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Jour 11: la glissade de Federer, l'enthousiasme de Kenin et un pronostic incertain

Roger Federer: l'Open d'Australie 2020 est fini pour lui. Malgré tout, il espère revenir en 2021. [AP - Dita Alkangara]
Roger Federer: l'Open d'Australie 2020 est fini pour lui. Malgré tout, il espère revenir en 2021. - [AP - Dita Alkangara]
Roger Federer, blessé, a quitté Melbourne avec quelques regrets en bandoulière. Pendant ce temps-là, Sofia Kenin s'enflamme dans ce tournoi. Et celui qui reste le plus grand joueur de l'histoire ne garantit pas que Novak Djokovic ira au bout. Suspense, vraiment?

Alors oui, pour commencer, on imagine aisément que même si tout cela était attendu, vous êtes plusieurs à avoir affiché pareille mine sur le coup de midi (voir ci-dessous). Non?

L'INFO DU JOUR: sans surprise, Roger Federer a donc disparu de l'Open d'Australie en demi-finale. Et ce pour la 8e fois, la 4e contre Novak Djokovic. Après un excellent début de match malgré sa blessure, le Bâlois s'est effondré. La perte d'une manche initiale qu'il n'aurait jamais dû laisser filer a précipité sa chute (6-7 4-6 3-6). Il n'en demeure pas moins que l'ancien No 1 mondial a réalisé de belles choses, encore plus au vu et au su des moyens du bord. La Rod-Laver Arena l'a poussé comme jamais afin qu'il réalise l'impossible exploit, dans ces conditions. Cela ne l'a pas fait, mais déjà Roger dit "espérer pouvoir y revenir en 2021". Avant d'ajouter: "Cela dépend de plusieurs facteurs, mais non, je n'ai pas encore planifié ma retraite." Inoxydable.

DJOKOVIC, CLINIQUE: il n'a pas le tennis le plus spectaculaire de l'histoire ni le comportement le plus admirable, et c'est sans doute en partie ce pourquoi il n'aura jamais l'aura de Roger Federer, voire de Rafael Nadal, mais Novak Djokovic a des qualités que ses deux plus grands rivaux n'ont pas (ou peut-être plus...). Dont ce côté "clinique", qui le pousse à être impitoyable et injouable dans les moments cruciaux. D'ailleurs, plus les saisons passent plus il semble fort dans ce domaine. Le tie-break en a administré une preuve supplémentaire, pour qui ne l'aurait pas encore compris. Et franchement, tout cela est très, très fort. Enfin, on n'oubliera pas de mettre en lumière sa magnifique course vers l'avant et ce joli "petit" passing qui lui offrent le 2e set.

LE POIVRIER D'OR DU JOUR (décerné à l'auteur d'une phrase qui ne manque pas de piquant): pour Novak Djokovic et son "beaucoup de respect à Roger d'être venu sur le court alors qu'il était clairement diminué..." Difficile de croire que le Serbe croit vraiment ce qu'il affirme. Sa célébration, exagérée, après le gain du 2e set ainsi que le regard de Roger qui a suivi en disent long, d'ailleurs.

LE RÊVE ENTRETENU: "Oui, très honnêtement je pense encore pouvoir gagner un tournoi du Grand Chelem. Je dis cela par rapport à ce que j'ai réalisé l'an dernier et par rapport à comment je joue actuellement. Je pense pouvoir encore le faire." De Roger Federer, qui se verrait bien, un jour, passer la 21e.

ET LA SUITE? Vu d'ici, on continue de se dire ce que l'on (se) répète depuis deux semaines et demie, à savoir que Novak Djokovic a un boulevard vers son 17e titre du Grand Chelem. Le fait qu'il soit amené à affronter Dominic Thiem ou Alexander Zverev renforce ce sentiment. Et ce encore davantage quand on sait que son futur adversaire aura 24 heures de récupération en moins dans les pattes. Mais Roger Federer, battu plus qu'abattu, ne voit pas les choses ainsi: "Tout le monde a une chance. C'est un vrai manque de respect que de penser cela. Pour Thiem, qui a joué un match incroyable contre Nadal, comme pour Zverev, qui n'a rien à perdre."

