Cuche et Cie en quête d'un sursaut.

Le géant d'Adelboden se disputera-t-il samedi? Même si les organisateurs affichent leur optimisme, il est difficile d'imaginer un dénouement heureux. La neige tombe sans discontinuer depuis jeudi soir et un brouillard relativement épais recouvre la vallée et les sommets avoisinants du "Chuenisbaergli".

Mais selon les dernières prévisions, la neige devrait cesser en soirée et Peter Willen, président du comité d'organisation, promet que la piste sera déblayée de sa neige fraîche durant la nuit. La station de Wengen a d'ailleurs "prêté" un détachement de 80 militaires pour l'accomplissement de cette tâche.

Ca ne rigole pas en "technique"

Une chose est sûre, le soleil ne devrait pas être de la partie ce weekend. Viendra-t-il des skis suisses? Bien difficile là aussi d'y croire. S'ils brillent en vitesse (6 courses/9 podiums), la moue règne dans les disciplines techniques (8 courses/0 podium).

Carlo Janka avait bien lancé l'hiver avec une 4e place en géant à Soelden, mais depuis, le Grison se bat contre des soucis de matériels et, pire encore, contre des douleurs dorsales. De plus, le géant est devenu une vraie "affaire de spécialistes", menée par un Ted Ligety tenant du Globe et champion du monde ou encore par Marcel Hirscher. Mais attention à Cyprien Richard, vainqueur 2011, ou Thomas Fanara...

De l'expérience, ou de la jeunesse?

Sauf exploit des Didier, Cuche et Défago, Beat Feuz ou encore Sandro Viletta, Marc Berthod aujourd'hui bien à la peine devrait donc demeurer encore une année au moins le dernier vainqueur suisse au "Chuenisbaergli" (en géant en 2008 et en slalom l'année précédente).

"C'est une piste très sélective, où il faut normalement beaucoup d'expérience", explique Défago. "Ce n'est pas pour rien que Benjamin Raich est souvent très à l'aise ici".

"Mais les jeunes comme Ligety, Fanara, Richard ou Hirscher sont extrêmement spécialisés dans la discipline aujourd'hui, et il sera difficile d'aller les chercher", pronostique le récent vainqueur de la descente de Bormio.

"Déf" recherche de "bons points"

Mais n'allez pas lire que Didier Défago part battu d'avance. Les objectifs ne sont juste pas les mêmes. "Moi, je suis avant tout spécialiste de vitesse, mais je parviens à prendre de bons points en géant. Quand on peut se battre pour les places d'honneur, c'est toujours bon à prendre. D'autant plus que je ne comptais pas sur le géant cette saison".

En plus, "Déf" n'a jamais réussi sur le mythique "Chuenisbaergli"."J'ai été une fois en tête après la 1ère manche avant de sortir en 2e (réd: 2005)",coupe-t-il "Adelboden, c'est une piste que j'apprécie, mais où il est difficile d'être rapide. Il faut savoir jouer avec le terrain, trouver le rythme dès le début. Quand tu "fautes", le temps file".

Cuche, des problèmes de disque dur

Du côté de Didier Cuche, le sentiment est quasiment le même, malgré une victoire en 2002 à Adelboden. "En géant, mes attentes sont encore élevées, mais de là à monter sur la "boîte", je ne me fais pas trop d'illusions...".

Le Neuchâtelois, vainqueur du Globe de géant en 2008/09, estime que la discipline a bien changé. Presque trop pour lui. "Les écarts entre les portes ont diminué de 7-8m. Là, on est à 24-25m alors que l'année où je remporte le Globe, on était entre 27 et 30m".

Mais Cuche y croit encore, à condition d'évoluer. "Il faut carver un rayon plus court. Dans ma tête, dans le disque dur, j'ai encore les repères. J'ai un peu de peine à me les rappeler..."

Arrêter le géant? Pas question!

Mais ces derniers jours, à l'entraînement, Didier a ressenti "l'ancien Cuche", avec "de bonnes courbes". "J'espère pouvoir en accumuler un maximum samedi à Adelboden...". Mais contrairement à la rumeur, pas question pour le Vaudruzien d'abandonner le géant.

"Je tiens à dire que c'est une grosse erreur. C'est mal me connaître que de penser ça", lance-t-il. "Le géant, c'est la base du ski et c'est une discipline qui me tient à coeur. J'ai apprécié de gravir les échelons dans cette discipline et parvenir à gagner".

Pour imaginer gagner à nouveau à Adelboden, Cuche aurait en plus préféré "une piste bien dure". "Mais ça semble un peu râpé...", a-t-il encore souri.

Janka, faire du neuf avec du vieux

Champion du monde 2009 de géant, Carlo Janka n'a lui jamais fait mieux que 13e à Adelboden, et ce n'est apparemment pas cette année que le Grison améliorera cette "statistique" tant il peine à se débarrasser de ses problèmes de dos. "Il n'y a pas eu de changement majeur", explique un "Janks" un peu dépité.

Autre souci pour le vainqueur du général 2009/10, un matériel pas optimal en ce début de saison. "

Nous avons testé pas mal de choses ces derniers jours

à l'entraînement et on a peut-être trouvé une bonne combinaison

".

En fait, Janka a ressorti un vieux ski "celui de l'été dernier" et d'anciennes chaussures, "celles que j'utilisais il y a 2 ou 3 saisons".

"Ce n'est pas toujours facile"

Janka, jadis skieur flamboyant et dominateur, n'est aujourd'hui plus que l'ombre de lui-même, la faute à des malheurs physiques qui s'enchaînent. "Je savais qu'un jour ou l'autre des coups durs pouvaient survenir. Maintenant ils sont là et je dois trouver le moyen de m'en sortir... Ce n'est pas toujours facile, mais c'est comme ça".

"Iceman" ne visera donc pas les sommets lors du géant d'Adelboden. "C'est une course à domicile et j'essaierai donc d'attaquer un peu plus. Mais je serais déjà content avec un top-10".

Ambitions modestes pour Beat Feuz également, malgré son début de saison tonitruant. "Un top-30 en 1ère manche, et après tout est possible...".

Adelboden, Daniel Burkhalter