après une grosse blessure: il faut savoir se montrer patient.

Propos recueillis par Daniel Burkhalter