Carnet 1: Tsitsipas au bord du k.-o., Federer vengé et une ancienne Suissesse qui gagne
TSITSIPAS A EU TRÈS CHAUD... Stefanos Tsitsipas n'a pas hésité à répéter, ces derniers jours, qu'il est venu à l'US Open pour gagner ce tournoi. Pour certains, cette ambition était un manque de respect envers Andy Murray, son adversaire du 1er tour. Mais jamais pourtant le Grec n'a craché sur l'ancien, légende du tennis rappelons-le. Sur le terrain, le jeune rebelle a même dû se sortir les tripes contre un "vieux" retrouvé presque comme dans ses plus belles années et surtout déterminé à faire tomber l'effronté! Surpris d'entrée de jeu par l'Ecossais, puis mené 2 manches à 1, "Tsitsi" a dû puiser dans ses réserves pour finalement passer le "cut" au bout du 5e set (2-6 7-6 3-6 6-3 6-4). Pas sûr que ce 1er tour ne laisse pas des traces pour la suite de la quinzaine.
ADMIRABLE MURRAY... Il a une hanche en métal, des résultats qui ne correspondent plus à ceux qu'il a obtenus par le passé et même des gens autour de lui qui lui conseillent de s'arrêter pour ne plus souffrir; peu importe, par amour du jeu, Andy Murray continue de s'arracher pour vivre encore des émotions qu'il est conscient de ne jamais retrouver dans la vie "réelle". Contre Tsitsipas, l'ancien No 1 mondial a encore livré un sacré morceau de bravoure. Dommage qu'il n'ait pas été récompensé.
HENRI VENGE FEDERER... Bien sûr, tout cela est tiré par les cheveux, mais on a presque envie de dire que Henri Laaksonen a "vengé" Roger Federer à New York, comme l'Espagne avait vengé les "Bleus" lors du dernier Euro de foot. Trois ans après que le Bâlois - alors anéanti par la chaleur et l'humidité - eut chuté comme un novice contre John Millman en 8e de finale de ce même US Open, le Schaffhousois a dicté sa loi à l'escogriffe de Brisbane: 7-6 7-6 6-1; une bien belle entrée en matière pour le No 3 helvétique. On ne sait pas si on peut battre mille fois Millman, mais au moins une fois cela suffit... Comme à Roland-Garros, Laaksonen a l'air de vouloir surfer sur les bonnes vibrations cueillies en qualifications. Au prochain tour: Cristian Garin. Pas forcément injouable.
PAIRE, IMPASSE... Benoît Paire s'était récemment hissé en quarts de finale à Cincinnati, non sans y battre notamment Denis Shapovalov et John Isner; cela avait donné l'impression que l'Avignonnais de Genève était enfin en train de sortir de sa torpeur. Lui-même l'expliquait par le retour du public dans les stades, par une envie retrouvée de se défoncer. "J'ai trop souffert du confinement", disait-il sans que l'on puisse y redire quelque chose. Hier, certes pas servi par le tirage au sort, Paire est retombé dans ses travers contre Dusan Lajovic. Éliminé en 4 manches, celui qui avait vécu l'US Open 2020 enfermé dans une chambre d'hôtel a perdu ses espoirs mais pas ses subtilités de langage, apparemment.
TIENS, VOILA KEVIN...! Gamin, on a connu les aventures d'un Kevin à New York, qui se débattait avec Marvin et Harry, deux cambrioleurs pas très "fute-fute" croisés un Noël auparavant. Les aventures de Kevin Anderson dans la même ville sont toutefois d'un autre acabit. Finaliste à Flushing Meadows en 2017, puis à Wimbledon en 2018, le Sud-Africain ne met depuis lors plus vraiment un pied devant l'autre. Mais hier il a retrouvé un semblant de vie pour aller chercher une place au 2e tour. L'ancien Top-10 a puisé dans ses réserves pour venir à bout de Jiri Vesely après 4 h 30 de jeu, ceci en remportant notamment 3 tie-breaks.
PAPY KARLOVIC ENVOYÉ A LA RETRAITE... Papy Karlovic a fait de la résistance. Longtemps et de manière héroïque. Mais il semblerait que la carrière d'Ivo Karlovic, 42 ans, ait pour de bon pris fin lundi après l'élimination du Croate contre ce jeune insolent d'Andrey Rublev et ses passings tranchants (voir ci-dessous). Mais attention: magnifiquement sorti des qualifications, "Dr Ivo" pourrait encore revenir sur sa décision de ranger son bistouri. L'homme a peut-être encore quelques petits jeunes à corriger. A moins que son corps et le passage obligé par la case "Challenger" ne l'incitent à la raison.
MEDVEDEV FACILE... Logiquement cité parmi les 3 contradicteurs principaux de Novak Djokovic dans ce tournoi, Daniil Medvedev - finaliste en 2019 - n'a pas manqué son entrée. Le Russe a dominé Richard Gasquet (6-4 6-3 6-1). Une belle promenade de santé. Vainqueur du tournoi en 2014, Marin Cilic ne peut pas en dire autant. Le Croate a dû abandonner au 5e set contre Philipp Kohlschreiber après avoir pourtant mené 2 manches à 0. Nick Kyrgios a pour sa part été balayé par Roberto Bautista Agut (3-6 4-6 0-6).
"JOHNNY" NOT GOOD... Catastrophe pour John Isner! Vainqueur à Atlanta et demi-finaliste à Toronto cet été, l'Américain était arrivé à New York avec pas mal de certitudes et cette impression de pouvoir être un poil-à-gratter dans ce tournoi. Erreur. D'emblée, le géant de désormais 36 ans a été culbuté par son compatriote Brandon Nakashima, tout juste 20 ans, qu'il avait pourtant battu en finale en Géorgie (6-7 6-7 1-6).
L'IMAGE DU JOUR... Celle de Marco Trungelliti, héros de Roland-Garros 2018, qui est allé empaqueter les affaires de l'homme qu'il venait de battre. Alejandro Davidovich Fokina était en effet au bout de lui-même et incapable de le faire. Joli.
GIORGI N'A PAS ENCHAÎNÉ... Lauréate du tournoi de Montréal le 15 août dernier, Camila Giorgi pouvait nourrir de jolis espoirs en abordant son 10e US Open. Hélas pour elle, le tirage au sort a été cruel en lui "offrant" l'ancienne No 1 WTA Simona Halep pour adversaire. Le résultat ne s'est d'ailleurs pas fait attendre: malgré sa belle débauche d'énergie, l'Italienne a été battue 6-4 7-6. De quoi être désespérée!
SLOANE GARDE LA CLEF... Une finale de Grand Chelem qui devient un 1er tour, ce n'est pas une première, mais c'est toujours assez original. Quatre ans après s'être affrontées pour le Graal à New York, Sloane Stephens et Madison Keys se retrouvaient ainsi d'emblée dans cette édition 2021. Et comme en 2017, c'est la 1re citée qui a enlevé les débats, mais en étant bien plus accrochée qu'à l'époque (6-3 1-6 7-6). Keys n'a toutefois pas la rancune tenace. La preuve: les deux jeunes femmes se sont tombées dans les bras au filet. Sympa.
L'ANCIENNE HELVÈTE QUI REUSSIT... Tiens, vous souvenez-vous de Rebeka Masarova? Nous oui, pour l'avoir vue, en bord de court, remporter Roland-Garros junior en 2016. A l'époque, la joueuse, née à Bâle, était Suissesse. Swiss Tennis nourrissait d'ailleurs pas mal d'espoirs avec elle, qui semblait marcher sur les traces de Belinda Bencic. Depuis, brouillée avec la Fédé, la droitière de 22 ans a décidé de se battre pour l'Espagne, le pays de sa mère. Et si tout n'a pas fonctionné, le déclic est peut-être en train de se produire. Sortie des qualifications, Masarova a en effet été héroïque hier contre Ana Bogdan afin de remporter son 1er tour en Grand Chelem, après plus de 3 h de jeu (6-7 7-6 7-6)! Et au prochain tour se dressera devant elle une... Suissesse d'adoption, Elena Svitolina.
LE COUP DE CHANCE... Il est pour Stefanie Vögele. Eliminée vendredi soir en qualifications, l'Argovienne peut rester quelques jours de plus à New York. Et pour cause, elle fait partie des "heureuses perdantes", ces "lucky-loser" auxquelles est accordé le droit de venir dans le tableau principal à la suite d'un forfait. Vögele bénéficie donc du retrait de Jennifer Brady pour s'offrir un 1er tour contre Emma Raducanu, la révélation de Wimbledon. Avec un peu de chance en plus, il se pourrait que la Suissesse en profite et se hisse en 32es de finale.
OSAKA FACILE... Attendue un an après son titre et surtout en pleine période tumultueuse pour elle, Naomi Osaka a assuré son 1er tour. La Japonaise s'est en effet imposée 6-4 6-1 contre Maria Bouzkova. C'est toujours ça de gagné sur son chemin tortueux.
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti