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Jakob Hlasek se livre sans langue de bois

Hlasek a de la peine à comprendre l'attitude de Federer.
Hlasek a de la peine à comprendre l'attitude de Federer.
A quelques jours d'Etats-Unis - Suisse pour le compte du 1er tour de la Coupe Davis, l'ancien champion livre ses impressions sur Roger Federer, le tennis suisse et parle de ses souvenirs personnels.

Ce devait être un grand week-end de tennis comme seule la Coupe
Davis est capable d'en réserver. Hélas, le match USA-Suisse (6-8
mars) a quasiment perdu tout son intérêt mardi soir lors de
l'annonce du forfait de Roger Federer.



Cette nouvelle fait depuis lors beaucoup jaser, même parmi ses
plus fervents fans. Le Bâlois a beau être le plus grand sportif
suisse de tous les temps, il n'est pas pour autant intouchable. Y
a-t-il un "malaise" Federer? Jakob Hlasek (44 ans), ancien no7
mondial et capitaine de l'équipe de Suisse de Coupe Davis, se pose
aussi des questions sur Roger Federer. Interview.

"Federer ne met pas tout en oeuvre pour être en bonne
santé!"

tsrsport.ch: Comment interprétez-vous le
forfait de Federer pour la Coupe Davis?




JAKOB HLASEK: Je ne peux pas juger sa décision.
On peut seulement s'étonner quelque peu. Depuis 4 mois, il dit des
choses puis fait le contraire! C'est ça que j'ai dû mal à
comprendre. En octobre, il a mal au dos et renonce à un tournoi.
Ensuite, il dispute quand même le Masters et enchaîne avec des
exhibitions. Puis au début de l'année, il joue 2 tournois
exhibition plus un tournoi avant l'Open d'Australie et dit qu'il
est "fit". C'est fort possible que son dos le fasse souffrir
aujourd'hui. Mais dans ce cas-là, il ne met pas tout en oeuvre pour
être en bonne santé!



tsrsport.ch: En principe, Federer doit
effectuer son retour à Indian Wells, un tournoi qui débute 4 jours
après le match de Coupe Davis USA-SUI. S'il est bien de la partie,
ne pensez-vous pas que cela pourrait être mal perçu?




JAKOB HLASEK: Sûrement que les gens vont se poser
des questions, effectivement. Cela fait 6-7 ans que Federer dit que
la Coupe Davis, c'est très important. Si c'est vraiment le cas, il
faudrait qu'il la joue un jour à fond et qu'il essaie durant deux
ans de la remporter. S'il n'y arrive pas, tant pis mais au moins il
aura essayé.

"Quand Federer a annoncé son forfait, j'étais très déçu, même
un peu abattu"

tsrsport.ch:

Désormais, c'est mission
impossible pour la Suisse lors de ce 1er tour
.



JAKOB HLASEK:

C'est vrai que les chances sont
minimes. Quand Federer a annoncé son forfait, j'étais très déçu,
même un peu abattu. Je pensais que la Suisse avait peut-être une
chance de gagner la Coupe Davis. Voilà, ça ne sera pas pour cette
année.



tsrsport.ch:

Un mot sur Stanislas Wawrinka,
son parcours jusqu'à présent
.



JAKOB HLASEK:

C'est un joueur qui travaille
énormément, qui est rigoureux. Il fait son chemin pas à pas,
toujours un peu plus haut. On ne peut que lui tirer un grand coup
de chapeau pour ce qu'il a déjà réalisé.

"Je voulais aussi redonner quelque chose au public
helvétique"

tsrsport.ch: Etats-Unis - Suisse, ça doit
vous rappeler de sacrés souvenirs. Quelle place cette finale de
1992 a-t-elle dans votre carrière (défaite 3-1) ?




JAKOB HLASEK: La place la plus haute dans mes
souvenirs par équipes. J'aime bien séparer la carrière individuelle
et la Coupe Davis, une compétition qui a toujours représenté une
priorité pour moi. Je me sentais très bien dans cette équipe avec
des personnes comme Georges Deniau, et je voulais aussi redonner
quelque chose au public helvétique. Quand on jouait à la maison, il
y avait également des fans, pas forcément amateurs de tennis, qui
étaient présents pour soutenir la Suisse.



tsrsport.ch: De cette finale, on se souvient
notamment du double où John McEnroe était un peu hystérique et vous
avait même insulté...




JAKOB HLASEK: Oui, Agassi et McEnroe nous avaient
un peu chambrés. Mais nous les petits Suisses, nous ne nous étions
pas laissé faire. Nous avions également dû lutter contre le public
mais ensuite nous avions réglé ça entre joueurs et ça s'était bien
passé.



tsrsport.ch: Malgré la défaite, est-ce que ça
reste tout de même un bon souvenir?




JAKOB HLASEK: Oui, bien sûr. Mais c'est toute
l'année qui avait été extraordinaire. D'abord aux Pays-Bas puis la
victoire en France, tenante du titre. Dans les arènes de Nîmes,
c'était spécial surtout pour Georges Deniau, qui était avec nous
pour battre les Français. Il y avait beaucoup d'émotions durant
tout ce week-end.



Ensuite, il y a eu cette demi-finale contre le Brésil devant
18'000 spectateurs à Genève. L'ambiance était vraiment incroyable.
Puis, en finale, on affronte une véritable "Dream Team" avec
Agassi, Courier, McEnroe et Sampras. Bien sûr, il y a 2-3 points
qui restent dans ma tête où je me dis que j'aurais pu mieux les
jouer.



Propos recueillis par Stéphane Altyzer

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"Actuellement, ce sont les joueurs qui décident qui est le capitaine".

tsrsport.ch: Vous avez également été le capitaine de cette équipe de Coupe Davis. Ca s'est mal terminé à Neuchâtel (2001) avec ce "clash" avec Federer qui ne vous parlait plus. Est-ce un épisode qui a été difficile à digérer?

JAKOB HLASEK: Oui, bien sûr. Je trouvais toujours qu'être capitaine ça se méritait. Il devait avoir l'expérience de la Coupe Davis et j'estimais normal que d'anciens joueurs deviennent capitaine, comme Mezzadri ou Rosset. C'était une période délicate avec des problèmes dans l'équipe et avec la Fédération qui voulait que j'assume plusieurs rôles. J'étais en fait également coach et je devais tout manager. J'en ai peut-être trop fait. De plus, quand quelqu'un a 18 ans, il réfléchit différemment qu'une personne de 25 ou 35 ans. Mais je ne veux pas rentrer dans les détails.

.

tsrsport.ch: Le capitaine aujourd'hui s'appelle Severin Luethi. On n'a rien contre lui mais il n'est pas à sa place, non?

JAKOB HLASEK: Actuellement, ce sont les joueurs qui décident qui est le capitaine. Moi je n'ai rien à dire à ce sujet. Je ne le connais pas. Je ne peux pas dire s'il est bon ou pas. J'ai toujours pensé qu'il valait mieux un capitaine qui a de l'expérience plutôt qu'un copain. A ce moment-là, on peut aussi mettre la mère sur la chaise!

Jakob Hlasek express

Plat préféré: un plat froid composé de charcuterie, de fromages, de saucisses et de viande séchée.

Boisson préférée: l'eau.

Lieu de vacances favori: Verbier et les vacances avec mes enfants en général.

Principale qualité: exigeant.

Principal défaut: exigeant.

Meilleur souvenir: la naissance de mes enfants.

Pire souvenir: Quand mes parents m'ont expliqué à l'âge de 10-11 ans, quelles avaient été les conséquences de notre fuite de la Tchécoslovaquie en 1968. Des membres de ma famille, comme mes oncles et tantes, ont perdu leur travail à cause de notre départ en Suisse.

Le tennis, c'est: grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui.

Votre salaire: joker.