Jour 1, Roland s'arrose, Wawrinka donne le "la" et... future corrida de Rafa?

VERS UNE PARODIE DE TOURNOI? La première chose, c'est de se demander si ce Roland-Garros pourra se disputer plus ou moins normalement. Dimanche en tout cas, on a en effet craint pendant quelques minutes que cette entame d’édition 2020 ne vire à la parodie. Courts glissants, fine pluie désagréable, température au-dessous des 10 degrés; on se serait presque davantage cru au tournoi interne de Goumoëns-le-Jux pendant les Fêtes de Noël que dans une épreuve du Grand Chelem. Victoria Azarenka a d’ailleurs piqué une (légitime) colère lorsque les officiels l’ont priée de rester sur sa chaise à attendre que la pluie passe plutôt que de rentrer au vestiaire. Ni une ni deux, la récente finaliste de l’US Open a préféré aller d’elle-même se mettre au chaud, contre l'avis du superviseur, mais pour ensuite refroidir les ardeurs de son adversaire, Danka Kovinic (6-1 6-2). Le pire, c’est de constater que la météo ne s’annonce guère meilleure pour le restant de la quinzaine. Aïe.

UN CLIMAT DE MARS ET CA REPART: Stan Wawrinka n’a pas manqué son entrée en matière, malgré un 1er tour compliqué - sur le papier - contre Andy Murray. 6-1 6-2 6-3, la note infligée par le Vaudois à l’ancien No 1 mondial est impressionnante. Elle l’est sans doute d’autant plus quand on voit la sérénité et l’aisance affichées par le lauréat 2015, totalement maître de son sujet en dépit de son manque de compétition et de repères. Allez, enflammons-nous déjà un peu dans les frimas parisiens: ce succès augure de belles choses pour le reste de la quinzaine, si toutefois "Stanimal" parvient à rester au même niveau de concentration et de tennis. Et ce bien que son prochain adversaire, Daniel Koepfer (ATP 66), soit en forme et reste sur un quart de finale à Rome.

LA POMME NE TOMBE JAMAIS LOIN…: Sebastian Korda (20 ans à peine), fils d’un certain Petr, vainqueur de l’Open d’Australie 1998, a entamé de la meilleure des manières son premier Roland-Garros. Sorti des qualifications sans égarer la moindre manche, le joueur américain a détruit en quatre sets l’assurance du vétéran Andreas Seppi. Non content d’être la copie conforme de son père, l’actuel 213e mondial aimerait pouvoir l’imiter sur la terre battue parisienne. Il a toutefois encore du boulot, sachant que "Papa Petr" fut finaliste de l’édition 1992 (défaite contre Jim Courier).

HALEP: PAS DE DÉFAITE, ENCORE MOINS DE FÊTE! Grande favorite du tableau WTA, Simona Halep aurait pu s’accorder deux coupes de champagne au lieu d’une seule, ce dimanche 27 septembre. Non contente de fêter ses 29 ans et de boire un premier coup, la Roumaine s’est en effet promenée contre Sara Sorribes Tomo (6-4 6-0) pour s'offrir la perspective de s'envoyer une autre gorgée. Hélas, rien de tout cela. "Ca va être l'anniversaire le plus bizarre possible, car je dois me soumettre aux règles en vigueur ici, s'est-elle amusée. Alors je vais boire une bonne bouteille d'eau." Gare tout de même à ne pas abuser! Au prochain tour, "Simo" ne croisera pas Jil Teichmann, mais une compatriote, Irina-Camila Begu s’étant défaite en trois manches de la Biennoise.

MASCARADE EN VUE? Une nouvelle tombée hier vers 22 h et révélée par notre confrère Julien Reboullet de L’Equipe surprend: "Roland-Garros accepte depuis vendredi le principe de "non contagiosité" sur l'antériorité de la maladie si elle est documentée par un dossier médical et validée par les experts médicaux". A croire que n’importe quelle excuse, désormais, pourra permettre à quiconque de poursuivre sa route dans le tournoi. A moins que les organisateurs n’aient attrapé un "gros poisson" contenant des restes de COVID-19 dans les narines et qu’ils n’osent pas le dégager du tournoi? Quand on voit la pression mise sur la population lambda, on touche ici au fond du fond.

LE CRÉPUSCULE D’UNE IDOLE? Impuissante face à Anna Karolina Schmiedlova, Venus Williams a déjà quitté le tournoi. Alors que l’ancienne No 1 WTA a soufflé ses 40 bougies au mois de juin dernier, on ne peut éviter de croire que ce passage par Paris était sa dernière apparition sur la terre battue de Roland-Garros. Il s’agissait en tout cas hier de sa 23e participation au tournoi de la Porte d’Auteuil, qu’elle n’a d'ailleurs jamais remporté.

