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Carnet 12 - Federer et Nadal contraints de dérouler le tapis rouge... que Berrettini espère pouvoir renverser

Pour accompagner son cri de rage, Novak Djokovic ouvre grand les bras. La légende fera-t-elle pareil avec lui dimanche? [AP]
Pour accompagner son cri de rage, Novak Djokovic ouvre grand les bras. La légende fera-t-elle pareil avec lui dimanche? - [AP]
Dimanche, Novak Djokovic peut entrer de plain-pied dans la légende en rejoignant Roger Federer et Rafael Nadal au même étage de titres du Grand Chelem (20). Mais Matteo Berrettini, finaliste surprise, entend bien écrire de son côté sa propre histoire et celle du tennis italien. Avant cela, la finale dames se joue samedi. Ashleigh Barty ou Karolina Pilskova? Faites vos jeux!

RENDEZ-VOUS AVEC LA LÉGENDE… Sans surprise, Novak Djokovic s'offre un rendez-vous royal avec la légende, ce dimanche, celle qui pourrait (devrait) lui permettre d’égaler Roger Federer et Rafael Nadal, seuls vainqueurs jusqu'ici de 20 titres du Grand Chelem. Même sans être transcendant, le Serbe n'a pas tremblé plus que cela contre Denis Shapovalov. Clinique comme il peut l'être, ce qui est terrible pour ses adversaires, "Nole" a montré une fois de plus que sa marge sur l’adversité est énorme.

AU-DESSUS DE LA MÊLÉE… Cette capacité que Novak Djokovic a à disputer aussi bien les points importants est juste extraordinaire. Sa faculté à ne rien lâcher, pour retourner les choses en deux temps trois mouvements est incroyable. Admirable. Le plus fort, à chaque fois, c’est que même sans être dans un grand jour, il passe en 3 manches. Le tout alors que, franchement, il a semblé tout à fait prenable. Au décompte final, Shapovalov est pourtant resté à des kilomètres du No 1 mondial.

SHAPOVALOV OUI, MAIS… Denis Shapovalov a quitté le Centre Court dévasté, en larmes. Parce que même s'il s'est fait remonter les bretelles en 3 sets, le membre blond des Next Gen (sorte de "boys band" dont on attend désespérément un vrai tube) a bien senti, comme tout le monde, que ce Novak Djokovic-là n’était pas forcément celui des grands jours. Il a senti qu'il y avait un truc à faire. Seulement, après avoir bien joué pendant 25 minutes, le Canadien a cru qu'il allait pouvoir continuer d’arroser le court et que toutes ces balles finiraient par y entrer. Erreur. Il a tant manqué de lucidité par moments. Eh oui, il faut (aussi) faire preuve d'un peu de jugeote quand on joue au tennis.

"CA FAIT MAL"...  Shapovalov a de fait bien été obligé d'admettre que cette défaite-là, même contre le No 1 mondial, l'a beaucoup touché. "Elle fait mal, parce que j'ai senti que j'avais le jeu pour gagner. J'avais le sentiment que je pouvais gagner le trophée, un sentiment que je n'avais encore jamais connu. Elle fait très mal, car je sentais que j'étais en train de prendre le dessus sur Novak." Il a pourtant, comme tant d’autres, fini dessous.

L’ITALIE, 45 ANS APRÈS… Voilà donc Matteo Berrettini en finale d'un tournoi du Grand Chelem, 45 ans après Adriano Panatta, lequel n’avait pas raté la sienne, en 1976 à Roland-Garros. Son héritier romain pourra-t-il l'imiter sur ce gazon qu'il aime tant mais contre un adversaire aussi solide et prestigieux que Novak Djokovic? Cela semble impossible, mais rien ne l'est en réalité, surtout sachant que le glorieux aîné avait lui battu un certain Björn Borg sur la terre battue de la Porte d’Auteuil. "Je n’ai jamais rêvé de disputer une finale ici, car cela aurait été beaucoup trop gros comme rêve", a relevé "Berrett". Avant de préciser: "J’ai besoin de repos avant dimanche". Pour la tête comme pour le corps.

FORT MENTALEMENT… Cette demi-finale, sa 1re en Grand Chelem, Matteo Berrettini l'a abordée en patron, sans jamais se laisser envahir par le moindre doute. Sa performance fut brillante. Surtout sur le plan mental, puisqu'après la perte du 3e set au tie-break, lorsque les sentiments contradictoires auraient pu l’assaillir, le Romain a encore davantage serré sa garde et servi le feu pour ne pas entrouvrir la moindre porte à Hubert Hurkacz (86% de points gagnés derrière sa 1re balle et aucun break concédé au fil du match!). Cela n'a toutefois pas suffi à rassurer ses proches, Papa Berrettini ayant souffert comme rarement dans les travées du Centre Court.

BERRETTINI ET CHIELLINI SONT DANS UN BATEAU… Dimanche, Matteo Berrettini et Giorgio Chiellini, capitaine de la Squadra Azzurra, seront donc dans le même bateau. Ils jouent la finale de leur vie, au même endroit. A Londres. Les eaux de la Tamise les porteront-ils vers le Graal? Tout paraît plus compliqué pour le tennisman que pour les footballeurs, mais ces derniers joueront avec l'Angleterre et tout un public contre eux. Ce 11 juillet peut-être un jour de gloire totale pour l’Italie. Ou un jour de déboire terrible.

L’INFO: depuis 40 ans, les années en «1» se terminent par un vainqueur inédit à Wimbledon: Matteo Berrettini peut-il prolonger l’embellie, après John McEnroe (1981), Michael Stich (1991), Goran Ivanisevic (2001) et... Novak Djokovic (2011)?

HURKACZ REVIENDRA… Certains l'ont découvert durant cette quinzaine, mais Hubert Hurkacz, heureux demi-finaliste, ne débarquait pas de nulle part. Reste que maintenant qu'il s’est pleinement révélé à la face du monde, on peut être persuadé qu'on le reverra régulièrement sur le devant de la scène. Seulement âgé de 24 ans, le Polonais possède en effet le tennis et apparemment aussi la tête pour s'installer durablement dans le Top-15, voire mieux. Ce d'autant plus qu'il a certainement beaucoup appris à Londres, y compris au fil de cette demi-finale.

BARTY OU PLISKOVA…? Finale dames inédite, et pour tout dire quelque peu inattendue, ce samedi (à suivre à 14h 30 sur RTS 2), entre Ashleigh Barty et Karolina Pliskova. Sur le papier, l'avantage va assez nettement à l’Australienne, No 1 mondiale et qui a déjà connu la victoire en Grand Chelem (Roland-Garros 2019). De plus, Barty mène 5-2 dans ses confrontations avec la Tchèque. Mais cette dernière peut toujours se dire qu'elle avait remporté leur ultime affrontement sur herbe. Sauf que c’était en 2016 (Nottingham).

Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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