Jour 10: un Thiem juste royal, une panne sèche pour Wawrinka et un savon pour Halep
L’INFO DU JOUR: il faut toujours se méfier des gens qui arborent la même coupe de cheveux que celle d'un chanteur de Modern Talking. Pour ne pas avoir été mis au courant, Rafael Nadal s’est pris les pieds dans le défi "ulThiem" du jour. Trois jeux décisifs ont été fatals au No 1 mondial, culbuté de son piédestal sur le central. Une performance pas banale signée par l’Autrichien, pas un Next Gen certes, mais qui a évolué sans gêne. Juste impeccable, malgré un bras un peu "petit" en quelques occasions. "J’ai parfois commis des erreurs stupides, mais je suis très fier de la manière avec laquelle je suis parvenu à rester dans le match", a applaudi le No 5 ATP. Il aurait tort de bouder son plaisir.
LE VRAI BONHOMME DU JOUR: Dominic Thiem justement a été le vrai grand bonhomme du jour. Son revers, l’un des plus beaux du circuit, a fait mal à Rafa. Son coup droit, si puissant, a résonné dans la Rod-Laver Arena. Phénoménal, par instants. Brillant. Enthousiasmant. "Un match incroyable, héroïque, savoure-t-il. Battre Rafa, c’est exceptionnel. Nadal est une légende, non?" Après avoir disputé deux finales à Roland (forcément perdues contre l’Espagnol), l’Autrichien est armé mentalement et tennistiquement pour en vivre une 1ere en Australie. Et physiquement? "Je vais essayer de récupérer du mieux possible pour être prêt vendredi", répond-il. Ce sera contre Alexander Zverev, l’un de ses bons potes.
LE COUCOU DU JOUR: Rafael Nadal, évidemment. Remonté comme un coucou par rapport aux officiels, le No 1 mondial a dilapidé de l’énergie dans des palabres inutiles. Il s’en est ainsi pris à l’arbitre Aurélie Tourte, et ce n’était pas du gâteau. Puis il a eu des mots avec le superviseur Andy Egli, sans rien gagner si ce n’est la désapprobation du public et un capital sympathie un peu moindre. "Mais je n’avais pas une attitude négative", s’est défendu l’Ibère. Son coach Carlos Moya s’en est par moments arraché les cheveux…
L’INFO HELVETIQUE DU JOUR: fin de tournoi pour Stan Wawrinka. Après un début tambour battant contre Alexander Zverev, le Vaudois a complètement calé contre l’Allemand. Panne sèche. Plus rien dans le réservoir. Et une élimination qui, si elle le déçoit après ce qu’il avait présenté lundi contre Medvedev, n’a rien d’anormal. Ce n’est pas une contre-performance. D’une part car Stan n’avait jamais battu le cadet de la fratrie. Et d’autre part car ce dernier, impeccable au service, très en jambes aussi, a surtout eu le mérite de forcer son destin. "Je suis toutefois très content de moi, de mon tournoi", a résumé le Vaudois. Il le peut, en effet. Place maintenant à un peu de repos avant d’enchaîner Montpellier, Rotterdam, Acapulco et Indian Wells.
LA GRANDE PREMIÈRE DU JOUR: immense espoir - parfois décevant - du tennis mondial, Alexander Zverev atteint donc enfin le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem. On pourrait croire qu’il était temps, mais c’est oublier que le Hambourgeois n’a que 22 ans. Sa quinzaine australienne est pour l’heure un modèle du genre avec une seule manche perdue jusque-là.
LA PROMESSE DU JOUR: Zverev, encore lui, a maintenu ce qu’il avait promis avant ce tournoi. Oui, s’il gagne, il reversera bien l’intégralité de sa prime à la lutte contre les incendies en Australie. "Certes, c’est beaucoup d’argent pour moi, car je ne suis ni Roger Federer ni LeBron James, mais je sais qu’il y a actuellement dans ce magnifique pays des gens qui souffrent et qui dépendent de l’argent pour reconstruire leurs logements, une nature qui doit être également être reconstruite, donc j’estime plus logique que ce soient des personnes dans le besoin qui utilisent cet argent", a-t-il martelé ce matin. Gentleman.
L’HOMMAGE DU JOUR: "Beaucoup de gens estiment que je devrai changer de coach, voir autre chose, mais nous avons prouvé, lui et moi, que nous pouvions faire un travail fantastique. Papa a fait ce que je suis aujourd’hui et j’espère que nous continuerons ensemble pour toujours." Signé Alexander Zverev junior, à destination d’Alexander Zverev Senior, son coach de toujours. Inutile de préciser que ledit papa avait les larmes aux yeux en tribunes.
LA FEMME DU JOUR: Simona Halep, forcément. Oui, on va avouer un petit faible pour le tennis de la Roumaine, qui n’a d’ailleurs pas traîné sur le court pour écraser Anett Kontaveit (6-1 6-1) à laquelle Halep a donc passé un savon (pardon). L'ancienne No 1 WTA rallie ainsi le dernier carré de cette édition 2020. Prête à y défier la Genevoise d’adoption Garbine Muguruza, "Simo" ne souhaite toutefois pas s’attarder dans de longs palabres quant à la suite de son tournoi. "Ce que je vais faire maintenant que je suis qualifiée? Eh bien, me reposer puis aller faire un peu de shopping, car c’est la meilleure des préparations. Cela me motive. En tout cas, je ne veux plus entendre parler de tennis avant demain." Ca l’air simple, non?
L’IMAGE DU JOUR: 25 ans après, un Boys Band est de retour. Composé de Dominic Thiem et d’Alexander Zverev. En tout cas, cette photo qui remonte à quelques années en arrière est une sorte de jolie petite "casserole" pour les deux germanophones. "Nous n’avons aucun secret l’un pour l’autre, relève le bourreau de Nadal. Notre rivalité est saine et je pense que notre demi-finale sera très serrée."
L’AUTRE IMAGE DU JOUR: le réflexe de l’arbitre française Aurélie Tourte qui, si elle a dû jongler avec les nerfs de Rafael Nadal, a aussi montré sa dextérité.
LA CRAINTE DU JOUR D'APRES: Que la demi-finale de ce jeudi (9 h 30) entre Roger Federer et Novak Djokovic ne tourne au vinaigre. Au vu de l’état physique du Bâlois, très mal en point en quart de finale contre Tennys Sandgren, d’aucuns annoncent une "boucherie" dans la même veine que la demie de 2016 entre les deux hommes. D’autres craignent même qu’il n’y ait carrément pas de match, Federer se trouvant dans l’obligation de déclarer forfait, tel qu’il avait dû le faire avant la finale du Masters 2014 contre ce même Serbe. Qui croire? Que croire? Réponse jeudi. Pas avant.
Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti
Retrouvez les anciens "épisodes":
Jour 1: la promenade de Federer, le mal-être de la Next Gen et la frayeur de Barty
Jour 2: la main blessée de Fognini, l'humour de Nadal et le courage d'Ostapenko
Jour 3: nouvelle démonstration de "Fed", "mamie" qui fait de la résistance et cocktails pour oublier
Jour 4: Stan le survivant, Nadal le gentleman et l'imitation de Kyrgios
Jour 5: l'alerte de Federer, les mimiques de Mirka, un Marin qui chante et une Williams qui s'ensable
Jour 6: Kyrgios en mission, Wawrinka en coup de vent, Bencic balayée
Jour 7: les petits soucis de Federer, la folie Barty et l'empoignade Kyrgios-Nadal
Jour 8: l'envolée de Wawrinka, le soulagement de Nadal et le réveil de Zverev
Jour 9: la résurrection de Federer, les gros yeux de l'arbitre et les louanges pour Stan
Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti