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Carnet 10 - Roger outragé, Federer martyrisé, un rêve brisé et un 20e titre qui pend au nez de "Nole"

Roger Federer dit au revoir à ses fans, du haut de l'AELTC, avec l'église de Wimbledon, au sommet de Church Road, en fond de décor. Sa dernière image de joueur dans ces lieux? [AP/AELTC - Ben Solomon]
Roger Federer dit au revoir à ses fans, du haut de l'AELTC, avec l'église de Wimbledon, au sommet de Church Road, en fond de décor. Sa dernière image de joueur dans ces lieux? - [AP/AELTC - Ben Solomon]
Roger Federer a fini par piquer du nez à Wimbledon, qu'il quitte peut-être pour la dernière fois dans la peau d'un joueur même s'il n'exclut aucun scénario. Sur le gazon londonien, où Matteo Berrettini, Hubert Hurkacz et Denis Shapovalov apportent du sang neuf, une idée ne cesse de se renforcer: celle que Novak Djokovic foncera vers un 20e titre du Grand Chelem - comme Federer puis Nadal avant lui - dimanche...

PAR QUELLE PORTE?... On ne sait pas trop si Roger Federer est sorti par la petite ou par la grande porte de ce Wimbledon 2021... Le constat est peut-être sévère, mais dominé par Hubert Hurkacz, le Bâlois a laissé les spectateurs sur des sentiments mitigés, après avoir complètement sombré à partir du milieu d'un tie-break du 2e set "gaufré" dans les grandes largeurs. Prendre une roue de vélo pour sa possible dernière apparition sur le Centre Court qui l'a fait roi est un terrible revers. L'image de sa sortie du gazon est tristounette. Aussi parce qu'il a bien senti qu'il ne pouvait pas faire plus mercredi. Il était mentalement à plat, les batteries vides, comme il l'avait déjà laissé entendre lundi quand certains croyaient qu'il jouait l'intox. Pour lui qui a fourni tant d'efforts pour retrouver le circuit et justement disputer ce tournoi, la désillusion doit être terrible, même s'il s'est tout de même dit fier de son parcours. Hurkacz, misère!

PAS DE MIRACLE... Force est de rappeler qu'il n'y a pas de miracle dans la vie; rien ne remplace la compétition et les gros matches. Federer manquait de tout cela pour s'attaquer à un joueur comme Hurkacz et à un quart de finale de Wimbledon. Mine de rien, et malgré le (tout de même) beau parcours londonien du Bâlois, on ne peut pas se débarrasser de l'idée qu'il aurait dû affronter Matteo Berrettini à Roland-Garros. Quitte à perdre contre l'Italien, il aurait pu en retirer de précieuses informations. Et un peu de jeu, surtout.

STOP OU ENCORE? Roger Federer sera encore tennisman après ce Wimbledon. Mais il n'est en revanche pas sûr qu'il reviendra à Church Road avec une raquette entre les mains. Triste adieu, si tel est le cas. Lui-même se pose des questions, mais ne veut pas (à raison) prendre de décisions à chaud. "J'ai besoin de quelques jours, a-t-il dit. Ensuite, je me poserai les questions suivantes: comment le "voyage" va-t-il continuer? Que devrais-je faire pour qu'il continue? Parce que si je veux survivre au plus haut niveau, je dois devenir un meilleur joueur..." Mais le peut-il vraiment, à 40 ans?

CONSCIENT DE SES LIMITES... Le Bâlois a cette fois-ci pleinement reconnu avoir pu mesurer ses limites au fil de cette quinzaine: "J'ai réalisé qu'il me manquait quelque chose... Je ne pouvais pas bouger comme je le voulais. En défense, ça devient compliqué contre les meilleurs. Je l'ai pleinement ressenti aujourd'hui. J'ai pourtant tout essayé... J'aurai voulu faire mieux, mais ce n'était tout bonnement pas possible." L'aveu d'un déclin logique, mais que l'on aimerait tant voir encore repoussé...

CHAPEAU HUBERT! Mine de rien, au lieu de trop s'appesantir sur la sortie de Federer, on va plutôt mettre en valeur les qualités de Hubert Hurkacz, "qui a été énorme", selon l'ancien no 1 mondial. Alors qu'il affrontait l'une de ses idoles de jeunesse, le Polonais a joué crânement sa chance, sans jamais quitter son "focus". Parfaitement calé sur son sujet, le lauréat du Masters 1000 de Miami a rendu une copie parfaite. Avec ce jeu-là, même contre un Federer plus solide, il aurait tout eu d'un sérieux "poil-à-gratter". Alors imaginez ce que cela a donné dans les circonstances de 2021...

ÇA SENT BON LE 20E... On le dit et on l'écrit depuis plus de deux semaines, et pour tout vous avouer nous n'avons rien inventé, mais Novak Djokovic fonce plus que jamais sur son 20e titre du Grand Chelem, qu'il pourrait cueillir comme un fruit mûr dimanche. Le Serbe n'a même pas eu besoin de briller pour dominer Marton Fucsovics - l'homme qui aurait pu jouer dans les Brigades du Tigre (merci Pascal Droz!). Il dispose d'une telle marge de progression qu'on ne voit pas ce qui pourrait entraver sa marche royale. "Je me retrouve là où je voulais être, en demi-finales sans avoir dépensé trop d'énergie", a commenté le no 1 mondial, dont les paroles suffisent à faire trembler les trois autres joueurs encore en lice.

SHAPO VEUT Y CROIRE, MAIS... Joli vainqueur en 5 manches de Karen Khachanov, Denis Shapovalov sait qu'il s'attaque à un Everest contre un Novak Djokovic qu'il n'a jamais battu en 6 confrontations, mais le Canadien veut croire en son étoile. "Après tout, le match commencera à 0-0", dit-il dans un sourire (jaune?). Avec sa jolie patte de gaucher, le blondinet peut enquiquiner un peu le no 1 mondial, mais de là à le voir l'inquiéter très sérieusement, il y a un pas que l'on ne franchira pas. Du coup, vendredi soir, "Shapo"... valoches?

MINE DE RIEN, BERRETTINI...  Matteo Berrettini n'a jamais été érigé en figure de proue du tennis de demain par l'ATP, qui lui a préféré d'autres joueurs. Pourtant, l'Italien est en train de prouver à chaque grand tournoi qu'il est tout bonnement l'un des meilleurs du monde dans les grands rendez-vous. Il s'est d'ailleurs montré très solide pour battre Félix Auger-Aliassime, l'un de ses meilleurs potes, et rallier à nouveau un dernier carré en Grand Chelem après celui de l'US Open 2019, où il affrontera Hurkacz. Berrettini abordera ce match dans un tout autre état d'esprit que sa demie de Flushing Meadows. "A l'époque, je ne savais pas que je pouvais accomplir ce genre de choses, relève-t-il. C'était inattendu. Là, ça l'est moins. Ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui ici est bien, mais ce n'est pas non plus un truc auquel je ne pouvais pas m'attendre. Le chemin n'est pas fini." Le Romain a, au fond de sa tête, l'idée d'un dimanche de rêve pour l'Italie, entre une finale de Wimbledon et un Euro...

PLACE AUX DAMES! Honneur aux dames cet après-midi avec les demi-finales. Dont une immense affiche pour commencer (14h30): Ashleigh Barty contre Angelique Kerber. Puis un rendez-vous qui peut être pas mal aussi: Karolyna Pliskova-Aryna Sabalenka. Faites vos jeux!

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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