L’INFO DU JOUR: avant même que Roger Federer et Stan Wawrinka ne prennent leur retraite, le tennis suisse vit son "monde d’après", avec sa nouvelle vague de résultats négatifs. Ainsi, au lendemain de la défaite de Viktorija Golubic, Stefanie Voegele et Jil Teichmann ont, elles aussi, pris la porte à Flushing Meadows. Cela faisait depuis l’édition 1995 de Wimbledon, soit 25 ans, que notre pays n’avait plus eu au moins un représentant au 2e tour d’une épreuve du Grand Chelem. Songez qu’à l’époque, l’immense Marc Rosset n’avait pas encore atteint les demi-finales de Roland-Garros. Ou que Belinda Bencic, grande absente de cet US Open, n’avait même pas encore été conçue par ses parents. Cela ne nous rajeunit pas.
LA TROUVAILLE DU JOUR: parlant de lui, sachez que Roger Federer est à New York. Enfin, soyons honnêtes, ce n’est pas vraiment le cas, même pas du tout. Mais l’ombre du mythe plane tout de même sur Flushing Meadows et, surtout, dans l’esprit des joueurs qui ont, entre vendredi et samedi derniers, approché Benoît Paire, le désormais (tristement) banni joueur positif au Covid-19. Ainsi, Grégoire Barrère, grand pote du barbu d’Avignon, se retrouve à vivre une vie qui n’a jamais été la sienne; une sorte de "Vis ma vie de Roger", comme il l’a laissé entendre en conférence de presse. "Je suis passé d’inconnu en Grand Chelem à l’impression d’être Federer, souffle le Français. J’ai ma voiture particulière, des gardes du corps pour aller m’entraîner, un garde du corps à côté de mon coach pendant mon match… J’ai le sentiment d’être dans la peau d’un Top 5 ATP…" Reste à espérer qu’il a respecté les gestes, Barrère.
L’HOMME DU JOUR: qui d’autre qu’Andy Murray peut prétendre à ce titre honorifique? Personne. Joueur tenace, souvent exemplaire, l’Ecossais a livré un énorme combat pour son retour en Grand Chelem après tous les pépins de hanche qu’il a connus ces trois dernières années et son "faux adieu" de Melbourne 2019. Mené deux manches à rien par Yoshihito Nishioka, l’ancien No 1 mondial a sauvé une balle de match dans le 4e set pour finir par passer l’épaule au bout de plus de 4 h 30 de jeu (4-6 4-6 7-6 7-6 6-4). Homérique. Héroïque, presque. Une performance d’autant plus remarquable qu’elle a été signée à huis clos, sans public pour pousser le futur vainqueur, si ce n’est son frère Jamie, lequel s’est époumoné pour que son cadet s’en sorte. "Je ne suis pas là, assis, avec une hanche qui me tiraille, une hanche qui me fait mal, a souri Murray après sa victoire. Je pourrai bien dormir ce soir." Hips don't lie.
LA FEMME DU JOUR: il s’agit de Carla Suarez Navarro. L'Espagnole, qui devait mettre un terme à sa carrière cette année, a beau ne pas être présente à New York, elle se retrouve au cœur de toutes les discussions, peut-être davantage encore au cœur de tous les hommages, notamment celui de sa grande copine Garbine Muguruza. Et pour cause, l’ancienne No 8 WTA a fait savoir qu’elle est atteinte de lymphome du Hodgkin, une forme de cancer rare. "Je dois faire face à une réalité compliquée, mais il est temps de l’accepter et d’essayer d’aller de l’avant, toujours avec optimisme face à l’adversité", a écrit l’Ibère de seulement 32 ans (qu’elle "fêtera" demain), qui en a au moins pour six mois de chimiothérapie. Elle a, de fait, reçu les encouragements de plusieurs joueurs et joueuses, mais aussi ceux de… l’ATP, d’ordinaire pourtant très lisse dans sa communication.
LE RECORD DU JOUR: 102 victoires à l’US Open. Tel est désormais le bilan de Serena Williams, laquelle a vaincu Kristie Ahn (7-5 6-3) la nuit dernière. C’est un succès de plus que Chris Evert sur le ciment new-yorkais.
LA COLERE DU JOUR: on la doit à Guido Pella, le joueur argentin recalé du tournoi de Cincinnati car son coach avait été contrôlé positif au Covid-19. Quinze jours plus tard, au vu du traitement du cas Benoît Paire, l’actuel No 36 ATP, éliminé au 1er tour hier, est sorti de ses gonds: "Je suis furieux contre les organisateurs de l’US Open, qui ont changé les règles après le contrôle positif de Benoît. J’aimerai bien savoir pourquoi… J’ignore s’ils ont reçu un coup de fil depuis la France ou émanant de la Fédération française de tennis… Je suis triste parce que j’ai vécu l’une des pires injustices qu’un sportif puisse vivre. Alors qu’aujourd’hui, les joueurs qui ont été en contacts avec Paire ont le droit à leur propre "bulle", à leurs entraînements, etc. Bref, pour notre part, nous n’avons pas eu droit au même traitement…"
QUELQUES COUPS DU JOUR: Medvedev, Dimitrov, Pella ou encore Gasquet dans leurs oeuvres...
LA PHRASE DU JOUR: "J’essaie de prendre les tests (ndlr: au Covid-19) les uns après les autres. Et après chaque test qui me revient négatif, je me dis: 'Waouh, je suis encore là pour au moins quatre jours'». La Britannique Johanna Konta, outsider du tableau, espère prolonger le plus possible son séjour new-yorkais.
L’AUTRE PHRASE DU JOUR: elle sort de la bouche de Milos Raonic, qui met en doute les résultats des tests de Covid-19. "On sait que 77 joueurs de NHL ont été de faux positifs après de faux retours de leurs résultats émanant d’un laboratoire du New Jersey, a rappelé le Canadien. Je ne sais pas où vont nos tests et si les résultats sont justes…" Une interrogation qui ne se pose apparemment pas qu'à l'US Open.
Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti
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