COUCOU, VOILA CECCHI! Il est peut-être – et bien malgré lui - le mec le plus original du circuit, dans le sens où avant cette édition 2020 de Roland-Garros, il n’avait remporté qu’une seule fois un match au 1er tour d’un tournoi du Grand Chelem, mais c’était alors pour ensuite… filer jusque dans le dernier carré de l’épreuve. Et souvenez-vous, c’est bien à Roland-Garros, en 2018, que Marco Cecchinato (c’est de lui dont on parle) avait réussi ce tour de force, en signant notamment une victoire mythique sur Novak Djokovic en quarts de finale. Deux ans et une traversée du désert plus tard, l’Italien, qui a dû passer par les qualifications pour intégrer le tableau principal ce mois-ci, a laminé la tête de série No 25 Alex De Minaur (7-6 6-4 6-0). Tutto bene!

KONTA DORT: demi-finaliste de l’édition 2019, Johanna Konta espérait pouvoir faire au moins aussi bien cette année. Mais même sous un crachin typiquement britannique, la jeune femme a fini par se gaufrer d’emblée contre… Coco Gauff (3-6 3-6). Une belle performance au passage pour l’Américaine, qui devient, à 16 ans et 6 mois, la plus jeune joueuse à remporter un match à Roland depuis Michelle Larcher de Brito en 2009.

NADAL, 1RE ETAPE: dans sa quête d'un nouveau titre à Roland-Garros, qui serait surtout une 20e couronne en Grand Chelem, Rafael Nadal passe ce lundi la 1re des 7 étapes à son programme. Son adversaire, Egor Gerasimov, ne devrait pas lui poser problème. L'Espagnol est-il parti pour une nouvelle corrida (lire encadré)?

PAIRE REVIT: après avoir passé ses jours et ses nuits new yorkais confinés, puis avoir totalement soldé son match contre Jannik Sinner à Rome et rendu prématurément les armes à Hambourg, non sans avoir encore été présumé positif au Covid-19, le malheureux Benoît Paire a retrouvé une raison de sourire. Hier, le Français a en effet gobé Soonwo Kwon (7-5 6-4 6-4). Au prochain tour, il se frottera à Federico Coria, "le frère de", ancien paria du circuit pour avoir été lui-même pincé après avoir truqué des matches. On ne sait pas pourquoi, mais quelque chose nous dit que ce 2e tour sent le soufre. Surtout que Paire n'a rien de "Monsieur Positif" actuellement. "Je ne suis ni bien physiquement ni bien mentalement", soupirait-il, dimanche après sa victoire.

CARRÉMENT MÉCHANT, JAMAIS CONTENT...: Mats Wilander, le roi de l’analyse fine, posée et sensée (on ironise) a encore frappé fort hier en détruisant Andy Murray: "Je crois qu’Andy devrait arrêter de penser à lui, mais à ce qu’il était. A-t-il encore le droit de voler des wild-cards aux plus jeunes? J’adorerais l’entendre nous dire pourquoi il va encore sur le court, pour nous donner l’espoir qu’il reviendra vraiment un jour. Je suis toujours un peu déçu. Pourquoi fait-il ça?"

LA GRANDE CLASSE: heureusement que Stan Wawrinka, grande classe, est venu corriger le tir et remettre le Suédois en place: "Andy a gagné tout ce que l’on peut gagner dans le tennis. Il a été No 1 mondial, il a eu une fantastique carrière. Personne ne s’attendait à ce qu’il revienne sur le circuit. Et il est revenu. C’est un immense champion!"

THIEM SUR SES GARDES: appelé à entrer en lice ce lundi pour un 1er tour très périlleux contre Marin Cilic, Dominic Thiem, finaliste à Roland-Garros ces deux dernières années et surtout récent vainqueur de l’US Open, refuse de se projeter. Il est même doublement sur ses gardes, comme il le rappelle à L’Equipe: "Évidemment que j'ai beaucoup pioché pour gagner l'US Open, rappelle-t-il dans une interview accordée au quotidien parisien. Mais il y a tellement d'émotions positives que je n'avais jamais ressenties avant... D'habitude, je ne joue pas bien les tournois après un gros succès, comme en 2019 après Indian Wells (défaite en 8es à Monte-Carlo contre Lajovic) et à Vienne (défaite en 8es à Bercy face à Dimitrov), par exemple. On verra. Le tirage est super dur. Tout recommence de zéro. Je ne dois pas penser à l'US Open."

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti