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Jour 4, un Stan des grands jours, l'estomac de Rafa, l'attaque de Verdasco et un psychodrame à Paris

Stan Wawrinka, juste trop fort contre Koepfer. [AFP - Stéphane Allaman]
Stan Wawrinka, juste trop fort contre Koepfer. - [AFP - Stéphane Allaman]

Ce Roland-Garros automnal est aussi triste (dans les tribunes) que spectaculaire ailleurs, tellement de choses ne "voulant rien dire" se passant sur les courts en dehors. La journée de mercredi, 4e jour de cette édition 2020, n’a pas manqué de nous proposer à boire et à manger. Le tout en franchissant le mur du son. Morceaux choisis.

IMPÉRIAL STAN: dans son genre, Stan Wawrinka nous a en revanche donné que du bon contre Dominik Koepfer; du solide, du croquant, du doucereux. Comme on l’aime. Si l’on excepte une petite baisse de régime au 3e set – et encore, il ne jouait pas contre le dernier venu! – le Vaudois a frappé dans tous les sens. Mais pas en "arrosant" façon Jelena Ostapenko, plutôt en frappant avec justesse, en imprimant la cadence infernale de ses plus belles années. En revers (toujours du cinq étoiles) comme en coup droit (du quatre étoiles trois quarts). Ca a fait bim-bam-boum, Koepfer a fait pschitt et Wawrinka a fait "vroum" direction le 3e tour. En explosant presque le mur du son, comme cet avion qui a secoué le ciel de Paris hier et fait trembler Roland-Garros au début de son match.

LA QUESTION: "A quel moment puis-je annoncer que Stan va gagner Roland?". La question nous a été posée au cœur de l’après-midi dans une discussion Whatsapp. Il est vrai que le "Stanimal" de ce dernier jour de septembre a fait très fort et laissé flotter l’idée qu’il pouvait faire quelque chose de grand, à Paris. De là à gagner, il y a quand même quelques petits obstacles sur son chemin. Il faudra déjà éviter la gaffe contre Gaston vendredi. Puis sûrement devoir se farcir Thiem, Nadal et Djoko. Bref, vu comme ça, pas sûr que ce soit l’idéal. Reste que notre mémoire vient nous rappeler qu’à l’Open d’Australie 2014, Wawrinka s’était débarrassé sans sourciller de Djokovic, Berdych et Nadal. Qu’à Roland-Garros 2015, il avait pulvérisé Simon, Tsonga, Federer et Djokovic. Puis qu’à l’US Open 2016, il avait encore donné la leçon à Del Potro, Nishikori et Djokovic. Jusqu’à preuve du contraire, hors "Big Three", il y a bien que lui pour signer une telle performance. Et puis, entre nous, qu’est-ce que cela coûte, de rêver?

GASTON, Y A LE 3E TOUR QUI SON: après les éliminations de Benjamin Bonzi et Pierre-Hugues Herbert hier soir, il ne reste plus qu’un Français dans le tableau masculin, une première depuis 1995 à ce stade-là du tournoi, qui vaut bien un petit clin d’œil (lire encadré).  Et, en 2020, ce n’est pas du tout celui que l’on attendait. Hugo Gaston - puisque c’est lui le "résistant" - vit très logiquement la plus belle semaine de sa carrière et s’apprête à disputer le match le plus important de cette même carrière contre Stan Wawrinka. Le 239e mondial a déjà signé une bien belle performance mercredi en faisant tomber le 52e ATP Yoshihito Nishioka (6-4 7-6 3-6 6-2). Auteur de plusieurs délicieuses amorties, le Toulousain de seulement 20 ans (depuis 4 jours), joli gaucher, affiche un tennis intéressant et déjà très complet. Avec la particularité de ne jamais faire rebondir la balle avant de servir. On ignore si cela peut perturber Wawrinka. En revanche, ce que l’on sait, c’est que le dernier vainqueur français de Roland-Garros avait aussi deux prénoms…

ENTRE SKETCH ET CRAQUAGE: s’il n'y avait qu'une partie à suivre du coin de l’œil mercredi, c’était bien le 2e tour entre Sara Errani et Kiki Bertens (6-7 6-3 7-9), qui avait tout, mais alors tout du match d’Interclubs entre le TC Les Brenets et le TC Avully, un dimanche pour le dernier point au bout du suspense. Songez en effet que l’Italienne s’est montrée incapable de lancer correctement sa balle au service en fin de 1er set. Après plusieurs tentatives, non sans avoir reçu un avertissement puis un point de pénalité pour dépassement de temps (si, si, vous avez bien lu!), elle décida de servir à la cuillère. Mais c’est surtout en fin de partie que les choses sont devenues épique, lorsque la Néerlandaise, percluse de crampes, n’arrivait quasiment plus à bouger sur le court et vit son adversaire l’imiter en l’accusant de simuler. L’espace d’un instant, on put croire que c’était une caméra cachée. Sauf que, une fois le match plié pour Bertens, Errani a refusé le "toucher de raquette" qui a remplacé les poignées de main, puis quitté le court en adressant un "Vaffanculo" des plus aimables à son adversaire. Surréaliste! Tellement que la "Kiki qui gagne" a dû quitter le terrain en chaise roulante. Ce qui a fait bondir l’Italienne: "Avant cela, Bertens courait comme un lapin. Ca me rend dingue! Maintenant, elle est tranquille en train de manger au resto des joueurs. Je hais qu’on joue avec moi." Ah, ces deux-là, mon p’tit Jean-Mimi, elles ne passeront pas leurs vacances ensemble…

VIKA, PATATRAS! Même si on connaissait son peu d’amour pour la brique pilée, on l’imaginait volontiers se frayer un joli chemin dans ce tournoi, sur la lancée de son bel été. Mais non, récente finaliste de l’US Open et quart de finaliste à Rome, Victoria Azarenka a été prématurément dégagée du tableau, par une Anna Karolina Schmiedlova – pourtant 161e WTA - sans pitié (6-2 6-2). Mine de rien, en deux matches à Paris, la Slovaque vient de s’offrir deux anciennes Nos 1 mondiales, puisqu’elle avait écarté Venus Williams pour son entrée en lice.

UN MENU DIGESTE POUR NADAL: 6-1 6-0 6-3; Rafael Nadal a littéralement "bouffé" McDonald (Mackenzie de son prénom) pour son 2e tour. Tel un rouleau compresseur, le tenant du titre, tellement facile, a évolué en chaussons (aux pommes) et porté à 25 son nombre de succès consécutifs du côté de la Porte d’Auteuil, à 95 au total. Impressionnant d’aisance, même impressionnant tout court, il s’est surtout montré très facile sur sa mise en jeu (76% de points gagnés derrière sa 1re balle). Certes, ce n’était pas "Big Mac" en face, mais tout de même… Cette aisance était-elle due à des conditions de jeu meilleures que pour son 1er tour? "Il ne faisait pas aussi froid et les conditions n’étaient effectivement pas si mauvaises, a relevé le No 2 ATP. La balle est toujours lourde, mais un peu moins avec cette météo. Mais les prévisions ne s’annoncent pas bonnes pour la suite." Pas rassuré, Rafa.

THIEM BRILLE AUSSI: Djokovic et Nadal impressionnent, Dominic Thiem aussi. Il est vrai que si Jack Sock avait battu l’Autrichien, ses fans auraient eu le moral dans les chaussettes, mais le récent vainqueur de l’US Open s’est montré parfaitement à son affaire face à l’Américain (6-1 6-3 7-6). Solide, "Domi" a par la suite confirmé être dans un tout autre état d’esprit, presque libéré depuis son triomphe new-yorkais: "Je suis vraiment heureux que cela (ndlr: un 1er titre majeur) soit dehors de ma tête, heureux d’avoir pu me délester de cette idée. Je me sens bien, encore sur la vague (ndlr: la 2e?) de l’US Open, même s’il est probable que la fatigue finisse par me rattraper. Reste que je veux aller le plus loin possible, ici."

KORDA ENVOIE NAGER SES COACHES! A peine 20 ans et déjà du culot et de l’humour. Sebastian Korda est le petit bonhomme (façon de parler, puisqu’il mesure 193 cm) à découvrir dans cette 1re semaine de Roland. Non content d’être sorti des qualifications puis d’avoir passé le 1er tour contre Andreas Seppi, le fils du mythique Petr s’est offert le scalp d’un certain John Isner (6-4 6-4 2-6 6-4), hier. Il a fait d’une pierre deux coups puisqu’il avait parié avec son coach et son préparateur physique que s’il se hissait au 3e tour de Roland-Garros, les deux devraient nager sous le Pont Charles de Prague. La qualif assurée, les deux hommes n’ont plus qu’à enfiler leurs palmes. Un petit conseil au passage: ils devraient à l’avenir éviter de tenter d’autres paris, puisque le 16e de finale à venir contre Pedro Martinez Portero semble tout à fait à la portée de leur poulain.

BOUCHARD REVIENT: elle était arrivée à deux mille à l’heure sur le circuit WTA, en étant demi-finaliste à Melbourne et Roland-Garros puis finaliste à Wimbledon en 2014, entre ses 19 et ses 20 ans, puis Eugenie Bouchard s’était gentiment mais sûrement effondrée, ne signant plus de résultats probants et laissant l’image d’un talent gâché, une sorte d’Anna Kournikova des temps modernes. Six ans plus tard, on ne va pas affirmer que la Canadienne est de retour mais ses deux succès alignés sur la terre battue de la Porte d’Auteuil – dont celui très intéressant d’hier sur Daria Gavrilova - la remettent quelque peu dans la lumière. Il faut dire que cela faisait 3 ans et demi qu’elle n’avait plus remporté deux matches de suite en Grand Chelem. De quoi la relancer? En tout cas, elle jure que la crise et le confinement lui ont fait comprendre la chance qu’elle a de pouvoir avoir un travail, de pouvoir mener une carrière et amasser quelques millions. "Je suis juste heureuse de jouer à présent", souffle-t-elle.

SERENA REVIENDRA: forfait avant même son 2e tour contre Tsvetana Pironkova, Serena Williams ne gagnera donc pas un 24e titre du Grand Chelem. Pas cette fois, en tout cas. Un jour, peut-être? Alors que la question se pose désormais avec beaucoup d’insistance, au fur et à mesure de ses échecs, l’Américaine tient simplement à assurer qu’elle sera de nouveau en tenue de joueuse sur les courts de Roland-Garros 2021. "Que Paris ne s’inquiète pas, je reviendrai." Mais Paris était-elle inquiète?

VERDASCO ATTAQUE: dans un entretien accordé à L’Equipe, Fernando Verdasco, écarté de cette édition 2020 avant le tirage au sort pour un contrôle positif au Covid-19, affirme vouloir attaquer le tournoi: "Ce qui s’est passé témoigne d'une mauvaise gestion générale de toutes les autorités chargées d'organiser un tournoi aussi important que Roland-Garros, d'avoir changé les règles un jour après m'avoir exclu du tournoi et sorti du tableau, sans me donner la possibilité de passer un deuxième test PCR, pour démontrer que j'étais négatif. J'ai eu le Covid-19 en août et je leur ai apporté les preuves que j'avais depuis passé quatre tests négatifs. Ils avaient toutes les informations. Je leur ai dit qu'il s'agissait sans doute d'une erreur, que j'avais des anticorps, que l'on pouvait faire une analyse de sang pour vérifier que mes anticorps me rendaient désormais immunisé et non contagieux." Précision: après ce test, l’Espagnol en a passé deux autres. Tous deux négatifs.

Arnaud Cerutti, @arnaud_cerutti

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"Chaque année, c'est l'même refrain"

(Sur l'air de "Ca s'en va et ça revient", de Claude François)

Le décompte d’la FFT s’est arrêté sur le petit un
A ce moment très précis
Où sont partis Benjamin Bonzi
Et Pierre-Hugues Herbert
On a cherché un héros
Mais ce n’étaient ni Lucas ni Jo
Car aucun d’entre eux n’est venu
Relever le défi
Là où Hugo va il s’confrontera j’en suis sûr
A d’autres joueurs qui assurent
Sous la pression
Il cherchera
De beaux exploits j’en suis sûr
Pour qu’enfin on puisse l’avoir
La grande victoire

Chaque année c’est l'même refrain
On s’contente de tout petits riens
On déchante et on ressasse
Puis on revient la saison d’après
Comme dans un tournoi populaire
La victoire est sur l’terrain
Mais elle nous glisse entre les mains
On déchante car trop on rate
Sur le service comme en revers
Suscitant l’ironie du vestiaire
Ça nous fait très mal au cœur
La presse nous met des coups de poignards dans le dos
Elle nous descend de son nuage
Et nous afflige mot après mot
Chaque année c’est l'même refrain
On s’contente de tout petits riens
On déchante et on ressasse
Puis on revient la saison d’après
Comme dans un tournoi populaire

La victoire à Roland
Autant ne plus y penser
On s’était plu à y croire
Mais c’est déjà d’la vieille histoire
Rafa nous l’a volée
Je voulais honorer la France
En octobre ou au mois de juin
J’y vais, j’reviens ça n’tourne pas rond
J’en ai conscience
Je crois entendre des voix
Qui me susurrent
Que tous les autres assurent
Que la victoire
Sans que j’m’y attende
Viendra pour moi j’en suis sûr
Elle guérira nos blessures
La grande victoire

Chaque année c’est l'même refrain
On s’contente de tout petits riens
On déchante et on ressasse
Puis on revient la saison d’après
Comme dans un tournoi populaire
La victoire est sur l’terrain
Mais elle nous glisse entre les mains
On déchante car trop on rate
Sur le service comme en revers
Suscitant l’ironie du vestiaire
Ça nous fait très mal au cœur
La presse nous met des coups de poignards dans le dos
Elle nous descend de son nuage
Et nous afflige mot après mot
Chaque année c’est l'même refrain
On s’contente de tout petits riens
On déchante et on ressasse
Puis on revient la saison d’après
Comme dans un tournoi populaire