La fête a été belle, grâce une fois encore à Didier Cuche

Le Valais a encore brillé de mille feux samedi lors du 2e super-G. Le public a afflué en nombre, dès les premières heures de la matinée. Tout au long du parcours, comme dans l'aire d'arrivée, 23'000 personnes  se sont rassemblées dans cette communion du ski.

La foule des grands jours étaient donc présente, plongeant responsables  et bénévoles dans un stress intense. Où mettre les "Guggenmusik"? Comment faire avancer toute cette foule pour permettre à chacun de voir la course? Comment résorber les bouchons? Que de réponses à trouver en quelques minutes!

Mais l'organisation a su y faire face avec panache. Au coup d'envoi, tout était réglé... Tous les regards ont pu se tourner vers la piste. Après le passage de la patrouille suisse, les "Guggenmusik" ont entonné leurs morceaux, les cloches ont résonné sur tout le Haut-Plateau,  alors que le public donnait de la voix, attendant avec impatience ses favoris.

"Des frissons"

Ambiance des grands jours donc sur la Coupe du monde. "C'est vraiment un succès. Déjà en haut, à la télévision, on a vu toute cette foule. C'était très impressionnant. C'est important que le public se soit déplacé. C'est vraiment génial", a reconnu Silvan Zurbriggen, venu en voisin.

Didier Cuche a également savouré sa dernière étape helvétique. A chacune de ses apparitions, il était happé par une kyrielle de supporters ou accompagné par un concert  de cloches. A la seule clameur de la foule, on pouvait ainsi suivre les allers et venues du champion.

"L'organisation a été  très bonne, même si pour moi c'est difficile de juger. J'ai vécu cette course sur la piste, mais tout ce public, aussi tout au long du tracé, m'a donné des frissons. En haut, au bout du plat, le virage qui ramène dans la forêt était plein de monde et on entendait, quand les Suisses passaient, des cris de joie et de motivation. On a pu comprendre ce qu'ont ressenti les coureurs helvétiques aux Mondiaux de 1987 sur une piste qui devait ressembler à un ruban blanc entouré de public", a déclaré le Neuchâtelois.

Les coureurs des autres nations ont également apprécié cette étape helvétique. Ainsi, le Canadien Jan Hudec "espérait bien pouvoir courir à nouveau sur cette piste". Adrien Théaux renchérissait aussi dans ce sens. "C'est super de skier ici, c'est près de chez moi, mes parents sont là et c'est toujours super de pouvoir évoluer devant autant de monde".

"Il faut accepter que d'autres soient plus rapides"

Côté sportif, les fans amassés espéraient secrètement un fabuleux doublé de Didier Cuche. Ils y ont cru jusqu'au bout. Mais même si la première place lui a finalement échappé, le skieur aux 21 victoires en Coupe du monde a répondu présent. Avec ce nouveau podium, le skieur des Bugnenets a permis aux milliers de spectateurs de fêter une fois encore leur champion.

Le vétéran helvétique a en fait empêché le ski suisse de connaître un camouflet retentissant. Privés de Patrick Kueng et Sandro Villetta, blessés la veille, seul Beat Feuz (10e) a réussi à tirer son épingle du jeu.

Le Neuchâtelois était naturellement satisfait. "Il faut apprécier d'être devant, mais il faut aussi accepter que d'autres aillent plus vite. Beni Raich mérite bien ça. Il a aussi connu des périodes difficiles après sa blessure (ndlr: touché à un genou aux Mondiaux de Garmisch l'an dernier).

D'après ce qu'on a pu entendre, il a été critiqué par la presse dans son pays. Adrien Théaux a aussi fait une belle course. Ca fait longtemps qu'il tourne autour du podium. Personnellement, je n'ai pas été brillant sur le bas. J'ai été gourmand au niveau des trajectoires et j'ai dû appuyer deux fois en dehors des lignes. Je pense que c'est là que je perds la vitesse. Le parcours était totalement différent de la veille".

Beat Feuz passe à côté

BEAT FEUZ (10e): Aujourd'hui, c'est mieux allé. J'ai trouvé une meilleure position, de meilleures lignes. Malgré tout je ne suis pas satisfait. Mon genou ne m'a pas fait souffrir durant la course. Par contre, ma blessure nécessite une préparation plus longue avant le départ. Pour le général, il reste 5 courses techniques et 5 courses de vitesse. Si je veux gagner, je devrai être tout devant en descente et en super-G. Mais quoi qu'il arrive, je ne serai pas déçu. J'ai déjà réussi une magnifique saison, avec 10 podiums. C'est inespéré!

BENJAMIN RAICH (AUT/1er): Je suis très content. Après ma blessure, je me suis beaucoup entraîné pour réussir un tel résultat. J'ai toujours cru que j'allais revenir au plus haut niveau, même si j'ai connu des hauts et des bas. Je commence à mieux connaître la piste et j'ai mieux skié à certains en droits que la veille (ndlr: 3e). J'ai encore 4 années pour gagner des courses, si je me réfère à Didier Cuche! Les épreuves de vitesse exigent de l'expérience. On n'a qu'à voir ce que fait Didier. Ce 1er succès en super-G peut me donner des idées.

ADRIEN THEAUX (FRA/2e):

Ca m'a aidé d'être venu m'entraîner ici avec l'équipe de France à la fin janvier. Je suis content d'être sur le podium avec deux très grands skieurs, Raich et Cuche. C'est parfait. Physiquement, c'était plus dur que vendredi. Mon coach, Patrice Morisod, un ancien entraîneur de Cuche (rires), comme tout le staff est très important. Notamment en super-G, où la confiance joue un rôle crucial. C'est en gagnant qu'on apprend. Je suis persuadé que même Didier Cuche a encore appris des choses aujourd'hui.

Crans-Montana, Aline Gagnebin