Jour 5: l'alerte de Federer, les mimiques de Mirka, un Marin qui chante et une Williams qui s'ensable
Le «ouf» du jour: celui du peuple suisse et de Roger Federer, bien sûr, qui a longtemps donné l’impression qu’il n’allait pas pouvoir franchir l’obstacle John Millman (ATP 47). Pas dans ses baskets en coup droit, plutôt ronchon par moments et pas à l'aise avec son plan de jeu, le Bâlois a dû patienter jusqu’au tie-break du 2e set, mené de main de maître, pour enfin prendre ses aises. Mais cela n’a pas duré. Jusqu’au bout du bout du bout, l’Australien l’a fait douter, en enlevant notamment la 4e manche. Au vrai, Millman aurait même pu (et dû) l’emporter alors qu’il menait 8-4 dans le super tie-break. Mais Roger a lutté, lutté et encore lutté pour s’en sortir contre un joueur plutôt culotté et, pour tout dire, franchement impressionnant sur de nombreuses séquences. Preuve en est qu'on peut perdre une fois contre Millman. Mais pas mille fois contre Millman.
L’autre fait marquant du jour: l’élimination de Serena Williams, évidemment. On ne voyait certes pas l’Américaine remporter ce tournoi, mais on pensait tout de même la voir filer en 2e semaine. Rappelons d’ailleurs qu’après son succès à Auckland, d’aucuns l’avaient érigée en grande favorite de cet Open d’Australie. Sauf que l’ancienne No 1 WTA a tout fait de travers contre Qiang Wang, alignant pas moins de 56 fautes directes. Le musée des horreurs, donc. Et la question de savoir si, un jour, la cadette des sœurs américaines pourra remporter un 24e titre du Grand Chelem se pose avec de plus en plus de force. Car si, après s’être tant de fois liquéfiée lors de ces dernières finales, elle se met à dérailler déjà en 16es…
La découverte du jour: Qiang Wang, évidemment – à ne pas confondre avec Wang Qiang. La Chinoise, 28 ans déjà, sort pour de bon de l’anonymat avec sa prestation grand luxe contre Serena Williams. Bien que classée 12e WTA en septembre 2019, la jeune femme restait jusqu'ici méconnue. Et pour cause, elle avait dû patienter jusqu’au dernier US Open pour s’immiscer une 1re fois en 2e semaine d’un Grand Chelem (elle avait alors été laminée par… Williams en quart de finale). Quatre mois plus tard, la voici auréolée de la plus belle victoire de sa carrière. Mais non, elle ne fêtera pas pour autant le Nouvel an chinois. "Je ne vais rien boire, mais plutôt aller me reposer et me préparer pour la suite", a-t-elle répondu lors de son interview sur le court.
La phrase du jour: "Non, je ne suis pas moins déçue de perdre qu’il y a dix ans en arrière, c’est juste que je suis à présent une meilleure actrice. Je dois faire semblant de ne pas vouloir fracasser un mur, alors qu’en fait j’en meurs d’envie." Signé Serena Williams, tout de même dépitée par sa contreperformance.
L’adieu du jour: celui de Caroline Wozniacki, laquelle quitte définitivement le circuit WTA après sa défaite (un peu) inattendue face à Ons Jabeur. La Danoise a eu droit à l’hommage de tout le petit monde du tennis. De ses meilleures amies sur le circuit, bien sûr, mais également de Roger Federer, Rafael Nadal ou encore Novak Djokovic. La classe, oui, et de grosses larmes pour celle qui range sa raquette à 29 ans après avoir remporté un titre majeur et avoir été No 1 mondiale. "Woz" a d’ailleurs entamé sa conférence de presse en étant persuadée de pleurer encore. Avant de confesser: "J’avais un rêve, lorsque j’étais petite: celui de remporter un tournoi du Grand Chelem et de devenir No 1 à la WTA. Les gens pensaient que c’était une folie pour moi qui venais d’un petit pays. Mais je l’ai fait! Je suis très fière de ce que j’ai réussi."On le serait à moins.
Le «come-back» du jour: sur le Port de Melbourne, il y a un Marin qui chante. Marin Cilic, bien sûr, qui a retrouvé son service de plomb et ses lourdes frappes de coup droit pour dérouter Roberto Bautista Agut (6-7 6-4 6-0 5-7 6-3). En difficulté ces derniers mois, le Croate se frottera à un Milos Raonic qui revient peut-être encore plus de nulle part après avoir multiplié les pépins physiques. Face à Stefanos Tsitsipas, le Canadien a signé sa 5e victoire en Grand Chelem contre un membre du Top 10, la 4e en Australie.
La défaillance du jour: elle est justement "l’œuvre" de Stefanos Tsitsipas, qui a donc explosé en trois manches contre Raonic. Douze mois après sa demi-finale à Melbourne, le Grec n’a pas confirmé les espoirs placés en lui. Comme plusieurs autres membres de la «Next Gen», globalement assez loin de ce qu’on pouvait espérer d’eux. Preuve en est qu’ils ne sont plus que quatre dans le tableau: Karen Khachanov, Nick Kyrgios, Daniil Medvedev et Andrey Rublev. Tsitsipas, lui, en avait gros sur la patate. "Quand tu as un tel serveur en face, tu essaies de faire comme lui, de servir aussi bien, a relevé le vainqueur du dernier Masters. Mais tu ne peux pas être lui. Tu es toi. Mais même dans les rallyes, j’ai souffert."
La bonne nouvelle du jour: Stan Wawrinka a retrouvé de l’énergie. Après avoir été malade durant 48 heures et avoir dû vomir à plusieurs reprises lors de son bras de fer du 2e tour avec Andreas Seppi, le Vaudois s’est entraîné normalement vendredi. Il sera mûr pour défier John Isner ce samedi aux alentours de 7 h du matin en Suisse.
La stat du jour: 0. Comme le nombre de point perdu par Novak Djokovic sur sa mise en jeu lors des manches 1 et 2 de son match aisément remporté contre Yoshihito Nishioka (6-3 6-2 6-2). Une stat qui en dit long sur la performance impressionnante du No 2 mondial. "C’est l’un des meilleurs matches de ma carrière au service", s’est-il amusé. Très honnêtement, on ne voit pas qui pourrait l’empêcher de remporter un 8e Open d’Australie dans neuf jours. D’autant plus qu’il ne serait pas encore à 100%, à l’entendre: "La beauté du sport fait que l’on peut toujours progresser", souffle-t-il.
A suivre samedi: il y aura «du lourd» sur les courts australiens ce samedi. Notamment un Khachanov-Kyrgios pas piqué des hannetons, encore moins sachant que le vainqueur devrait affronter Rafael Nadal au tour suivant. L’opposition entre Gaël Monfils et Ernests Gulbis vaudra également le détour. Voyons en outre comment les nerfs d’Alexander Zverev se porteront devant la roublardise de Fernando Verdasco. Côté féminin, il s’agira de regarder attentivement ce que peut produire Belinda Bencic, qui fera face à Annett Kontaveit. Un duel Elina Svitolina-Garbine Muguruza, deux résidentes des bords du Léman, pourrait voler haut.
Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti