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Jour 5, tournoi qui part en vrille, empoignade d'anthologie et patron en promenade

Borna Coric, sorti vainqueur d'une superbe empoignade avec Stefanos Tsitsipas. [EPA - MATTHEW STOCKMAN]
Borna Coric, sorti vainqueur d'une superbe empoignade avec Stefanos Tsitsipas. - [EPA - MATTHEW STOCKMAN]
L'affaire Benoît Paire - si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi - qui déborde même sur les courts et accouche d'une situation ubuesque, le match Borna Coric-Stefanos Tsitsipas qui atteint des sommets et Novak Djokovic qui se marre. Dans sa bulle, Flushing Meadows tourne par moments à la farce (pas drôle).

LE FEUILLETON DU JOUR (DE LA QUINZAINE, EN RÉALITÉ): celui qui fait suite au contrôle positif de Benoît Paire au COVID-19 et qui ne cesse d’avoir des retombées négatives (comme les contrôles du même Paire par la suite). Ainsi, hier, nous apprenions que les contacts de l’Avignonnais devaient finalement non pas seulement rester à New York jusqu’à la fin du tournoi, mais carrément demeurer enfermés dans leurs chambres d’hôtel, et ce quand bien même tous avaient déjà disputé des matches à Flushing (cherchez l’erreur). L’information livrée par L’Equipe laissait entendre que rien n’avait en revanche été décidé pour certains joueurs encore en lice comme Adrian Mannarino.

Quelques minutes plus tard, le 3e tour du Français contre Alexander Zverev ne démarra toutefois pas à l’horaire indiqué, convoquant ainsi toutes les spéculations, même les plus farfelues. Ce n’est finalement que 2 h 45 plus tard, presqu’au moment où l’on apprenait le décès d’Annie Cordy (lire encadré tout en bas), que le duel a pu débuter. 2 h 45, et même davantage, de palabres, de débat avec l’Etat de New York, qui avait songé à placer "Manna" en quarantaine, de diverses interventions et de rumeurs sans fin pour ce qui ressemble à un pur scandale. Le Parisien a eu le mérite d’entrer sur le court et de même plutôt bien jouer contre l’Allemand. Et contrairement au frère de Kiki Mladenovic, présent à Big Apple et très virulent sur les réseaux sociaux (quelques messages ont été effacés depuis), il n’en veut pas aux organisateurs. "Ils font ce qu’ils peuvent mais ne décident pas de tout, a-t-il lâché en conférence de presse. Au moins j’ai eu la chance de pouvoir jouer mon match, de pouvoir bien le jouer. Je n’ai aucune raison de me plaindre." Grande classe, Adrian Mannarino!

LE MATCH DU JOUR: le bras de fer épique, homérique et dramatique entre Stefanos Tsitsipas et Borna Coric, qui s’est soldé par une victoire en cinq manches du Croate (6-7 6-4 4-6 7-5 7-6). Tout au long de près de 4 h 40 de jeu, ce fut un combat dantesque, que le petit gabarit est allé enlever au courage, à la poigne, à la force de caractère, après avoir été mené 5-1 dans le 4e set et avoir dû écarter six balles de match. Borna To Be Alive.

LA PROMENADE DU JOUR: celle de Novak Djokovic, évidemment, lequel a joué à Gargamel avec le grand Struff. Le brave Allemand - Jan-Lennard de son prénom - est un "bon petit joueur", mais pour battre un No 1 mondial encore et toujours en mission, il faut être bien plus que cela. Résultat: 6-3 6-3 6-1; presqu’une "doudoune", comme on dit dans le milieu. Et un boulevard pour le Serbe, qui ne devrait pas trembler au tour suivant contre Pablo Carreno Busta.

LA RÉVÉLATION DU JOUR: il s’appelle Alejandro Davidovich Fokina. Mère suédoise, père russe - un bon mélange pour avoir les cheveux blonds - et… nationalité espagnole. Né à Malaga en 1999, cet ancien No 9 mondial chez les juniors vit un petit conte de fées à New York, puisqu’il s’est hissé en 8es de finale grâce à sa victoire sur Cameron Norrie (7-6 4-6 6-2 6-1). Et ce alors qu’il avait remporté son 1er (et seul) match en Grand Chelem au mois de janvier seulement en Australie. A suivre.

L’ÉVIDENCE DU JOUR: Caroline Garcia avait regagné deux matches de suite, parmi lesquels un joli succès sur Karolina Pliskova (tête de série No 1), et il n’en fallait pas plus pour que la presse française s’agite autour de "sa" joueuse. Et comme à chaque fois que c’est le cas, un peu comme nous avec "notre" équipe nationale de foot, la Lyonnaise a droit derrière fini par s’encoubler contre Jennifer Brady (3-6 3-6). Un scénario qui semblait hélas couru d’avance. Ce qui nous fait mal au cœur pour une joueuse plutôt sympathique et qui avait véritablement enflammé l’automne 2017.

