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Face à l'histoire, Roger Federer veut toujours y croire

Roger Federer, entre ombre et lumière, prêt à revenir au soleil une fois sa blessure guérie. [EPA - Scott Barbour]
Roger Federer, entre ombre et lumière, prêt à revenir au soleil une fois sa blessure guérie. - [EPA - Scott Barbour]
Malgré ses blessures de l'US Open et de l'Open d'Australie et en dépit du temps qui passe, Roger Federer reste persuadé d'avoir encore ses chances de remporter un titre du Grand Chelem. Pourquoi? Parce qu'il est une légende, sans doute. Mais pas que.

"Si je suis encore capable de gagner un tournoi du Grand Chelem? Oui, je le pense. Quand je vois ce que j'ai réalisé l'an dernier et comment je joue actuellement, je me dis que oui, je peux encore le faire." Jamais Roger Federer ne se départit de son (éternel) optimisme. Même lorsque les vents semblent contraires, même lorsque les voyants semblent au rouge.

Comment, après un Open d’Australie traversé en équilibriste, avec un tennis moins percutant par moments et surtout avec un corps qui tiraille pour la deuxième fois de suite dans une quinzaine, le Bâlois peut-il estimer pouvoir encore rafler la mise alors qu'il lui faudra certainement, afin de le faire un jour, pouvoir battre Rafael Nadal et Novak Djokovic dans le même "majeur", ce qu'il n’a encore jamais réalisé au cours de sa majestueuse carrière? Simplement parce qu'il y a 6 mois à Wimbledon, il est passé à un point - un tout petit point, une toute petite attaque au filet mieux réussie, un service mieux placé... - de cette performance. Ce rappel peut lui donner raison d'avoir foi en lui.

La réalité de l'âge

Sauf que l'on a vu, durant cet Open d’Australie, que la réalité de l'âge est gentiment mais sûrement en train de rattraper l'ancien No 1 mondial, sur le plan physique du moins. Bien sûr, lorsque l'on voit certains éclairs de génie et certaines fulgurances déroutantes sortir de sa raquette, comme cela a encore parfois été le cas à Melbourne, on se dit que "RF" aurait tort de ne pas y croire, mais la vérité d'un tournoi du Grand Chelem n'est pas celle d'un ATP 500, voire d'un Masters 1000; il s’agit de battre tous les meilleurs, au fil de 5 sets peut-être, et cela coûte forcément beaucoup en termes d'énergie et de concentration, même pour cette légende. A 38 ans, et même s'il peut encore s'offrir les membres de la "Next Gen", on se remet moins aisément de la répétition de tels efforts, surtout s'il lui faut enchaîner face à ses deux plus grands rivaux. En écho nous revient une phrase que Stan Wawrinka avait lâchée l'an dernier: "A 37, 38, 39 ans, les années comptent chaque fois un peu plus. Cela va être intéressant de voir jusqu'où Roger arriver à repousser les limites..."

Une chose est sûre: les "fenêtres de tir" dévolues au "Roi Roger" se réduisent saison après saison. Vu d’ici, elles se font de plus en plus rares pour ce qui concerne les tournois du Grand Chelem. Pour être franc, Roland-Garros semble mission impossible. L'US Open, avec ses conditions de jeu, l'humidité et, cette année encore plus sachant que les JO le précèdent, apparaît également très compliqué à aller chercher. Alors, Wimbledon? Forcément, ce serait l'endroit idéal pour le voir brandir un 21e titre majeur. Le gazon londonien reste le lieu de tous les possibles, mais se dégage tout de même le désagréable sentiment que Federer a raté un truc de "ouf" l’été passé. Peut-il s'offrir une nouvelle possibilité dans 5 mois à Church Road? Il en rêve bien entendu. Et la Suisse avec lui.

La question sud-américaine

Au-delà de toutes ces perspectives, surgit une autre question, qui ne lui fera pas plaisir, mais qui se doit d'être soulevée: quid de son calendrier? Oui, c'est bien sûr fabuleux de disputer des exhibitions en Amérique du Sud, là où les gens sont trop souvent privés de tennis de haut niveau et là où les gens sont dingues de lui. Tout cela est remarquable et lorsque l'on voit la ferveur déclenchée, on ne peut que saluer le geste. Mais cette tournée de fin de saison ne lui a-t-elle pas pompé énormément d'énergie au moment d’aborder la préparation de la suivante?

A partir d'un certain âge, il faut savoir ménager sa monture. Quand on sait que Roger Federer va encore enchaîner un match de charité en Afrique du Sud contre Rafael Nadal cette semaine (à suivre vendredi sur RTS 2), puis un autre en Colombie face à Alexander Zverev au mois de mars, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur ce qu'il lui reste "d’essence" pour les grands enjeux du circuit ATP.

Reste que malgré un calendrier surchargé, il faut agir avec Roger Federer comme avec Serena Williams; en ne sous-estimant jamais son coeur de champion. D'immense champion! Après tout, qui aurait cru, en juillet 2016 alors que son genou en compote avait fini par rendre l'âme sur le gazon de Wimbledon, qu'il aurait 20 titres du Grand Chelem en poche en janvier 2018?

Arnaud Cerutti, arnaud_cerutti

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Il peut vraiment dépasser Connors

Avec 103 titres ATP dans sa besace, Roger Federer ne se retrouve "plus qu'à" 6 longueurs du record (109) détenu depuis plus de 30 ans par Jimmy Connors. Cela paraît peu et beaucoup à la fois, mais au vu de la qualité de son tennis, le Bâlois peut légitimement espérer finir par dépasser l'Américain d'ici deux ans. Il faudra pour cela qu'il étende encore un peu sa carrière, mais puisqu'il n'a jamais fixé de date de fin et qu'il ne semble pas encore atteint par le Migros Data, "RF" est sur de bons rails dans cette chasse-là. Des épreuves comme Halle, Bâle, voire un Indian Wells ou Miami peuvent une ou deux fois lui sourire. Et si on y ajoute un "petit" titre du Grand Chelem...