Beat Feuz, de gros à gros favori

Après son succès à Kvitfjell en mars 2011 et surtout ses 4 podiums du début de saison (dont 1 victoire en super-G à Val Gardena), le Bernois a intégré le cercle des favoris

A 24 ans, Beat Feuz n'a pourtant que peu d'expérience "course" sur la mythique piste de Wengen, qu'il n'a "skiée" que 2 fois jusque-là lors d'une descente officielle. Ce qui ne l'émeut guère.

Car Feuz, le "voisin emmentalois", connaît la région de ses jeunes années de skieur. "A part Lake Louise, il n'y a aucune piste que je connais mieux que celle-là", explique-t-il.

Une décontraction à toute épreuve

En plus, Beat Feuz n'est pas du genre à se poser mille questions, à se mettre une pression

inutile. Le bonhomme est décontracté à l'extrême, souriant et calme, et ce même s'il n'a terminé que 29e (+2"25) du deuxième entraînement.

"Mon retard ne m'inquiète nullement", a-t-il indiqué. "Il y a des passages que je maîtrise bien, d'autres pas encore. Et dans les parties de glisse, je n'ai pas approché mes limites...".

A l'écouter, on pourrait penser que Feuz a encore le temps, que samedi est loin. Sauf qu'il disputera le supercombiné, et ce avec des ambitions! "Ce n'est pas vendredi que je vais tenter des choses, essayer de nouvelles trajectoires. C'est un jour de course!".

Une carrière débutée en slalom

"J'espère faire une bonne descente, et pouvoir me mêler à la lutte avec les meilleurs. Après, en slalom, tout est possible, même si la discipline est toujours un peu une surprise pour moi...". Venant d'un double médaillé de bronze (2005/2007) chez les juniors, la déclaration a de quoi surprendre.

"Il est vrai que j'ai commencé ma carrière en slalom", se souvient Beat Feuz. "Mais après ma période junior, j'ai connu beaucoup de blessures...".

Le skieur de Schengnau a en effet vécu deux années blanches après son doublé descente-

super-G lors des Mondiaux juniors 2007 à Altenmarkt. La faute à des blessures au genou "classiques" chez les skieurs: ligaments croisés et ménisque.

"Kugelblitz", véritable force de la nature

Mais Beat Feuz est à chaque fois revenu plus fort, et surtout à une vitesse record. "Aucun autre athlète du Circuit ne retrouve sa meilleure forme aussi vite que lui", déclarait même son entraîneur Sepp Brunner à la "Neue Zürcher Zeitung" en décembre dernier.

La preuve? En novembre 2010, il avait dû subir une nouvelle intervention chirurgicale à un ménisque après un entraînement de descente à Lake Louise. Feuz était revenu à la mi-janvier, avant de s'imposer 2 mois plus tard lors de la descente de Kvitfjell!

Une véritable force de la nature - 172 cm pour 85kg! -, "affectueusement" surnommée "Kugelblitz" (réd: la... boule-éclair) par son coéquipier Marc Gisin.

Un gros talent mais peu de sueur

Petit et costaud comme un certain Didier Cuche, le talentueux Feuz paraît désormais idéalement lancé sur les traces d'une riche carrière. Mais le Bernois a sérieusement dû se (re)prendre en mains avant de figurer parmi les meilleurs descendeurs de la planète. 

Car contrairement à son aîné neuchâtelois, Feuz n'a jamais été un forçat de l'entraînement.

"Il s'est longtemps accroché à son seul talent", avait déclaré Sepp Brunner. Mais Swiss-Ski a cru en son joyau et lui a même "offert" un préparateur physique personnel, de quoi gommer alors un certain embonpoint.  

Beat Feuz n'est aujourd'hui toujours pas une bête physique, mais il a fortement progressé, selon l'avis de tous.

"J'ai prouvé que je le pouvais"

Et aujourd'hui Beat Feuz est là, à caresser l'espoir de succéder à Bruno Kernen (2003) au rang des vainqueurs "locaux" du Lauberhorn. Klaus Kroell, tenant du titre autrichien, fait même du Bernois un gros favori pour samedi.

"Je prends ça évidemment comme un compliment", sourit Feuz. "J'ai en tout cas prouvé cette saison que je pouvais le faire". Et il en rêve. Sérieusement. "Ce serait énorme de gagner à Wengen, une "classique" et en plus chez moi. Ce serait le souvenir de toute une vie".

L'expérience lui manque. Pas grave, il s'inspirera des autres. "Il faut bien analyser les courses des autres à la vidéo. Et être très relâché!". Pour ça, on ne peut que lui faire confiance.

De Wengen, Daniel Burkhalter