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Carnet 9 - Le critiqué Federer face au défi polonais, la frustration de Medvedev et un joli rêve brisé

Roger Federer au défi Hubert Hurkacz. Il va falloir être parfait. [AP - Alastair Grant]
Roger Federer au défi Hubert Hurkacz. Il va falloir être parfait. - [AP - Alastair Grant]
Injustement critiqué par certains pour avoir quitté Roland-Garros afin de préparer ce Wimbledon, Roger Federer voit son parcours lui donner raison. Il devra néanmoins serrer encore un peu plus le jeu cet après-midi pour ne pas trébucher sur Hubert Hurkacz, l'homme qui a provoqué la colère de Daniil Medvedev durant un mardi pluvieux qui n'a notamment pas souri à Viktorija Golubic.

LA MENACE S’APPELLERA HURKACZ… Roger Federer a dû patienter 16 heures de plus qu'attendu pour enfin connaître l'identité de son adversaire en quart de finale; il s'agira donc de Hubert Hurkacz, vainqueur de Daniil Medvedev mardi et du Masters 1000 de Miami ce printemps (match qui se jouera aux alentours de 17 h en Suisse). Ce n'est donc pas le perdreau de l’année, contrairement à ce que d'aucuns semblaient suggérer hier sur les réseaux sociaux. Lauréat de 3 titres sur le circuit ATP, le Polonais est en constante progression ces derniers mois et ce quart de finale n’est finalement pas une surprise, quand on sait qu'avant de vaincre Medvedev en 5 sets, il avait passé les trois écueils précédents (Musetti, Giron et Bublik) sans perdre de manche.

PAS DE CADEAU DE SA PART! Roger Federer ne devra pas s'attendre au moindre cadeau de la part de Hurkacz. Même s'il a un temps eu le Bâlois pour idole, le natif de Wroclaw, 24 ans seulement, a promis de jouer crânement sa chance. Il a même appelé le public de Wimbledon à lui apporter un peu de soutien même s'il dit se douter que les gens seront majoritairement derrière son adversaire. Signe intéressant pour Federer: il avait battu l'intéressé voici 2 ans à Indian Wells (6-4 6-4). Mais il est vrai que c'était à une tout autre époque, soyons francs.

FEDERER RÉCOLTE DES FRUITS… Très critiqué pour s'être retiré de Roland-Garros (où il n'avait aucune chance de rallier le dernier carré) afin de se préparer pour Wimbledon, Roger Federer est en train de retourner l’opinion de ceux qui s'en sont pris à lui. Parce que l'option semble marcher sachant qu'il se trouve en quart de finale de cette édition 2021. Ce qui le réjouit naturellement: "Je suis à nouveau capable de jouer à un très bon niveau des matches au meilleur des cinq sets. J'ai choisi d'encaisser des défaites afin de récolter des informations en espérant être en mesure de défendre pleinement mes chances ici. Maintenant, on va voir ce qu'il me reste dans le réservoir…" On aimerait tant qu'il ait de quoi tenir jusqu'à dimanche soir. Mais n’est-ce qu'un songe?

LA FRUSTRATION DE MEDVEDEV… C'est peu dire que Daniil Medvedev s'en voulait d'avoir craqué contre Hurkacz. Avant l'interruption par la pluie la veille, le Russe semblait en effet en mesure de franchir l'obstacle polonais. Mais non, il a complètement cédé mardi sous le toit du Centre Court, piquant du nez comme rarement. "J'ai vraiment très mal joué aujourd'hui, il n'y a pas grand-chose à dire", a-t-il d’abord pesté. Avant de préciser le fond de sa pensée: "Lorsque tu es no 2 ATP, un 8e de finale est un mauvais résultat. Je crois avoir disputé mes deux pires sets depuis le tournoi de Rome. Avoir des regrets est quelque chose de très décevant. Mon maximum du jour était vraiment faible…"

UNE PROMENADE ET DEUX COMBATS? Si l'on se penche sur les trois autres quarts de finale masculins prévus mercredi, force est de reconnaître que l'on s’attend à une promenade (de Novak Djokovic contre Marton Fucsovics) et à deux combats, les affiches Khachanov-Shapovalov et Berrettini-Auger-Aliassime ayant de quoi durer… A noter au passage que Federer et Djokovic totalisent 86 demies de Grand Chelem à eux deux, tandis que les 6 autres joueurs encore en lice réunis n'en totalisent... qu'une!

CURIEUX SENTIMENT… Le rêve de Viktorija Golubic s'est vite effondré dans son quart de finale. Pas en mesure de mettre en danger Karolina Pliskova sur son service, la Zurichoise est passée à côté de son rendez-vous avec l'ancienne no 1 WTA. D'où sa frustration visible au sortir du court. Car comme le relevait Marc Rosset sur notre antenne, elle n’a pas livré le match qu'elle aurait aimé et n’a de fait même pas eu le temps de faire valoir ses chances. A cause de la tension? A cause de son adversaire? Un peu des deux sans doute. Mais après la déception du moment, "Vika" aura le droit d'être fière d’elle. Durant cette quinzaine, elle a signé la plus grosse performance en Grand Chelem de sa carrière. Un quart de finale à Church Road, c'est énorme.

CARRE D’AS CONNU… On connaît donc le dernier carré féminin. Outre Karolina Pliskova, bourreau de Viktorija Golubic, celui-ci contiendra notamment Aryna Sabalenka. Présente pour la 1re fois de sa carrière à ce stade-là d'un tournoi du Grand Chelem, la très solide Biélorusse a dominé Ons Jabeur sans jamais trembler. Elle aura plus qu'un coup à jouer jeudi contre Pliskova. De l'autre côté du tableau, Angelique Kerber, impressionnante comme dans ses plus beaux jours, s'est promenée devant Karolina Muchova (6-2 6-3). L'attend maintenant un face-à-face prometteur avec la no 1 WTA Ashleigh Barty, facile devant Ajla Tomljanovic.

"LE MATCH DE SA VIE"… Alors qu'elle ambitionnait très sérieusement d'aller encore plus loin dans ce tableau, Ons Jabeur a subi la foudre d'Aryna Sabalenka. En conférence de presse, la Tunisienne n’a pu que s'incliner encore une fois devant la Biélorusse: "Elle a joué le match de sa vie, n’a pas commis beaucoup de fautes et a très bien servi du début à la fin…" En gros, il n'y avait rien à faire...

L’AUSTRALIE, 21 ANS APRÈS… Grâce à Ashleigh Barty, l'Australie retrouve le dernier carré féminin de Wimbledon, 21 ans après la présence de Jelena Dokic. Une fierté pour la no 1 WTA, qui ne vise désormais plus rien d'autre que le titre. "C'est mon rêve et je suis très reconnaissante de pouvoir faire ce que je fais, faire ce qui me plaît, relève-t-elle. C’est incroyable de pouvoir jouer à nouveau devant tant de gens. Alors j’en profite!»

L’AVEU DE RADUCANU… Révélation de ce Wimbledon 2021 mais contrainte à l'abandon lundi soir en raison de problèmes respiratoires, Emma Raducanu a reconnu mardi avoir été littéralement "mangée par la pression": "L’enjeu m’a rattrapée. Au sortir du 1er set, j'ai commencé à avoir de la peine à respirer et à avoir des vertiges. Je n'étais pas assez bien pour poursuivre le match…" Une situation compliquée mais que l'on peut comprendre, sachant que la joueuse de 18 ans, invitée dans le grand tableau, n'avait jamais connu pareilles conditions. Et dire que certains journalistes britanniques l'ont prise en grippe après son abandon…

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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