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Jour 4: Stan le survivant, Nadal le gentleman et l'imitation de Kyrgios

Diminé par un virus depuis 2 jours, Stan Wawrinka a souffert physiquement avant de passer l'épaule. [AFP - Greg Wood]
Diminé par un virus depuis 2 jours, Stan Wawrinka a souffert physiquement avant de passer l'épaule. - [AFP - Greg Wood]
Stan Wawrinka qui va au-delà de sa souffrance pour rallier le 3e tour, Rafael Nadal qui embrasse une ramasseuse de balles, Nick Kyrgios qui se moque du No 1 mondial. L'Open d'Australie a vécu une jolie 4e journée. Alimentée aussi par de jolis coups et d'autres retours du néant.

Le "survivant" du jour: Stan Wawrinka a donc souffert contre Andreas Seppi, mais le Vaudois, qui n’a jamais baissé les bras, a eu le mérite de tout de même passer l’épaule face à un joueur qui vaut bien sûr mieux que son classement (85e ATP). Surtout, en plus de breaks de retard, "Stanimal" a surmonté des problèmes de ventre qui l’enquiquinent depuis quarante-huit heures. La solution? Se rendre aux toilettes pour vomir entre chaque set. Pour qui veut y voir un heureux présage, on rappellera que la dernière fois que Wawrinka a vomi près d’un court en compétition, il avait gagné l’US Open 2016…

La femme du jour: CiCi Bellis est au 3e tour de l’Open d’Australie. Jusqu’ici et vu d’ici, rien de très original. Mais derrière cette qualification obtenue devant Karolina Muchova (6-4 6-4) se cache une belle histoire, celle d’un retour de… nulle part pour l’Américaine. Grand espoir du tennis mondial, lauréate des Petits As en 2013, 35e WTA en 2017, celle-ci a ensuite connu une incroyable série de pépins physiques. Opérée à plusieurs reprises du poignet, du bras et de l’épaule depuis le printemps 2018, elle pensait ne jamais revoir le circuit. Erreur. A presque 21 ans, elle ressuscite sur les courts australiens. "Je n’ai plus la moindre douleur et je me sens totalement bénie de pouvoir à nouveau jouer au tennis, dit-elle. Je suis une personne totalement différente désormais et j’entends savourer pleinement tout ce qui va se présenter à moi." Dont son 3e tour contre Elise Mertens.

L’inconstant du jour: Nick Kyrgios, lequel a pourtant le mérite de montrer un très beau visage depuis l’entame de ce tournoi. L’Australien montre une très belle implication, mais celle-ci est encore imparfaite. Dans son 2e tour contre le lance-balles Gilles Simon, le "régional de l’étape" a ainsi passé deux sets sans laisser apparaître ses traditionnelles fêlures mentales. Au contraire, il a joué sur son nuage, se permettant notamment quelques "grigris" et une désopilante imitation de Rafael Nadal après avoir étonnamment pris un avertissement pour dépassement de temps au service. Même l’arbitre n’a rien trouvé à redire. Surtout que Simon en a ajouté une couche droit derrière. Hélas, l’Australien a ensuite connu un gros coup de mou en fin de 3e manche et a dû se coltiner un set de plus pour passer l’épaule. S’il entend filer en 2e semaine contre… Nadal (sans doute) pour ce qui serait un 8e de finale d’enfer, Kyrgios ne pourra se permettre d’autres sautes de concentration face à Khachanov.

La bonne victoire du jour: celle de Belinda Bencic, laquelle, même sans bien jouer, a passé l’obstacle Jelena Ostapenko (7-5 7-5), au bout de ce qu’elle a qualifié avec lucidité de "match typiquement féminin". La Saint-Galloise devra progressivement monter en puissance dans ce tournoi. "Je sais que je ne suis ni la joueuse la plus puissante du circuit, ni la meilleure serveuse, ni celle qui a le meilleur coup droit, mais j’ai le sentiment d’avoir désormais un jeu très complet et je sais comment jouer chaque coup", a-t-elle déclaré. Prochaine adversaire: Anett Kontaveit, Estonienne de 25 ans.

Le retour du jour: on le doit à Taylor Fritz. Mené deux manches à rien par Kevin Anderson, l’Américain de 22 ans a renversé le match pour finalement couper l’herbe sous le pied du joueur sud-africain (4-6 6-7 7-6 6-2 6-2). Il pourra se frotter à Dominic Thiem (lire ci-dessous) au prochain tour.

Celui qui tremble mais ne rompt pas: Dominic Thiem. Melbourne a failli activer "l’upset alert", mais l’Autrichien a évité que tout cela ne soit finalement mis en branle. Mené deux manches à une par l’Australien Alex Bolt, Thiem, qui a eu une réaction "Wawrinkesque" après sa balle de match, a en effet fini par régler au… sprint le cas de son adversaire. Original (6-2 5-7 6-7 6-1 6-2). C’est peu dire qu’une sortie de route du No 5 mondial – placé dans le tableau de Nadal - dès le 2e tour aurait fait tache dans le tournoi.

Le coup du jour: il y en a eu plusieurs, mais celui à voir ci-dessous de Daniil Medvedev, facile vainqueur de Pedro Martinez Portero (7-5 6-1 6-3), n’était vraiment pas vilain.

Le "oups" du jour: le retour de Rafael Nadal, qui vient heurter la tête d'une ramasseuse de balles. Plus de peur que de mal. Un événement qui a permis à l'Espagnol de démontrer qu'il est un gentleman. "J'ai vraiment eu peur pour elle, s'est ému le No 1 mondial. Alors je suis heureux de voir qu'elle se porte bien!" Et l'homme aux 19 titres du Grand Chelem est heureux, aussi, de ne pas avoir lâché la moindre manche contre Federico Delbonis (6-3 7-6 6-1).

Le flop de la quinzaine: celui du tennis féminin français, qui ne compte plus la moindre représentante dans le tableau! Donc aucune de nos voisines ne figurera au 3e tour de l’Open d’Australie, ce qui n’était plus arrivé depuis 35 ans. La défaite d’Alizé Cornet, dernière en lice, confirme les problèmes français. Comme quoi, la victoire en Fed Cup n’était qu’un arbre qui cache la forêt.

La démonstration du jour: celle de Donna Vekic, contre Alizé Cornet justement (6-4 6-2). Auteure de 38 coups gagnants, la Croate a livré l’une de ses plus belles performances en Grand Chelem. Elle pourrait, si les planètes s’alignent, être une adversaire de poids pour Belinda Bencic dans un éventuel 8e de finale.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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