Novak Djokovic: en mission... [AP - Michael Dodge]
Novak Djokovic: en mission... [AP - Michael Dodge]

ROYALE, KENIN: il faut croire que Sofia Kenin a les crocs. L'Américaine ne se lasse en tout cas pas de déjouer les pronostics, à Melbourne Park. Pas plus en jambes que cela lors de ses deux premières sorties de l'année, la native de Moscou montre un tout autre visage depuis son arrivée sur les bords de la Yarra. Preuve en est qu'elle n'a lâché aucun set en six sorties. Mieux, elle s'est permis le luxe, aujourd'hui, de faire voler en éclats la favorite locale Ashleigh Barty (7-6 7-5). Simplement très solide. Au prochain tour, en finale donc, pour elle qui n'avait jamais fait mieux qu'un 8e de finale en Grand Chelem, l'adversaire se nommera Garbine Muguruza. Une joueuse bien plus expérimentée. Mais Kenin, 21 ans à peine et assurée d'être au moins No 9 WTA lundi, a déjà démontré que rien ne lui fait peur. Et puisqu'elle a déjà battu "Mugu"...

GARBINE, LA TOUCHE GENEVOISE: allez, c'est un petit cocorico sous forme de clin d'oeil: la Suisse sera tout de même représentée en finale de l'Open d'Australie. Grâce à Garbine Muguruza, dont le seul lien avec notre pays est le fait de résider à Genève. Plus sérieusement, l'Espagnole, ancienne No 1 WTA, vit une bien jolie renaissance à Melbourne. Malade en début de tournoi, elle avait encaissé une "bulle" pour son entrée en lice contre Shelby Rogers (0-6 6-1 6-0). Depuis, guérie - la protégée de Conchita Martinez - avec laquelle elle s'est rabibochée après une séparation bien douloureuse, a notamment fait du "petit bois" d'Elina Svitolina, Kiki Bertens et encore Simona Halep aujourd'hui. Très fort. Elle sera donc la grande favorite, samedi contre Kenin. Avec pour objectif d'ajouter un titre majeur à son palmarès, après les quêtes de Roland-Garros 2016 et de Wimbledon 2017. Ce qui, mine de rien, la rapprocherait d'une historique collection.

TÊTE HAUTE: Ashleigh Barty a certes manqué la qualification pour la finale de "son" Open d'Australie, mais la No 1 mondiale n'a aucun regret. "J'ai vécu un merveilleux été (austral), a-t-elle relativisé en conférence de presse. Si, il y a un mois, on m'avait dit que j'allais remporter le tournoi d'Adelaïde et disputer une demi-finale ici, je ne l'aurais pas cru. J'aurais en tout cas signé tout de suite pour cela." Pour sûr, l'Australienne reviendra tenter l'exploit en 2021.

LE CHIFFRE: 22. Comme le nombre d'années qui séparent la finale de Garbine Muguruza à Melbourne de celle de sa coach actuelle Conchita Martinez, battue au dernier "round" en 1998, par une certaine... Martina Hingis. Comment ça, "cela ne nous rajeunit pas"?

LA REUSSITE DU JOUR: elle est française, nos voisins plaçant trois des leurs en demi-finales du tableau juniors. Le Suisse Dominic Stricker n'ayant pas réussi à faire tomber le Mayot (Harold, de son prénom), son vainqueur se voit accompagné de Timo Legout et Arthur Cazaux dans le dernier carré. Seul le Letton Karlis Ozolins peut empêcher une finale 100% française. Chapeau.

LA PHRASE: "Je me sens mal, je suis affectée maintenant, mais la vie continue". Paroles de Simona Halep, qui ne veut pas laisser son optimisme s'évanouir dans la Yarra après sa défaite contre Garbine Muguruza. La Roumaine aura un titre du Grand Chelem à défendre dans cinq mois et demi à Wimbledon.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

Retrouvez les anciens "épisodes":

Jour 1: la promenade de Federer, le mal-être de la Next Gen et la frayeur de Barty

Jour 2: la main blessée de Fognini, l'humour de Nadal et le courage d'Ostapenko

Jour 3: nouvelle démonstration de "Fed", "mamie" qui fait de la résistance et cocktails pour oublier

Jour 4: Stan le survivant, Nadal le gentleman et l'imitation de Kyrgios

Jour 5: l'alerte de Federer, les mimiques de Mirka, un Marin qui chante et une Williams qui s'ensable

Jour 6: Kyrgios en mission, Wawrinka en coup de vent, Bencic balayée

Jour 7: les petits soucis de Federer, la folie Barty et l'empoignade Kyrgios-Nadal

Jour 8: l'envolée de Wawrinka, le soulagement de Nadal et le réveil de Zverev

Jour 9: la résurrection de Federer, les gros yeux de l'arbitre et les louanges pour Stan

Jour 10: un Thiem juste royal, une panne sèche pour Wawrinka et un savon pour Halep

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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