LE SAUVEUR DU JOUR: heureusement pour nos voisins, et pour le tennis français qui vit des heures sombres hors des courts à New York, Corentin Moutet est là pour sauver la face. Audacieux et courageux, le Parisien est venu à bout de Dan Evans (4-6 6-3 7-6 7-6). Au 3e tour l’attend un joli bras de fer avec Félix Auger-Aliassime. Après cette belle qualification et avant de s'attaquer au Canadien, Moutet n’a pas eu peur d’ironiser sur la pseudo-bulle sanitaire et sur le sort de ses compatriotes: "La bulle? Ca va, je suis plutôt solitaire. En tournoi, je ne joue pas trop aux cartes, je suis concentré sur mon tennis." Quitte à s'attirer les foudres de Benoît Paire, lequel a réagi sur Twitter: «Il faut faire attention à ce qu’on dit, Corentin! Je vais mettre ça sur le compte de son immaturité

LE MAÎTRE ES TACTIQUE: il s’agit de David Goffin. Le Belge avait en effet prévenu qu’il s’attendait à une bataille tactique contre Filip Krajinovic, joueur qui l’avait récemment battu à deux reprises. Eh bien cette bataille, le Liégeois l’a cette fois-ci dominée de la tête et des épaules (6-1 7-6 6-4), sans doute car il a été bien conseillé par son coach, Thomas Johansson, lequel s’occupait il y a encore peu de temps de… Krajinovic. La bonne nouvelle? L’année de ses 30 ans, Goffin s’invite pour la 4e fois de rang en 8e de finale de l’US Open. La mauvaise? Il n’a jamais grimpé dans le quart.

LES DAMES S'AMUSENT: en dehors de la sortie de piste de Pliskova l'autre jour, le tableau féminin reste relativement calme cette année. Ainsi, vendredi, toutes les meilleures joueuses sont passées: Angie Kerber, Naomi Osaka (même en suant un peu), Petra Kvitova, Elise Mertens... Bref, rien de spécial à signaler. Qu'en sera-t-il ce samedi pour Serena Williams, Madison Keys ou encore Sofia Kenin?

LA PHRASE DU JOUR: "J'ai toujours observé la situation comme si c'est moi qui étais à sa place. J'aurais aimé que mon adversaire ait de la compréhension pour ce que je vis. Ce n'était pas sa faute. Ni celle de l'US Open. C'était la situation telle quelle, avec des choses politiques. J'ai attendu pour lui donner l'opportunité de jouer." Du (très sage) Alexander Zverev, lequel a accepté d'attendre que la situation d'Adrian Mannarino se débloque.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

A lire également:

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Jour 4, la fusée FAA, la résurrection bulgare et un nouvel Agassi

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En hommage à Annie Cordy

La chanson du jour, sur l'air de "Tata Yoyo"...

Mannarino
Qu’est-ce qui s’passe à Flushing Meadows
Mannarino
Tout c’qui s’trame c’est un peu lourdaud
Mannarino
Paraît même qu’ça fait pas rire Djoko
On n’aime pas ça
Quand le p’tit tennis tennis tennis
Vire au débat

(info - @BenRothenberg ) #USOpen (@Eurosport_RU ) pic.twitter.com/Qe9fQlEq3v

— doublefault28 (@doublefault28) September 5, 2020



Je perds la foi
Mes idéaux
Et j’ai bien peur
Des décideurs
Qui partent en vrille
Depuis des mois
Avec leurs lois
Oui j’perds la foi
Décidément c’monde est complètement follot
Et j’comprends pas que d’aucuns trouvent ça rigolo

Mannarino
Qu’est-ce qui s’passe à Flushing Meadows
Mannarino
On s’croirait au cœur d’un grand chapiteau
Mannarino
Tout ça c’est quand même bien ballot
On n’aime pas ça
Quand le p’tit tennis tennis tennis
Vire au débat

Et tout ce temps
Que tu te trimballes
Avec ton masque
Dans ce carnaval
Ce monde d’après
N’fait pas rêver
C’est pathétique
Toute cette musique
Et e les entends dire: «Tout cela c’est le nouveau normal!»
Eh bien moi je trouve ça carrément paranormal

Mannarino
Qu’est-ce qui s’passe à Flushing Meadows
Mannarino
On s’croirait au cœur d’un grand chapiteau
Mannarino
Tout ça c’est quand même bien ballot
On n’aime pas ça
Quand le petit tennis tennis tennis
Vire au débat