Les temps demeurent incertains mais, plongé dans sa bulle (sanitaire), le tennis tente tant bien que mal d’avancer. Preuve en est qu’après avoir été longtemps mise à l’arrêt, la petite balle jaune s’ébroue déjà autour d’un tournoi du Grand Chelem. Miraculé, l’US Open - qui s’ouvre ce lundi (17 h en Suisse) - parvient même à se tenir aux dates prévues, avec beaucoup de forfaits bien sûr, énormément d’interrogations aussi, encore de plus depuis le cas Benoît Paire d'hier, mais dans le tableau masculin un immense favori, qui l’aurait de toute manière été en temps "normal", un certain Novak Djokovic.
Le Serbe, intouchable No 1 mondial, semble avoir déjà le titre en poche et sera donc l’homme à battre sur le ciment new-yorkais. Pas de doute: si un adversaire s’offre son scalp, Flushing Meadows se transformera en théâtre extraordinaire, puisqu’en dehors de Marin Cilic (US Open 2014), aucun autre joueur en lice n’a déjà embrassé un trophée majeur. Autant dire que la chasse au Graal n’en deviendrait alors que plus passionnante. Mais nous ne sommes encore loin, très loin, pour le moment. Survol d’avant-tournoi, en commençant par le rappel des grands absents.
LES ABSENTES: six joueuses du Top 10 WTA ne seront pas à l’US Open. C’est dire à quel point le tableau féminin ressemble, à première vue, à un grand désert. En plus de la No 1 Ashleigh Barty et de la tenante du titre Bianca Andreescu (No 6), Simona Halep (2), Elina Svitolina (5), Kiki Bertens (7) et Belinda Bencic (8) ont choisi de faire l’impasse sur la traversée de l’Atlantique. Si on ajoute à cette liste les absences de Wang Qiang (en quart l’an passé) et de Svetlana Kuznetsova, titrée en 2004, on se dit que New York pourrait s’offrir à une petite surprise.
LA FAVORITE: difficile, donc, de désigner une véritable favorite pour cette édition 2020. Il y a bien entendu quelques noms qui se dégagent (Karolina Pliskova, Sofia Kenin, Naomi Osaka, peut-être même Serena Williams), mais cet US Open s’ouvrant avec tant d’incertitudes qu’on ne s’avancera pas trop. D’ailleurs, rien qu’en ce qui concerne les quatre noms susmentionnés, le doute est permis. Pliskova n’a par exemple jamais confirmé sur les dernières haies d’un majeur, Kenin vient de décevoir à Cincinnati, Osaka est en délicatesse avec son physique et on ignore tout de la vraie forme de Serena Williams. Peut-être est-ce la chance de la revenante Victoria Azarenka, titrée samedi à Cincinnati? Ou celle de Garbine Muguruza? Attention toutefois à Aryna Sabalenka, Madison Keys, Petra Kvitova ou Elise Mertens.
LES ABSENTS: trois lauréats de Grand Chelem (Rafael Nadal, Roger Federer et Stan Wawrinka, qui ont d’ailleurs tous trois triomphé à New York), deux anciens finalistes (Kei Nishikori à NY et Jo-Wilfried Tsonga à Melbourne), ainsi que Gaël Monfils, Fabio Fognini ou encore Nick Kyrgios; voilà pour les principaux absents de cette édition 2020, qui n’a qu’un seul favori: Novak Djokovic, que tous ses adversaires veulent faire tomber. Nul doute que si le Serbe s’encouble (très peu probable, semble-t-il), la bataille pour le titre sera monstrueuse. Stefanos Tsitsipas et Dominic Thiem seront les deux principaux outsiders. Finaliste en 2019, Daniil Medvedev tient aussi à se montrer. Plus loin derrière ces trois hommes, on regardera tout de même ce que font Alexander Zverev, Matteo Berrettini (en demie l’an dernier), Roberto Bautista Agut, Karen Khachanov ou encore Denis Shapovalov. Voir un autre joueur émerger tiendrait de la surprise totale. A moins que Milos Raonic, finaliste à Cincinnati, ne confirme son réveil après trois années compliquées?
LE FAVORI: on l’a dit, c’est Novak Djokovic. Parce qu’il voit le tableau amputé de Nadal (qui mise sur Roland-Garros), de Federer (blessé) et surtout de Wawrinka, l’homme qui l’a souvent tourmenté dans les grands rendez-vous. Et surtout parce qu’il reste invaincu en 2020, et pas seulement en raison de la crise sanitaire. Même s’il a parfois évolué sur un fil, le terrible «Djoko» est toujours parvenu à se sortir des situations compliquées. Magistral, même sans être toujours génial, il a la confiance et le tennis avec lui. Un 18e titre majeur lui tend les bras, pour venir souffler encore un peu plus fort dans la nuque de Nadal (19) et Federer (20).
LES SUISSES: Federer, Wawrinka et Bencic absents, le tennis suisse – qui n’a aucun représentant chez les hommes, pour la 1re fois depuis... 1989! - va prendre conscience, en cette fin d’été, que les lendemains seront durs, une fois ses héros partis. Car à New York, la délégation helvétique est trop tendre. Chez les dames, Viktorija Golubic, seule en lice lundi, affrontera Vera Lapko et Stefanie Voegele n’a pas eu un tirage facile avec un os d’emblée: Maria Sakkari, 21e WTA. Meilleure chance helvétique, Jil Teichmann devrait pouvoir passer l’obstacle Aliona Bolsova, mais la gauchère pourrait ensuite retrouver au 2e tour une certaine Madison Keys. Pas simple, la vie. Même dans une bulle!
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti
Palmarès des 10 dernières éditions
2019: Rafael Nadal (ESP) / Bianca Andreescu (CAN)
2018: Novak Djokovic (SRB) / Naomi Osaka (JPN)
2017: Rafael Nadal / Sloane Stephens (USA)
2016: Stan Wawrinka / Angelique Kerber (GER)
2015: Novak Djokovic / Flavia Pennetta (ITA)
2014: Marin Cilic (CRO) / Serena Williams (USA)
2013: Rafael Nadal / Serena Williams
2012: Andy Murray (GBR) / Serena Williams
2011: Novak Djokovic / Samantha Stosur
2010: Rafael Nadal / Kim Clijsters